Faire communion avec les poissons

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20 août 2018 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

Fini le pout pout pout du moteur et l’odeur d’essence sur les plans d’eau : une entreprise de Boisbriand fabrique des bateaux de plaisance propulsés par des moteurs électriques à la fois performants et à faible empreinte carbone. Prêt à filer à 70 km/h sur l’eau… en silence?

En naviguant sur la rivière des Prairies à bord d’une embarcation électrique de la Compagnie canadienne de bateau électrique (CCBE), je suis sidéré par la qualité du silence. Tout en affrontant le puissant courant de ce cours d’eau à la hauteur de Montréal-Nord, le moteur n’émet à peu près aucun bruit. Juste un léger ronronnement, à peine perceptible, aussi discret que celui d’un réfrigérateur. À bord, on entend presque uniquement le chant des oiseaux, le bruit des vagues qui frappent la coque… et celui des glaçons dans notre verre.

« Une heure dans un bateau électrique, c’est comme une journée au spa », plaisante Christian Desautels, directeur général de la Route de Champlain, un organisme à but non lucratif qui loue les embarcations de la CCBE à son camp de base de Montréal-Nord. Des balades qui nous font réaliser à quel point les bateaux à moteur conventionnel sont bruyants. « Je n’ai jamais vu une seule personne qui est sortie déçue d’une croisière sur un bateau électrique. »

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Christian Desautels à la barre d'un Fantail 217 sur la rivière des Prairies. © Simon Diotte

Bien avant que les voitures électriques deviennent tendance, CCBE, une PME de Boisbriand fondée en 1995, préconisait l’électrification des bateaux de plaisance. « Je suis dans le nautisme depuis plus de 20 ans et je constate depuis longtemps les problèmes associés aux moteurs à essence sur les lacs, comme la pollution auditive. J’ai décidé de faire partie de la solution », raconte Alexandre Mongeon, qui a acheté l’entreprise avec son partenaire Patrick Bobby en 2013.

Depuis, l’entrepreneur navigue à contre-courant. Car plusieurs amateurs de nautisme demeurent convaincus qu’un bateau électrique ne peut rivaliser avec une embarcation à essence en matière de performance et de sécurité, explique-t-il. « Mon principal travail, c’est de combattre les préjugés », dit l’homme d’affaires, qui exporte la grande majorité de sa production aux États-Unis.

Les navigateurs craignent par exemple que les batteries ne tombent à plat au milieu d’un plan d’eau, mentionne Alexandre Mongeon. À cet égard, il se fait rassurant : les batteries, fabriquées notamment par BMW, permettent de naviguer jusqu’à 8 heures avec une seule charge. L’autre inquiétude des capitaines : la longévité des batteries. Mais, là encore, pas de souci. « À raison de 100 recharges par année, leur durée de vie dépasse les deux décennies », soutient l’entrepreneur.

Bon pour le portefeuille, bon pour le climat

En plus de leur discrétion et de leur côté écolo, ce qui fait le charme des bateaux électriques, c’est leur faible coût d’utilisation. Par exemple, une recharge complète des batteries d’un bateau de 22 pieds (7 mètres) pouvant accueillir de 8 à 10 passagers ajoute moins de 50 cents à votre compte d’Hydro-Québec. En comparaison, un moteur à essence d’une embarcation de taille équivalente consomme de 15 à 20 litres de carburant… à l’heure!

Faites le calcul : pour 8 heures de navigation, c’est minimum 120 litres qui s’envolent en fumée, soit 150 dollars que l’on jette à l’eau et environ 275 kg d’équivalent CO2 dans l’atmosphère, selon la calculatrice du Fonds d’action québécois pour le développement durable. Mille milliards de tonnerre de Brest… y’a de quoi virer maboul, dirait le capitaine Haddock.

Moins de GES que les bateaux à essence

Les moteurs électriques émettent zéro pollution atmosphérique, mais la fabrication des batteries au lithium-ion émet des gaz à effet de serre (GES). Combien? Le sujet ne fait pas consensus tellement il y a de facteurs à prendre en considération : lieu d’extraction des matières premières (les règles environnementales ne sont pas les mêmes d’un pays à l’autre), méthodes d’extraction, source d’énergie employée pour la fabrication des batteries, etc.

Chose certaine, à l’empreinte environnementale découlant de l’utilisation du pétrole, on doit également ajouter la pollution émise par la production pétrolière. En effet, au Québec, on consomme de plus en plus les sables bitumineux de l’Alberta et le pétrole de schiste des États-Unis, de sorte que chaque litre qui brûle contribue davantage au réchauffement climatique.

Même s’ils ne sont pas parfaits, les moteurs à batterie constituent un meilleur choix environnemental à long terme, souligne Hydro-Québec dans cette étude. Mais toute bonne chose doit être consommée avec modération : comme c’est le cas pour les voitures électriques, moins le moteur d’un bateau électrique est utilisé, moins son impact environnemental sera important.

Et ce n’est pas tout : le moteur d’un bateau électrique, comme celui d’une voiture électrique, exige à peu près zéro entretien. « Il peut servir pendant 100 000 heures, soit environ 10 fois plus longtemps qu’un moteur à essence, dont la durée de vie serait de 800 à 900 heures, si on l’entretient méticuleusement », dit Alexandre Mongeon, qui vend également des bateaux à moteur.

Performance et rapidité

Avec ses embarcations haut de gamme au design classique, Alexandre Mongeon s’attaque au marché des plaisanciers qui préfèrent les balades de détente en pontons, des embarcations nécessairement munies de moteurs à essence. Il cherche aussi à séduire les consommateurs à la recherche de meilleures options pour le climat et pour l’environnement.

Ce qui ne l’empêche pas de cibler aussi les mordus de sports nautiques : deux des bateaux qu’il a mis au point, le Bruce et le Volt, sont assez puissants et rapides pour la pratique du ski nautique, glissant sur l’eau à 70 km/h. Toutes ses embarcations, faites sur mesure, se vendent à un prix oscillant entre 20 000 et 300 000 $, selon la finition. La CCBE conçoit et fabrique les coques à Boisbriand, mais les moteurs ainsi que les batteries proviennent de fournisseurs européens.

Les quatre boîtiers de batterie, en cours d'assemblage, procurent la même autonomie sur l'eau qu'un réservoir à essence de 95 litres et occupent à peu près le même espace dans une embarcation. © Simon Diotte

Dans un avenir pas si lointain, les batteries pourraient même être larguées par-dessus bord, car l’équipe d’Alexandre Mongeon planche sur un projet pilote de bateaux propulsés par des panneaux solaires. D’ici là, surferez-vous sur la vague électrique?

Où faire l’expérience d’un bateau électrique?

On peut louer un bateau électrique à la Route de Champlain, à Montréal-Nord et à AquaPiknik, à Salaberry-de-Valleyfield.