On dit souvent que nous, les jeunes, avons le pouvoir de changer les choses, qu’il faut faire entendre notre voix. C’est exactement ce que font Léane Parent et Maélie Paré, deux adolescentes de 16 ans, en s’impliquant au sein du potager de l’école secondaire d’Oka.
Par Emma Chen, 14 ans
Jeune journaliste en environnement Sors de ta bulle – Cohorte 2023
À l’occasion du Sommet jeunesse sur les changements climatiques, qui s’est tenu à Québec les 28 et 29 avril dernier, j’ai pu rencontrer des jeunes de 12 à 17 ans venant de partout dans la province. Plus particulièrement, j’ai eu l’occasion d’interviewer Léane Parent et Maélie Paré à l’espace urbain du secteur Tout sauf conventionnel du Centre des congrès de Québec, où se tenait l’événement. La grande aire ouverte était vide, mis à part quelques adultes qui passaient, les jeunes étant en atelier. Cet aménagement a fait en sorte qu’on a pu échanger en toute intimité dans un vaste lieu lumineux.
Pour ces deux finissantes de 16 ans, la sensibilisation aux questions environnementales a commencé à la maison. Elles ont chacune un potager familial, ce qui les a mises en contact avec la nature dès leur plus jeune âge. En première secondaire, elles ont découvert une multitude de comités portant sur l’environnement à leur école et ont choisi de s’impliquer au sein du potager pour promouvoir l’alimentation saine et locale. Au quotidien, Maélie et Léane ont intégré le zéro déchet. Elles ne tolèrent aucun plastique et se demandent toujours « Est-ce que j’en ai vraiment besoin? » avant chaque achat. Leurs vêtements proviennent de magasins ayant des pratiques plus responsables que les grandes marques de la fast fashion et elles s’assurent toujours de choisir des vêtements qui s’agencent bien pour éviter d’en acheter trop et quand même varier leurs outfits.
Des légumes frais à l’école
Le potager d’Oka est géré par des élèves qui siègent à un conseil d’administration, dont font partie Léane, secrétaire, et Maélie, présidente. Son but? Promouvoir une saine alimentation écoresponsable. Autrement dit : une alimentation saine qui ne nuit pas à la planète. Le projet a débuté il y a huit ans, encouragé par une direction ouverte qui faisait confiance à l’animateur à la vie spirituelle et à l’engagement social de longue date, François Gervais. La régénération d’une serre existante a facilité les débuts du projet. « La serre extérieure de l’école est un ancien bâtiment agricole datant du temps où l’école était un institut agricole. Elle a longtemps été inutilisée avant que des élèves aient l’idée de partir le comité », m’explique Maélie.
Côté financement, le potager a bénéficié de mesures gouvernementales pour les projets étudiants, de la vente de produits au marché de Noël de leur ville; du Café-In, une autre coopérative à leur école; du financement de projets jeunesse du Mouvement Desjardins.
Cette année, les jeunes ont planté des fraises, des radis rouges, du céleri, des pois mange-tout, des fèves jaunes, des oignons, des patates, du basilic, de l’aneth, de la coriandre, du persil, de la ciboulette, des tomates cerises, des tomates rouges, des poivrons rouges et orange, de la salade frisée, des aubergines, des brocolis, des poireaux, des échalotes, des cerises de terre et des concombres, qui seront partagés entre les membres du comité et distribués à l’école (les surplus).
Il faut prendre sa place. Soyez pas gênés de faire des retours aux autorités supérieures : direction, municipalité ou autres.
Il n’est pas trop tard
Nous ressentons tous et toutes une certaine pression de la part des générations précédentes pour ce qui est de notre responsabilité à prendre les rênes de la transition écologique. Toutefois, Léane tient à rappeler qu’on ne vit pas dans une bulle en solo, même si parfois, on a l’impression de pédaler dans le vide. « C’est sûr qu’il va y avoir toujours deux côtés de la médaille dans la vie, mais je pense qu’il faut voir le positif et continuer à se dire qu’il n’est pas trop tard et qu’on peut encore faire des changements », dit-elle.
J’ai évidemment demandé des conseils aux deux adolescentes par rapport à l’organisation d’un tel projet. Selon Léane, il faut avant tout un plan, puis une personne responsable pour coordonner le tout. Les personnes impliquées doivent être là par volonté, et non par obligation. On peut aussi s’informer auprès de l’école ou sur le site de notre Municipalité pour diverses ressources, comme des organismes communautaires dont l’expertise pourrait être utile. « Il faut prendre sa place. Soyez pas gênés de faire des retours aux autorités supérieures : direction, municipalité ou autres », conclut Maélie avec professionnalisme.
L’expérience de rédaction d’Emma
Après des ébauches difficiles dues aux balises de rédaction (structure d’un texte journalistique, vocabulaire varié et voix active plutôt que passive) du Laboratoire des jeunes journalistes en environnement, je me suis défaite du stress de respecter absolument la structure, et l’encre s’est mise à couler à flots. C’était aussi ma première entrevue à vie, et j’en ai tiré des leçons pour les prochaines fois. Par exemple, m’assurer que ce soit plus convivial (non pas juste des questions-réponses), être plus sûre de moi dans mon rôle et amener les réflexions des personnes interviewées plus loin. Enfin, ce fut si inspirant de rencontrer des jeunes de mon âge tellement impliquées!