Des déchets dans l’assiette

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27 mars 2018 - Guillaume Roy, En quête d'aventure

Pour combler la demande croissante des agriculteurs en fertilisants et réduire leurs coûts d’approvisionnement, une entreprise québécoise souhaite séduire les municipalités avec une nouvelle technologie qui permet de valoriser les déchets de leurs citoyens pour éviter quantités d’émissions de GES.

L’inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre et leur évolution depuis 1990, publié en 2006, soulignait que l’enfouissement des matières organiques générait cinq mégatonnes d’équivalent CO2, soit 5,9 % des émissions totales au Québec. Pour éviter ces émissions et créer de la valeur avec les déchets, le gouvernement compte éliminer graduellement l’enfouissement des matières compostables à compter de 2020. Et des entreprises comme Viridis souhaitent bien en profiter pour fertiliser les champs avec les déchets des villes.

Que ce soit des résidus alimentaires, des boues municipales – issues d’usines de traitement des eaux usées – ou des boues papetières, ces produits sont connus sous le nom de matières résiduelles fertilisantes ou MRF dans le jargon.

Selon l’étude d’Environnement Canada et de Ressources naturelles Canada réalisée en 2005 (Analyse des effets des activités de gestion des matières résiduelles sur les émissions de gaz à effet de serre), le compostage d’une tonne de résidus alimentaires permettrait d’éviter la génération de 0,8 tonne d’équivalent CO2 provenant de l’enfouissement, et de stocker 0,24 tonne d’équivalent CO2 dans le sol.

D’après une autre étude réalisée à Saguenay (Villeneuve et Dessureault, 2011), l’épandage des boues municipales sur les terres agricoles permet de réduire l’empreinte carbone d’environ 70 à 90 kg éq. CO2 par habitant. Selon les chercheurs, une partie des gains sur l’empreinte carbone provient de la substitution d’engrais minérale et de la séquestration partielle de carbone dans les sols.

Moins de carbone, plus d’argent

Pour Rémy Vaillancourt, un producteur qui cultive 1 000 hectares à Val-Joli en Estrie, les MRF ont carrément permis de transformer ses terres agricoles. « Au départ, on riait presque de moi quand j’ai décidé d’exploiter ces terres-là », dit-il. En ajoutant des MRF depuis 10 ans, la fertilité du sol n’a cessé de s’améliorer! « D’ici quelques années, mon sol sera assez riche pour que je réduise la quantité d’engrais minéral sur mes terres », ajoute-t-il fièrement.

 

« Les MRF permettent non seulement aux producteurs d’ajouter de la matière organique et d’épargner plusieurs milliers de dollars pour fertiliser leur terre, mais c’est aussi une excellente façon de réduire leur empreinte carbone. Elle permet de diminuer l’utilisation de fertilisants fabriqués à partir de carburants fossiles tout en évitant la production de méthane dans les centres d’enfouissement. », souligne Simon Naylor, cofondateur et vice-président de Viridis, une entreprise qui joue le rôle de courroie de transmission entre les villes et les agriculteurs, en créant une économie circulaire où les déchets sont utilisés pour engraisser les sols.

 

Si Viridis est en croissance constante depuis sa fondation en 2009, les ambitions de l’entreprise sont tout de même restreintes par le potentiel d’approvisionnement. En 2017, la plus grosse entreprise de recyclage de MRF en a transformé 350 000 tonnes, dont la moitié provient du secteur municipal. « Avec cette quantité, on fournit entre 500 et 700 fermes chaque année », note Simon Naylor, qui souhaite transformer 500 000 tonnes supplémentaires d’ici 5 ans, grâce au partenariat que son entreprise vient de conclure avec Solution 3R, une filiale de La Coop fédérée.

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Viridis utilise la technologie SHOC pour «biosécher» la matière. (© IRDA)

« Ce partenariat est extraordinaire, parce que ça va nous aider à convaincre plus de villes à devenir nos clients, étant donné qu’elles sont plus à l’aise de travailler avec un mouvement coopératif qu’une entreprise privée, ajoute l’entrepreneur. En plus de pouvoir traiter les matières résiduelles fertilisantes (MRF) à un coût plus faible que l’enfouissement, les villes pourront aussi jouer un rôle social en devenant des fournisseurs de compost pour les 11 000 agriculteurs membres de La Coop. »

Révolution «brune»

L’annonce du partenariat, qui a eu lieu le 20 novembre dernier, suscite déjà beaucoup d’intérêt. Viridis croit même pouvoir révolutionner la collecte des matières compostables grâce à une licence exclusive pour l’utilisation de la technologie SHOC, développée par l’Institut de recherche en développement en agroenvironnement (IRDA), au début des années 2000, pour sécher le lisier.

« C’est une technologie très simple, qui utilise la chaleur produite par les micro-organismes pour « biosécher », composter, stabiliser et désodoriser la matière », explique Denis Potvin, chargé de projet et agent de transfert à l’IRDA, en ajoutant que les coûts en énergie sont 35 à 50 % moindres qu’avec d’autres approches conventionnelles. Selon les besoins, on peut simplement déshydrater une matière de qualité en une semaine ou produire du compost en trois semaines.

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Le bioséchoir permet de traiter la biomasse humide qui est trois fois plus abondante que la sèche. (© IRDA)

Malgré l’intérêt grandissant de certains producteurs, la technologie tarde à prendre son envol dans le monde agricole. Mais elle pourrait être une solution idéale pour traiter le contenu des ordures des citoyens, estime le dirigeant de Viridis qui ajoute que le traitement des déchets représente un marché de 350 millions de dollars par an au Québec.

C’est une innovation de rupture pour les villes, car ça permet de recycler les matières organiques, en se passant du bac brun.
Simon Naylor

Il suffit de mettre tous les déchets dans le bioréacteur SHOC, qui est en mesure de sécher les résidus organiques en présence des ordures. Après sept jours, un système de tamis permet de trier le plastique, le verre et le compost, qui peut ensuite être livré sur les terres agricoles.

Ainsi, toutes les municipalités qui n’ont pas encore investi dans un système de collecte des matières compostables pourraient éviter l’enfouissement sans investissement majeur, note ce dernier. De plus, la demande pour les MRF excède grandement l’offre disponible sur le marché en ce moment, conclut Simon Naylor, qui souhaite doubler la production au cours des prochaines années.