Caméra à la main pour défendre le Saint-Laurent

David Sanchez, Billie Jazz Marcuzzo-Roy et Jérôme Léwa Cadet ©David Sanchez
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David Sanchez, Billie Jazz Marcuzzo-Roy et Jérôme Léwa Cadet ©David Sanchez
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Sujet du court métrage Des rives – regard sur le fleuve, le Saint-Laurent est au cœur de l’engagement de Billie Jazz Marcuzzo-Roy. La réalisatrice et écoéducatrice veut redonner au fleuve ses lettres de noblesse et, éventuellement, le voir doté d’un statut juridique. Notre « joyau » est menacé, clame-t-elle.

À l’origine, le court métrage Des rives – Regard sur le fleuve ne devait être présenté que dans les écoles du Québec. Bien des jeunes ont en effet pu le voir dans le cadre des ateliers du Semoir, une initiative visant à leur transmettre des connaissances sur les enjeux climatiques et environnementaux.

Coréalisé par Billie Jazz Marcuzzo-Roy, Jérôme Léwa Cadet et David Sanchez, le documentaire a fini par tracer son chemin bien au-delà des écoles et est maintenant diffusé dans les festivals de cinéma. En une vingtaine de minutes, il souligne avec sensibilité les dangers qui guettent le fleuve Saint-Laurent, « la bouche et le cœur du Québec », selon Jérôme.

En marge de la première montréalaise du film, qui devait avoir lieu le 24 janvier, mais qui a été reportée au 22 février en raison d’une panne d’électricité, Unpointcinq a échangé avec les trois cinéastes aux commandes du projet.

Je trippais sur les baleines quand j’étais enfant. C’est un univers qu’on ne connaît pas très bien. Plus je grandissais, plus je sentais que je devais faire quelque chose pour les aider.

Billie Jazz
Billie Jazz ©David Sanchez
Queue de baleine
©David Sanchez

Il y a les baleines, bien sûr, victimes de la dégradation du fleuve. Le message de Des rives vise cependant plus large. Il y est également question de l’érosion des berges, de la pollution sonore et de la pollution par les microplastiques. « Le fleuve est une voie navigable industrielle, c’est comme ça qu’on se le représente encore », regrette David. Pour prendre conscience du piètre état de santé du fleuve, croit-il, il faut d’abord se l’approprier, le voir comme partie intégrante de l’identité québécoise. Or, « l’humain fait partie d’une grande chorale qu’il ne sait plus écouter », murmure la voix de Billie Jazz dans le documentaire, alors que cargos et usines côtières défilent à l’écran.

Navire sur le fleuve
©David Sanchez

Billie Jazz, Jérôme et David veulent rejoindre le grand public et espèrent créer un mouvement. Le trio est convaincu que la population peut jouer un rôle dans la sauvegarde du fleuve, de juridiction fédérale, et de sa biodiversité. C’est ici qu’entre en scène le projet de loi C-271, qui porte, comme nous l’explique le film, sur « la capacité et la protection du fleuve Saint-Laurent » et vise à lui conférer un statut juridique. Présenté au Parlement fédéral en mai 2022 par le député montréalais du Nouveau Parti démocratique (NPD) Alexandre Boulerice, ce projet de loi est une initiative de l’Observatoire international des droits de la nature (OIDN), basé à Montréal, et de son projet Alliance Saint-Laurent.

Pour Billie Jazz, appuyer le projet de loi auprès de son ou de sa député·e est une façon de s’impliquer activement dans la démarche de sauvegarde du fleuve. Jusqu’à maintenant, plus de 15 municipalités québécoises le soutiennent.

Les gardiens du fleuve

Mais que changerait réellement l’adoption d’un statut juridique pour le fleuve? « On donnerait la priorité au fleuve [plutôt qu’aux activités économiques]. Il aurait des droits », explique l’avocate et présidente de l’OIDN, Yenny Vega Cárdenas. Les dommages causés au fleuve pourraient ainsi être reconnus et contestés en justice par ce qu’on appellerait les « gardiens du fleuve ». Ce groupe, composé notamment de personnes représentant des communautés autochtones, des ONG, le milieu scientifique et des collectivités riveraines, pourrait également émettre des recommandations en lien avec des enjeux qui ont des impacts sur le fleuve, comme le trafic maritime.

« Les gardiens joueraient un rôle préventif », insiste l’avocate. À l’heure actuelle, des actions sont intentées quand les dommages sont déjà importants. Par exemple, des droits sont accordés aux espèces animales seulement lorsqu’elles sont en péril ou menacées. Grâce au statut juridique que propose C-271, le travail de protection serait davantage réalisé en amont.

Ailleurs dans le monde, des cours d’eau protégés

  • L’ensemble des fleuves du Bangladesh
  • Le fleuve Atrato, en Colombie
  • Le Gange et la rivière Yamuna, en Inde
  • Le fleuve Whanganui, en Nouvelle-Zélande

Source : Observatoire international des droits de la nature.

Un exemple canadien

La rivière Magpie, sur la Côte-Nord, fait office d’exemple à suivre et suscite l’espoir, pour l’avocate tout comme pour les trois cinéastes. En février 2021, ce cours d’eau est devenu le premier au Canada à obtenir un statut juridique. Neuf droits lui ont été accordés, comme le droit de vivre, d’exister et de couler, le droit au respect de ses cycles naturels ou encore le droit de maintenir sa biodiversité naturelle.

Le Conseil des Innus d’Ekuanitshit, pour qui la rivière est d’une grande importance, a participé à l’élaboration de ces droits. « C’est une belle collaboration entre Autochtones et non-Autochtones », indique Yenny Vega Cárdenas. Deux des protagonistes au cœur du processus se rendront d’ailleurs à New York à la fin mars pour défendre les droits du cours d’eau devant l’ONU.

L’exemple de la rivière Magpie a allumé « la première étincelle » du film, se souvient Jérôme Léwa Cadet. Une tournée québécoise et un second court métrage figurent désormais dans les plans du trio. Toujours avec le fleuve comme matière brute et le public comme éventuel vecteur de changement. « Je ne cesse d’être émerveillée par la beauté de ce que les gens peuvent faire quand ils décident de s’engager », s’émeut Billie Jazz. L’écoéducatrice et ses complices continueront assurément de sillonner les eaux du fleuve, caméra à la main et passion au cœur.

Trois représentations de Des rives – regard sur le fleuve, suivies de discussions sur la préservation du fleuve Saint-Laurent, auront lieu au Cinéma Moderne le 22 février prochain. Le public sera invité à pratiquer une écoute attentive et à se questionner sur son possible rôle dans l’avenir du fleuve.

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