Dopés au tofu

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© Simon Diotte
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30 novembre 2018 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

Avouez-le : dans votre esprit, un vrai athlète, c’est un carnivore qui dévore des tonnes de steaks pour être fort comme un bœuf. Or, des athlètes de haut niveau démontrent qu’une diète avec « pas de viande » s’avère aussi efficace pour améliorer leurs performances tout en mettant les changements climatiques K. O.

Manger de la viande pour collectionner les médailles, Xavier Desharnais n’y croit pas. Depuis 2012, ce nageur a même banni les protéines animales afin d’optimiser ses performances sportives. « Je cherchais un moyen de me procurer un avantage en compétition et j’ai lu qu’en mangeant moins de viande, je pouvais améliorer ma santé et donc, par conséquent, probablement bonifier mes résultats », explique ce spécialiste de la nage en eau libre âgé de 28 ans.

Il fait le test et, immédiatement, ressent un regain d’énergie dans sa vie quotidienne. Côté compétition, les résultats positifs ne tarderont pas à suivre. Quelques mois plus tard, le nageur gagne sa première médaille lors de la Traversée internationale du lac Memphrémagog, un marathon aquatique de 34 km. Puis suivront deux victoires consécutives à la Traversée internationale du lac Saint-Jean. Jusqu’à la fin de sa carrière d’athlète, en octobre dernier, ce kinésiologue deviendra le meilleur nageur canadien dans les épreuves longues distances, tout en se classant dans le top 5 mondial. Pas mal pour un mangeur de tofu!

Xavier Desharnais a fini 2e de sa dernière traversée du lac Saint-Jean en juillet. © Marco Bergeron
Le nageur ne dit jamais non à un burger... végé.

C’est donc possible d’être un athlète sans manger de viande? Oui, répond sans hésitation la nutritionniste du sport Ève Crépeau. « Je vois de plus en plus de sportifs qui deviennent végétaliens. J’ai même des footballeurs qui se convertissent ou qui aspirent à le devenir », dit cette spécialiste de l’alimentation qui suit les athlètes des Carabins de l’Université de Montréal. Oui, vous avez bien lu : des armoires à glace qui ne mangent pas de bidoche!

Longtemps associés à des gringalets au teint blême, les végétaliens font maintenant fureur, surtout chez les moins de 35 ans. Certains suivent l’exemple de l’ex-hockeyeur Georges Laraque et veulent améliorer leur santé, la viande rouge étant associée à un risque accru de cancer et de maladie cardiaque. D’autres rejettent l’exploitation des animaux. D’autres deviennent végétaliens par conviction écologique, car l’élevage intensif d’animaux et la production de viande contribuent aux changements climatiques.

Et pas qu’un peu : le secteur alimentaire émet 23 % des gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, selon un rapport spécial du GIEC. La production de viande et d’aliments d’origines animales, qui représente 60 % des émissions de ce secteur, surpasse à elle seule les émissions totales du secteur du transport. Le steak passe moins bien, tout à coup…

Des GES dans l’assiette…

S’attaquer à la consommation de viande est l’une des 100 solutions avancées par le rapport Drawdown pour freiner le réchauffement climatique. Si la population mondiale adoptait une diète sans viande, elle réduirait de 70 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’alimentation. Un régime végétarien incluant œufs, lait et fromage permettrait une réduction de 63 %.

… et dans la forêt

Les conséquences délétères de notre appétit insatiable pour la viande, dont la consommation augmente à vitesse grand V en raison de l’explosion démographique mondiale, ne se limitent pas aux GES. Pour répondre à la demande, on gruge de plus en plus de forêts dans le but de faire paître les animaux et de cultiver des champs en vue de les nourrir. Cette déforestation massive constitue le principal facteur qui menace la biodiversité de la planète.

Les nouveaux Popeye?

Alister Gardner s'est aligné cette saison sur une vingtaine d’épreuves, dont la Transvulcania aux îles Canaries en mai, le nouveau 100 km du Québec Méga Trail en juin et l’Ultra-Trail du Mont-Blanc en septembre. © Courtoisie

Mais carburer aux plantes ne convient pas qu’aux nageurs ou aux footballeurs. Vainqueur en octobre dernier de l’épreuve de course en sentier de 80 km au Bromont Ultra, lors de laquelle il a établi un nouveau record de vitesse, Alister Gardner n’a pas avalé une bouchée de chair animale depuis 2010. Par conviction éthique, surtout. « Je ne supporte pas que les fermes soient devenues des entreprises industrielles, où les animaux sont maltraités », raconte celui qui se qualifie d’amoureux des bêtes.

Rayon compétition, son régime tofu et légumineuses ne présente que des avantages, selon lui. « En plus de manger moins gras, [j’ai adopté une] diète végétalienne qui me permet, selon mes observations, de récupérer plus vite que les carnivores après une longue épreuve. Je recommence ainsi mon entraînement plus rapidement », dit le Bromontois de 37 ans, originaire d’Angleterre, qui court autant sur le bitume que sur les sentiers forestiers.

Athlète connu et reconnu dans son milieu, Alister Gardner est devenu un modèle pour de nombreux coureurs. « J’en ai déjà converti beaucoup au végétalisme. Chaque fois, c’est une victoire pour moi », s’exclame l’entraîneur en chef du Club de trail de Bromont, qui se dit également fier de contribuer à la lutte aux changements climatiques.

Avant de boycotter filets mignons, ailes de poulet et côtes levées, quelques précautions s’imposent, nuance Ève Crépeau. « Les végétaliens doivent trouver les bonnes solutions de remplacement à la viande. Sinon, ils pourraient souffrir de carences alimentaires. Mais des solutions simples existent, il suffit de se renseigner ou de consulter un nutritionniste », dit-elle.

Les athlètes végétaliens auraient-ils trouvé la recette de la performance? Après tout, Popeye tirait bien sa force des épinards…  ?