Cinq sociétés québécoises figurent dans le top 100 des entreprises les plus responsables au monde, selon le palmarès de Corporate Knights. Preuve que le Québec est bien au cœur du changement.
Le CN, Cascades, Transcontinental, Banque de Montréal et Cogeco font partie de la liste sélecte des 100 grandes entreprises aux pratiques les plus durables sur la planète, selon le palmarès 2021 de la société de médias, de recherche et d’informations financières Corporate Knights.
Le dévoilement en janvier de la 17e édition de ce classement s’est déroulé en présence virtuelle de Son Altesse Royale, le prince Charles! C’est dire la reconnaissance mondiale acquise par cette liste créée en 2005 qui analyse les pratiques responsables des sociétés cotées en bourse ayant un chiffre d’affaires supérieur à 1 G$ US.
En incluant les cinq sociétés québécoises, le Canada compte 13 entreprises dans cette liste prestigieuse, et les États-Unis, 20. L’Europe domine le classement avec 41 représentants, parmi lesquels les pays scandinaves font figure de leaders. Et, pour la première fois, des entreprises turques et indiennes font partie des lauréats.
[Le palmarès] pousse les sociétés vers le haut en les obligeant à faire preuve de plus de transparence en matière de responsabilité.
C’est le groupe industriel français Schneider Electric SE qui occupe la première position cette année. Cette société aux ramifications internationales fournit des solutions en automatisation et en énergie numérique – c’est-à-dire la gestion de l’énergie par la mesure en temps réel de la consommation d’électricité à plusieurs endroits stratégiques d’un réseau. En deuxième position figure Orsted, une ancienne pétrolière danoise devenue productrice d’énergie renouvelable à presque 100 %, surtout dans le domaine de l’éolien (une inspiration de conversion pour les pétrolières albertaines?). Enfin, en troisième place se classe Banco do Brasil, une institution financière sud-américaine.
Ce classement de Corporate Knights a évalué la performance de plus de 8000 entreprises dans le monde à la lumière de 24 indicateurs de performance comprenant notamment le pourcentage des revenus provenant de produits ou de services bénéfiques pour l’environnement, les investissements ayant des retombées environnementales et sociales positives et la diversité au sein de la direction.
Des entreprises responsables et profitables
La grande mission de Corporate Knights, une société basée à Toronto, est de démontrer que les entreprises les plus durables surpassent les entreprises traditionnelles. « Notre indice Global 100 a généré un rendement des investissements de 263 % depuis sa création en 2005, alors que l’indice MSCI ACWI, qui reflète la performance des marchés boursiers des pays développés, a crû de 220 % », explique Toby Heads, président-directeur général de Corporate Knights, dans un courriel à Unpointcinq. Bref, la responsabilité sociale des entreprises n’est pas seulement rentable pour la planète, mais aussi pour les actionnaires.
J’aimerais mieux voir les entreprises régler leur virage vert en recourant à leurs propres ressources, sans faire appel à du financement externe.
Chargé de cours en responsabilité sociale des entreprises à HEC Montréal, Jean-Michel Champagne considère ce classement comme un outil d’évaluation impartial de la performance des entreprises. « Corporate Knights affiche une excellente réputation dans le milieu des affaires. Son palmarès influence les fournisseurs, les actionnaires, les investisseurs et les consommateurs. Il pousse les sociétés vers le haut en les obligeant à faire preuve de plus de transparence en matière de responsabilité », explique l’enseignant, aussi entrepreneur.
Parmi les critiques visant ce top 100 figure sa méthodologie imparfaite. « Le classement prend largement en considération les entreprises dont les revenus proviennent du clean capitalism, c’est-à-dire de produits et services qui ne sont pas destructeurs de l’environnement. Dans ce critère, on accorde une trop grande place aux obligations climat, un instrument financier qui permet aux entreprises de financer leur transition énergétique en émettant des obligations sur les marchés. J’aimerais mieux voir les entreprises régler leur virage vert en recourant à leurs propres ressources, sans faire appel à du financement externe », dit Thomas Estinès, codirecteur général du Groupe investissement responsable, qui voit néanmoins d’un bon œil cette initiative.
En bref, les entreprises québécoises qui se sont démarquées dans le palmarès 2021.
CN – 10e position
La mégaentreprise de chemin de fer canadienne, dont le siège social est situé à Montréal, a une valeur boursière de près de 100 G$. Elle souligne qu’elle arrive à concilier rendement financier supérieur et course vers une économie à émission zéro. L’entreprise centenaire se targue d’être celle qui produit le moins de gaz à effet de serre (GES) par kilomètre dans l’industrie ferroviaire en Amérique du Nord. Bref, elle transporte plus en polluant moins.
Cascades – 17e position
L’entreprise de Kingsey Falls, dans le Centre-du-Québec, a commencé à pratiquer l’économie circulaire en 1964, soit bien avant que le terme entre dans le vocabulaire des économistes et environnementalistes. Elle puise principalement ses matières premières dans les bacs à recyclage : des feuilles de papier blanc deviennent du papier hygiénique, de vieux journaux se métamorphosent en emballages d’œufs, les bouteilles de plastique en barquettes pour aliments, etc. Cascades a réduit de 50 % l’intensité de ses émissions de GES depuis 1990.
Transcontinental (TC) – 45e position
Depuis quelques années, cette grande entreprise qui fait surtout dans l’emballage souple en plastique, notamment pour les produits alimentaires, et l’impression s’attaque à la réduction de ses GES en réalisant des projets en efficacité énergétique. Par exemple, TC a installé des systèmes de récupération de chaleur dans plusieurs de ses imprimeries au cours des dernières années. Ces installations utilisent la chaleur récupérée pour chauffer les bâtiments et alimenter en air préchauffé les séchoirs des presses, diminuant ainsi considérablement leur consommation en gaz naturel.
Banque de Montréal (BMO) – 47e position
L’institution financière fondée en 1817 se classe comme la banque la plus durable en Amérique du Nord. En 2019, BMO s’est engagée à mobiliser 400 G$ en faveur de la finance durable. En février 2021, BMO Groupe financier a adhéré aux Principes pour une banque responsable des Nations Unies, ce qui l’engage à aligner sa stratégie commerciale sur les objectifs de développement durable de l’organisme mondial et de l’Accord de Paris sur le climat.
Cogeco – 68e position
Le câblodistributeur montréalais vient d’annoncer son engagement envers Business Ambition for 1.5°C, une initiative mise de l’avant par une coalition mondiale composée d’agences des Nations Unies et d’entrepreneurs pour prévenir les conséquences les plus néfastes du changement climatique. En 2020, l’entreprise a réduit de 14 % ses émissions de GES par rapport à 2019.