Quand les pourvoiries passent à l’énergie solaire

Les installations de panneaux solaires de la Pourvoirie de La Doré @Courtoisie.
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Les installations de panneaux solaires de la Pourvoirie de La Doré ©Courtoisie.
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Retombées positives générales

05 avril 2024 - Guillaume Roy, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Près de 125 pourvoiries au Québec ont délaissé le mazout pour l’énergie solaire au cours des deux dernières années. De ce nombre, la Pourvoirie de La Doré vient d’inaugurer un des plus gros parcs solaires hors réseau, une installation qui permettra d’éviter l’émission d’environ 139 tonnes d’équivalent CO2 par année.

« Quand la génératrice se mettait en route, [la fumée] cachait presque le soleil le matin », lance Stéphane Duvernois, l’homme d’origine française qui a fait l’acquisition de la Pourvoirie de La Doré avec sa femme, Cynthia, en juin 2022.

Dès le départ, il a identifié la génératrice au mazout, qui fonctionnait pratiquement 24 heures sur 24 pour alimenter les chalets et le bâtiment principal, comme étant un énorme handicap, tant du point de vue écologique qu’économique. « On savait que le système au mazout était le talon d’Achille de la pourvoirie quand on l’a achetée », dit-il, ajoutant qu’une grande part de la clientèle européenne choisit sa destination de chasse et de pêche en fonction des attributs écologiques des différentes pourvoiries. Et disons que la clientèle dans l’ensemble n’appréciait pas vraiment le ronronnement presque constant de la génératrice, qui contrastait avec l’idée d’aller se ressourcer paisiblement au fond des bois.

Stéphane et Cynthia Duvernois ont fait l’acquisition de la Pourvoirie de La Doré en juin 2022 ©Guillaume Roy.

Rêver un parc solaire

À peine leur installation achevée en pleine forêt boréale, à une trentaine de kilomètres de La Doré, dans le nord du Lac-Saint-Jean, Stéphane et Cynthia Duvernois se sont mis à rêver d’un système autonome à l’énergie solaire, car la pourvoirie est trop isolée pour être raccordée au réseau d’Hydro-Québec.

Un an et demi plus tard, leur rêve est devenu réalité : le 25 décembre 2023, le parc solaire d’une puissance de 40 kW était enfin fonctionnel. Les propriétaires ont accueilli le silence comme un cadeau de Noël!

À la mi-janvier, ces derniers ont procédé à l’inauguration officielle de leurs installations solaires avec les partenaires municipaux, financiers et techniques qui ont permis la réalisation du projet.

Stéphane Duvernois nous amène dans une clairière derrière un des garages de la pourvoirie où neuf sections de panneaux solaires, d’une superficie totale de 214 mètres carrés, ont été installées. « Ça va nous permettre d’économiser près de 80 000 dollars par année », précise-t-il avec un large sourire en regardant la scène et en faisant référence à la consommation de mazout évitée.

Sur une base annuelle, les panneaux solaires permettront d’éviter la consommation de plus de 50 000 litres de mazout, ce qui représente l’émission de 139 tonnes d’équivalent CO2 par an. « C’est le meilleur investissement que je pouvais faire », affirme-t-il.

L’investissement est majeur, car la pourvoirie a dû débourser 418 000 dollars pour ce parc solaire. Sans subvention, le délai de récupération du capital investi aurait été d’un peu plus de cinq ans. Grâce aux subventions de 107 000 dollars du programme ÉcoPerfomance, administré par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, et de 150 000 dollars de la Mesure de soutien aux pourvoiries de la Fédération des pourvoiries du Québec, le coût payé s’élève à 161 000 dollars, un montant qui sera remboursé en deux ans avec les économies faites en n’achetant plus de carburant pour alimenter les chalets et le bâtiment principal.

Stéphane Duvernois devant l'installation de panneaux solaires d'une superficie totale de 214 mètres carrés ©Guillaume Roy.

Des systèmes hybrides

« C’est un des plus gros parcs solaires hors réseau au Québec », affirme Keven Ouellet, le propriétaire de Konergie, l’entreprise qui a fait l’installation du système. Selon l’utilisation et le niveau d’ensoleillement, la pourvoirie dispose d’une autonomie en énergie d’environ deux jours.

Comme ce fut le cas lors de l’installation d’une dizaine d’autres parcs solaires dans les pourvoiries isolées, une génératrice fait également partie du système. « L’énergie solaire permet de répondre à 90 % des besoins énergétiques », avise-t-il.

La capacité du système mis en place à la pourvoirie permet de répondre à ses besoins sans avoir à surdimensionner les installations. Ainsi, la génératrice n’est nécessaire que lors des grands froids en hiver ou de longues périodes sans soleil.

Keven Ouellet souligne que les nouvelles générations de panneaux solaires captent aussi les rayons de soleil qui sont réfléchis par la neige : « Ça augmente le rendement de 30 % ». L’énergie captée est emmagasinée dans un lot de 24 batteries de Volthium Énergie, une autre entreprise québécoise.

Avec les subventions offertes, la demande pour l’installation de parcs solaires est énorme dans les pourvoiries, si bien qu’il doit refuser plusieurs projets, faute d’avoir assez de personnel pour répondre à la demande.

Ces chiffres démontrent de manière très éloquente l’intérêt des pourvoyeurs et pourvoyeuses pour les énergies vertes et la réduction de leurs émissions de GES.
Bruno Dumont, directeur vie associative, développement durable et faune à la Fédération des pourvoiries du Québec

125 parcs solaires en 2 ans

Au cours des deux dernières années, ce sont 125 pourvoiries qui ont investi dans des systèmes de production d’énergie solaire grâce aux cinq appels à projets en lien avec la Mesure de soutien aux pourvoiries, remarque Bruno Dumont, directeur vie associative, développement durable et faune à la Fédération des pourvoiries du Québec. « Ces chiffres démontrent de manière très éloquente l’intérêt des pourvoyeurs et pourvoyeuses pour les énergies vertes et la réduction de leurs émissions de GES », souligne-t-il, ajoutant qu’un sixième appel à projets a été lancé le 29 janvier 2024.

Sans avoir compilé les données exactes à ce sujet, Bruno Dumont estime que plus de 50 % des 550 pourvoiries du Québec ont fait des investissements dans des systèmes de production d’énergie solaire au cours des 15 dernières années.

La mesure d’aide offerte par le gouvernement du Québec, gérée par la Fédération des pourvoiries du Québec, permet de financer 30 % du coût total du projet, alors que le programme ÉcoPerformance en couvre 50 %. Puisque les propriétaires de pourvoirie n’ont qu’à débourser 20 % du coût des installations, le délai de récupération du capital investi peut être aussi rapide que deux ou trois ans. Pour les gouvernements, ces programmes permettent de réduire les émissions de GES à la source de manière efficace. « C’est une solution facile pour réduire les GES avec une énergie verte », note Bruno Dumont.

Pour avoir l’heure juste, la Fédération des pourvoiries du Québec souhaite d’ailleurs faire un bilan des émissions de gaz à effet de serre dans son réseau avec les données de 2022, poursuit ce dernier. « Ça va nous permettre d’établir une cible de réduction pour 2030 », mentionne-t-il en ajoutant que les données seront disponibles à l’automne 2024.

Mine de rien, l’empreinte carbone des truites pêchées dans les rivières et des orignaux chassés dans les pourvoiries est en train de fondre sous le soleil.

©Guillaume Roy

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