Du carbone dans mes tomates, non merci!

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Visiter les serres Demers constitue une expérience sans pareille. À mon arrivée sur la rue Gagnon, à Saint-Nicéphore, une région de Drummondville, je tombe sur un site d’enfouissement. Mauvaise adresse, me dis-je. Alors que je m’apprête à faire demi-tour, j’aperçois une petite affiche : Serres Demers — 3 km. Je dépasse les camions qui attendent la pesée et je m’aventure sur une route sinueuse traversant un paysage lunaire, où je devine que, sous la neige, des tonnes de déchets y ont été enfouies.

Au bout du chemin m’attend un décor encore plus étonnant. D’immenses serres ultramodernes émergent de terre au milieu de nulle part, couvrant une superficie de 10 hectares, soit la taille de 14 terrains de soccer. C’est dans ce complexe agricole que poussent 10 % des tomates d’origine québécoise que nous mangeons en hiver. En plus d’être produites localement, ces tomates super choyées, qui grandissent à l’année sous un climat digne des tropiques, renferment un très faible bilan carbone grâce à la maximisation de l’utilisation des énergies renouvelables.

Si les serres Demers ont choisi de s’établir à proximité d’un lieu d’enfouissement sanitaire, ce n’est pas en raison du bas prix des terrains, ni du panorama exceptionnel ou de la qualité de vie! L’avantage du site, c’est le voisinage d’une centrale thermique, propriété de Waste Management, qui génère de l’électricité en brûlant les biogaz issus de la décomposition de matières organiques.

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05 mars 2018 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

La plus grande serre de tomates du Québec carbure au biogaz, à l’énergie solaire et à l’électricité. Résultat : des fruits frais, locaux et bons pour la santé même en hiver, à faible bilan carbone. On aime!

Visiter les serres Demers constitue une expérience sans pareille. À mon arrivée sur la rue Gagnon, à Saint-Nicéphore, une région de Drummondville, je tombe sur un site d’enfouissement. Mauvaise adresse, me dis-je. Alors que je m’apprête à faire demi-tour, j’aperçois une petite affiche : Serres Demers — 3 km. Je dépasse les camions qui attendent la pesée et je m’aventure sur une route sinueuse traversant un paysage lunaire, où je devine que, sous la neige, des tonnes de déchets y ont été enfouies.

Au bout du chemin m’attend un décor encore plus étonnant. D’immenses serres ultramodernes émergent de terre au milieu de nulle part, couvrant une superficie de 10 hectares, soit la taille de 14 terrains de soccer. C’est dans ce complexe agricole que poussent 10 % des tomates d’origine québécoise que nous mangeons en hiver. En plus d’être produites localement, ces tomates super choyées, qui grandissent à l’année sous un climat digne des tropiques, renferment un très faible bilan carbone grâce à la maximisation de l’utilisation des énergies renouvelables.

Si les serres Demers ont choisi de s’établir à proximité d’un lieu d’enfouissement sanitaire, ce n’est pas en raison du bas prix des terrains, ni du panorama exceptionnel ou de la qualité de vie! L’avantage du site, c’est le voisinage d’une centrale thermique, propriété de Waste Management, qui génère de l’électricité en brûlant les biogaz issus de la décomposition de matières organiques.

Tomates serres Demers_Centrale Thermique Waste Management crop_Simon Diotte
La centrale thermique de Waste Management alimente les serres Demers en électricité et chaleur. (© Simon Diotte / Unpointcinq)

Sauf que la centrale ne produit pas que des kilowatts vendus à Hydro-Québec. Dans le processus de production, 60 % de l’énergie contenue dans les biogaz se transforment en chaleur. « Plutôt que de perdre cette énergie dans la nature, on la récupère, à travers une boucle continue, afin de chauffer nos installations », explique Jacques Demers, président de Productions Horticoles Demers, tout en se baladant entre deux plants de fruits rouges. Un partenariat gagnant-gagnant pour les deux entreprises.

Cette méthode de production écologique permet d’éviter l’émission de 26 000 tonnes de GES annuellement par rapport à des serres comparables, dont le chauffage provient, la plupart du temps, de la combustion d’énergie fossile. Au Québec, le chauffage des bâtiments commerciaux, institutionnels et résidentiels a été responsable de l’émission de 8,5 mégatonnes de CO2 éq. en 2014. Selon l’inventaire québécois des émissions de GES, cela correspond à 10,4 % des émissions totales de la province.

Plus d’argent, moins de CO2

Cette source d’énergie renouvelable et abordable, qui ne devrait pas se tarir avant un quart de siècle, permet non seulement de présenter un bilan plus écologique, mais aussi de réduire les coûts de production. « C’est un atout pour nous, car le marché agroalimentaire est extrêmement compétitif, là où les marges de profit sont marginales », explique Jacques Demers, dont la famille est dans la production de fruits et légumes depuis les années 1960.

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Jacques Demers, président de Productions Horticoles Demers (© Simon Diotte / Unpointcinq)

Les serres Demers se sont implantées sur ce site en 2012 et ont triplé de superficie en octobre dernier, à la suite d’un agrandissement de 25 millions de dollars. Les nouvelles installations, qui augmentent la capacité de production à 6 000 tonnes annuellement, mettent aussi à profit de nouvelles technologies en vue de maximiser les gains solaires, comme l’utilisation de verre givré, qui réfléchit moins les rayons du soleil, et la construction d’une charpente avec le minimum d’acier, ce qui laisse pénétrer davantage de lumière.

Résultat : l’empreinte environnementale de ces tomates drummondvilloises se compare avantageusement, selon Jacques Demers, aux concurrentes venues du Mexique, qui envahissent nos épiceries par temps froid. « Ces fruits ont été transportés par semi-remorques réfrigérés sur 6 000 km avant d’aboutir sur nos étagères. Un tel camion brûle 35 L de diesel au 100 km. Imaginez le bilan carbone derrière chaque tomate », analyse l’homme d’affaires.

Manger des fruits frais d’origine locale, même en hiver, est désormais possible. Même au Québec!

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Jacques Demers est fier des ses 6 000 tonnes de tomates produites annuellement, des tomates faibles en GES. (© Simon Diotte / Unpointcinq)