Algues à tout faire

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Elles gobent le carbone, enrichissent les sols, fournissent du carburant et protègent les berges : formidables alliées de la lutte contre les changements climatiques, les algues commencent à libérer leur plein potentiel, sous l’impulsion d’entrepreneurs et de chercheurs québécois.

Les algues sont de véritables machines à transformer le dioxyde de carbone en oxygène grâce à l’énergie solaire. Et Jean-Philippe Hébert, fondateur des Fermes marines du Québec à Newport, en Gaspésie, compte bien profiter de cette ressource pour donner un coup de pouce au climat : au printemps dernier, sa « pouponnière » d’algues, de pétoncles et d’huitres a participé au Défi carbone organisé par le Comité de maximisation des retombées économiques de Port-Daniel-Gascon, mis sur pied dans la foulée de la construction de la cimenterie McInnis. « Je voulais voir si on pouvait aller chercher des crédits carbone avec notre production d’algues », dit-il.

On peut le comprendre : les algues cultivées ou cueillies au Québec ont de multiples vertus climatiques. Leur culture a le potentiel de séquestrer environ 10 tonnes de CO2 par hectare chaque année, selon une étude publiée en 2017. Elles contribuent non seulement à réduire le phénomène d’acidification des océans, mais aussi à protéger les berges en atténuant l’énergie des vagues. Une fois récoltées, elles peuvent remplacer les fertilisants synthétiques utilisés en agriculture ou l’essence de votre voiture.

Comment est-ce possible? Entre autres parce que l’algue a la faculté de grandir très vite, explique Jean-Philippe Hébert, qui est avant tout technicien en aquaculture. « En septembre, lorsqu’on met les algues de notre pouponnière en mer, elles mesurent de 1 à 2 millimètres. Quand on les récolte en juin, elles atteignent de 1,5 à 3 mètres de longueur! »

Jean-Pierre Hébert souhaite développer des occasions de capter le CO2 avec les algues. © Guillaume Roy
Le varech, ou laminaire sucrée, est l’espèce d'algue la plus présente au Québec. © Guillaume Roy

Un nouveau puits de carbone?

Si la communauté scientifique reconnaît le potentiel des algues pour capter le carbone, elle n’a pas réussi, à ce jour, à démontrer leur capacité à le séquestrer à long terme. En fait, les algues se décomposent trop rapidement pour être reconnues comme un puits de carbone, car les normes de capture du CO2 ont toujours été développées pour des environnements terrestres, notaient récemment des chercheurs. Pour pallier ce problème, différents projets de recherche visant à enfouir les algues profondément sous terre sont en cours.

Avec différents partenaires industriels, Jean-Philippe Hébert mise sur d’autres techniques en tentant, par exemple, de capter le carbone dans différents matériaux ou dans la terre. Pour des raisons de confidentialité, il est avare de détails sur son projet, mais précise que celui-ci semble économiquement viable, précise-t-il.

Utilisées en agriculture, les algues permettent souvent de remplacer les fertilisants à base de combustibles fossiles. Mais elles pourraient aussi être transformées en biochar – un charbon de bois qui sert à enrichir le sol –, grâce à un procédé de pyrolyse, pour être utilisées en agriculture, ce qui permettrait de stocker 55 % du carbone provenant des algues et d’augmenter la matière organique dans le sol, avance l’entrepreneur.

Des sandales en algues!

À Saint-Simon-de-Rimouski, l’entreprise Pro-Algue Marine récoltera pour sa part près de 200 tonnes d’algues échouées sur les plages du Bas-Saint-Laurent cette année afin de les transformer en fertilisants pour sols agricoles, sous forme de farine ou de liquide.

Au cours des dernières années, l’entreprise du Bas-Saint-Laurent a aussi percé de nouveaux marchés pour approvisionner les producteurs de bioplastique et de biodiesel. « Un de nos clients en Chine fabrique des sandales en bioplastique avec nos produits », lance Jean-Pierre Gagnon, propriétaire de l’entreprise avec Carmen Vaillancourt. « Et un autre client voudrait qu’on lui fournisse 100 000 tonnes d’algues sèches (soit 1 million de tonnes humides, NDLR) pour faire du bioplastique », ajoute Mme Vaillancourt.

Pro-Algue Marine ramasse sur le littoral ou pêche au large trois sortes d’algues brunes :

Étant donné que le potentiel de récolte est estimé à 50 000 tonnes dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie, les entrepreneurs envisagent de se lancer dans l’aquaculture au cours des prochaines années pour augmenter les volumes récoltés et répondre aux demandes croissantes des clients.

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Pour éviter qu'elles ne pourrissent, les algues doivent être rapidement séchées. © Pro-Algue Marine
Une fois broyées, les algues font d'excellents fertilisants. © Pro-Algue Marine

Restauration côtière

Le potentiel des algues ne s’arrête pas à la captation de carbone : elles peuvent aussi permettre une meilleure adaptation aux changements climatiques en réduisant la force des vagues de même que l’érosion côtière, qui deviennent de plus en plus problématiques avec l’absence de glace en hiver et l’élévation du niveau de la mer, note Nicolas Lemaire, chercheur industriel chez Mérinov, le Centre d’innovation de l’aquaculture et des pêches du Québec.

Cette propriété démontrée dans le cadre de nombreuses recherches scientifiques donnera lieu à un projet d’expérimentation qui verra le jour à l’automne 2019 et qui permettra d’implanter deux récifs artificiels ensemencés avec des algues de la plage Sandy Beach, à Gaspé, et celle de la Martinique, aux Îles-de-la-Madeleine. « Le récif permettra d’atténuer l’énergie des vagues et des courants, et les algues agiront de manière complémentaire pour atténuer le courant et piéger les sédiments, espère le chercheur. De plus, les algues créeront un habitat de prédilection pour les poissons et autres espèces marines. »

Un suivi de biomonitoring à long terme sera effectué afin de déterminer s’il serait pertinent de reproduire ce projet de 2,1 millions de dollars, financé par Pêches et Océans Canada, à d’autres endroits.