Capter et stocker le carbone : une solution pour lutter contre les changements climatiques?

Pollution d'usine
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Retombées positives générales

Le buzzword dans le monde de la lutte aux changements climatiques, c’est l’acronyme CUSC, qui réfère au captage, à l’utilisation et au stockage de CO₂. Solution miracle pour atteindre la carboneutralité ou écoblanchiment? Unpointcinq fait le point avec deux experts.

Chaque année, la planète rejette dans l’atmosphère plus de 47 000 mégatonnes d’équivalent CO2 qui proviennent en grande partie de la combustion des énergies fossiles servant au transport, à l’industrie et à la production d’électricité.

Serait-il possible de capter ce carbone à la sortie des cheminées d’usines – ou même dans l’air ambiant – pour réduire la concentration de carbone dans l’atmosphère et, ainsi, lutter contre le réchauffement climatique? La réponse : oui, c’est possible.

Bien que les technologies de captage de CO2 soient imparfaites, elles représentent néanmoins l’une des solutions à la crise climatique, selon Louis Fradette, professeur de chimie à Polytechnique Montréal et spécialiste des technologies de captage du carbone. « Le problème des gaz à effet de serre est tellement immense qu’on ne peut s’attendre à une solution qui va tout résoudre. Le captage, l’utilisation et le stockage du carbone font partie des outils permettant de réduire notre empreinte carbone », explique ce chercheur.

Dans sa feuille de route pour atteindre la carboneutralité en 2050, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) précise qu’il sera impossible d’y arriver sans capter et stocker le carbone, car il existe des domaines difficiles à décarboner tels les industries lourdes et le transport aérien. De plus, il va falloir vivre encore pendant des décennies avec des centrales thermiques au charbon, dont certaines sont très récentes. Comme l’ont démontré les négociations de la COP26, certains pays ne sont pas prêts à renoncer rapidement à cette source d’énergie.

Dans l’Ouest canadien, deux importantes usines de captage de carbone, l’une à la centrale au charbon de Boundary Dam, en Saskatchewan, et l’autre aux installations Quest de Shell, en Alberta, sont déjà en service depuis plusieurs années. Au Québec, il n’existe encore rien de tel, mais le captage de carbone commence à faire partie de la discussion. Par exemple, la cimenterie McInnis de Port-Daniel, pire émetteuse de CO2 de la province, a fait savoir en 2020 qu’elle cherchait une solution de captage et de séquestration de carbone. Rien n’a été annoncé depuis.

Que faire avec le CO2?

Rappelons que le « U » de l’acronyme CUSC signifie « utilisation ». Alors, comment utilise-t-on le CO2 emprisonné? « Le carbone peut faire à peu près tout ce que fait le pétrole », explique Annie Levasseur, professeure à l’École de technologie supérieure (ÉTS) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la mesure de l’impact des activités humaines sur les changements climatiques.

Des exemples? Le CO2 peut servir à produire du carburant synthétique à basse empreinte carbone, comme va le faire le Consortium SAF+ dans l’est de Montréal, ou encore à favoriser la photosynthèse des fruits et légumes, comme aux Serres Toundra, à Saint-Félicien. Le CO2 peut aussi être intégré à la production de béton, comme le fait la Montréalaise Carbicrete ou encore devenir un substitut au pétrole dans la fabrication de plastique.

S’il existe autant de débouchés, pourquoi n’assiste-t-on pas au déploiement rapide de capteurs de CO2 sur toutes les cheminées industrielles du Québec et du monde? Premier frein : les coûts. Les produits fabriqués grâce au carbone de seconde main ne sont pas encore compétitifs. Par exemple, le coût du litre de carburant synthétique dépasse largement celui du pétrole. Cela dit, il est possible de capter le carbone à un coût variant de 50 $ à 60 $ la tonne, selon les technologies, ce qui revient moins cher que la future taxe carbone, qui sera fixée à 170 $ la tonne en 2030 au Canada.

Deuxième frein : les débouchés sont encore méconnus des industriels. Le projet Valorisation Carbone Québec, mené justement par Louis Fradette, vise à changer la donne.

Capter le carbone dans l’air ambiant?

Est-il possible d’extraire l’excès de CO2 de l’atmosphère? Oui, c’est ce qu’on appelle la technologie de l’extraction directe dans l’air » (Direct Air Capture). Plusieurs acteurs mondiaux se font la course afin de développer la technologie la plus efficace, comme la Canadienne Carbon Engineering. Le défi de cette solution est la faible concentration de CO2 dans l’atmosphère, de l’ordre de 0,04 % alors qu’elle est de 10 % à la sortie d’une cheminée de gaz naturel.

« Puisque la concentration est faible, il faut des installations gigantesques et très énergivores pour capter une faible quantité de CO2, », indique Louis Fradette, qui manifeste un scepticisme de bon aloi face à cette solution. « Ça ne veut pas dire que l’extraction directe soit vouée à l’échec. Des solutions de captage passif, donc peu énergivores, pourraient voir le jour. Dans un futur pas si lointain, selon son développement, cette solution pourrait devenir intéressante », conclut-il.

Autre solution : le stockage

On peut aussi stocker le carbone dans des formations géologiques souterraines comme les anciens puits de pétrole. « Cette pratique a cours depuis des décennies aux États-Unis. On sait que ça marche, car les puits de pétrole sont imperméables », dit Louis Fradette. Dans sa feuille de route Net Zero By 2050, l’AIE envisage que 95 % du carbone capté en 2050 sera séquestré dans des formations géologiques alors que le reste servira à la fabrication de carburant synthétique.

Le problème, c’est que le stockage ajoute encore des coûts à cette solution. En plus, on utilise depuis longtemps l’enfouissement de CO2 de source naturelle dans les puits de pétrole afin de soustraire plus de pétrole d’un gisement, technique qu’on appelle la « récupération assistée » du pétrole. Une méthode controversée.

Dans ce cas, le stockage n’apporte aucun avantage environnemental, mais contribue plutôt à hausser la consommation de pétrole. « Les pétrolières canadiennes voient le CUSC comme une bouée de sauvetage afin d’augmenter leur production. Or, leur approche est de l’écoblanchiment. Le seul moyen d’atteindre nos objectifs climatiques, c’est de réduire la consommation des énergies fossiles », conclut Annie Levasseur, qui croit que le CUSC fait partie des solutions à la crise climatique sans nécessairement être un remède miracle.

Stocker le carbone dans les résidus miniers

Est-il possible de capter le carbone dans l’atmosphère pour le stocker ensuite dans les résidus d’amiante? C’est ce qu’accomplit la technologie Skyrenu, qui a été développée par des étudiants de l’Université de Sherbrooke en collaboration avec l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Cette innovation fait d’une pierre deux coups : elle réduit la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère et revalorise des déchets miniers. Lors de la COP26, Elon Musk, célèbre fondateur de Tesla, a accordé un prix de 250 000 $ à cette solution innovatrice dans le cadre de son concours étudiant XPRIZE. Cette récompense permet de se qualifier en vue d’un grand prix de 50 M$ qui sera remis par la Fondation Musk en 2025.

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