Un revampage à l’eau de pluie!

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À Trois-Rivières, Julien Saint-Laurent,spécialiste en environnement, et Alexis Petridis, ingénieur en Génie urbain, sont les artisans d’un projet de réfection de rue qui s’est mérité les grands honneurs. © Perrine Larsimont
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Retombées positives générales

Récupérer l’eau de pluie pour recharger la nappe phréatique en eau potable? C’est l’un des paris de Trois-Rivières, qui désire s’adapter aux changements climatiques et à la multiplication des épisodes de pluies intenses. Rencontre avec les artisans d’un projet de réfection de rue qui s’est mérité les grands honneurs.

Le vert piquant des vivaces tranche avec la grisaille automnale. Ces rangées de plantes bordent désormais les trottoirs nouvellement refaits de la rue Saint-Maurice, à Trois-Rivières. Cette voie de passage de l’est de la ville a bénéficié des soins attentifs d’Alexis Petridis et de Julien St-Laurent pendant un an. L’ingénieur en génie urbain et le spécialiste en environnement ont en effet orchestré la réfection d’un tronçon de la rue s’étirant sur 1,3 km, entre le chemin des Sources et le boulevard Sainte-Madeleine. Une métamorphose qui vise un double objectif : diminuer la quantité et la vitesse de ruissellement des eaux de pluie dans le réseau municipal, tout en améliorant la qualité de vie et la sécurité des riverains.

Bien que globalement favorables, les réactions des usagers de la rue Saint-Maurice sont encore mitigées. Les automobilistes, notamment, critiquent le rétrécissement de la voie de circulation ou le déplacement des stationnements. © Perrine Larsimont

Unpointcinq : « Le grand projet de la rue Saint-Maurice », c’est parti d’où?

Julien St-Laurent : « Ça prend des partenariats entre la recherche et les municipalités pour mener sur le terrain des projets pilotes comme celui-ci. Il y a quatre ans, l’organisme Ouranos nous a proposé des fonds pour concrétiser un projet d’adaptation aux changements climatiques. La rue Saint-Maurice était prête à être refaite et on s’est dit qu’on pourrait bonifier sa réfection dans cette optique. »

Alexis Petridis : « Au-delà de la nécessité de capter les évènements pluvieux, on a réfléchi aux aspects secondaires qui pouvaient être pris en compte dans le projet : le rechargement des sources d’eau potable [par la biorétention], la sécurité des piétons, la réduction de la vitesse des véhicules, la réduction des îlots de chaleur et le verdissement de la rue. Bien sûr, il était aussi question d’harmoniser tous ces éléments pour créer un espace visuellement intéressant. [] Saint-Maurice est une collectrice résidentielle. La volonté d’améliorer le milieu de vie a dicté l’orientation du projet. »

La biorétention, de quessé?

C’est l’ensemble des propriétés chimiques, biologiques et physiques des plantes et des sols qui permettent de contrôler la quantité d’eau de ruissellement sur un site donné de même que sa qualité.

Les îlots de biorétention qui bordent la rue Saint-Maurice sont des fosses remplies de terreau et de végétaux. Ces plantes et matières organiques sont sélectionnées en fonction de leur capacité à filtrer l’eau de pluie qui y ruisselle et à faciliter son infiltration dans le sol, de sorte qu’elle puisse recharger la nappe phréatique en eau potable. Selon la Ville de Trois-Rivières, 135 arbres, 1000 arbustes et 18 000 plantes vivaces et graminées parsèment les nouveaux aménagements de la rue.

Justement, les travaux de réfection de la rue ont pris fin cet été. Comment est-elle accueillie par les riverains?

Alexis Petridis : « C’est mitigé, bien que les gens y soient majoritairement favorables. Les personnes les plus touchées sont celles qui n’habitent pas dans la rue mais qui y transitent. Quelqu’un qui utilisait cette artère au quotidien peut subir certains retards. Mais c’était le but, notamment pour réduire la vitesse et augmenter la sécurité des piétons. »

Julien St-Laurent : « Le volet esthétique de la rue est apprécié, notamment la quantité de végétation et la floraison en été. Les critiques qu’on reçoit concernent le rétrécissement de la voie de circulation, le manque d’espace pour les bacs à vidange ou le déplacement des stationnements. Mais ces désagréments font partie de l’adaptation au changement. Je pense que, dans quatre ans, les habitudes des gens auront changé et que ces plaintes disparaîtront. »

Trois-Rivières présente ce projet comme étant unique au Québec. Quelle est, précisément, sa spécificité?

Alexis Petridis : « Nous sommes les deuxièmes au Québec  après Granby  à avoir aménagé une rue en intégrant des îlots de biorétention, mais le projet de Trois-Rivières est d’une plus grande envergure. Il est issu d’une réflexion globale, rendue possible par une grande consultation interne avec des représentants des travaux publics, de l’urbanisme, de l’environnement, du génie… »

Julien St-Laurent : « La nouveauté, c’est aussi que ce projet bénéficie d’un suivi scientifique. Grâce au soutien de l’Université de Montréal et de l’École polytechnique, on va pouvoir quantifier les gains sur la gestion de l’eau pluviale, notamment sur la qualité de l’eau potable, la survie des végétaux et l’entretien général. Toutes ces données-là, on va les suivre pendant trois ans pour statuer sur l’avenir de ce projet à grande échelle. »

Julien St-Laurent, spécialiste en environnement. © Perrine Larsimont
Alexis Petridis, ingénieur en Génie urbain. © Perrine Larsimont

En tant que membre de l’Association des ingénieurs municipaux du Québec, Alexis Petridis a reçu le prix Génie-Méritas pour la réfection de la rue Saint-Maurice. Le projet va-t-il faire des petits?

Alexis Petridis : « C’est un honneur incroyable que l’AIMQ reconnaisse le travail effectué et salue le caractère novateur d’un projet de cette ampleur et de cette nature. On est fiers d’avoir suscité l’envie de la profession et on espère que ça va encourager nos collègues à proposer des projets similaires à leurs élus. »

Julien St-Laurent : (rires) « Alexis partage toutes les semaines à d’autres ingénieurs municipaux les plans types et les coupes qui ont été développées pour le projet… »

Alexis Petridis : « On a même des rencontres de présentation de terrain, car il y a des gens de quelques villes qui ont manifesté l’intérêt de venir voir le projet chez nous. »

C’était votre première collaboration. Y en aura-t-il d’autres?

Alexis Petridis : « Je l’espère beaucoup. Et j’espère que ce sera sur des projets aussi ambitieux, avec des retombées aussi intéressantes. »

Pour en savoir encore plus sur la réfection de la rue Saint-Maurice à Trois-Rivières, cliquez ici.

Pluies intenses et changements climatiques

Selon une étude de 2012 du chercheur de l’INRS spécialisé en hydrologie urbaine, Alain Mailhot, les projections climatiques suggèrent une hausse de 10 à 20 % des intensités des pluies extrêmes à l’horizon 2040-2070 au Québec. L’augmentation de la fréquence et l’intensité des pluies extrêmes dépassera le niveau de performance des systèmes de gestion des eaux pluviales actuellement en place au Québec, selon une autre étude de 2014 du professeur Mailhot.

→ Une meilleure rétention des eaux de pluie = moins d’inondations = moins d’impact sur la santé des riverains