Les parcs solaires, solution brillante pour le Québec?

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©Boralex
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Plutôt que de miser toujours et encore sur l’hydroélectricité, pourquoi ne pas prendre le virage des parcs solaires photovoltaïques, qui voient le jour partout à travers le monde, autant sur terre que sur l’eau?

Dans une ancienne carrière située dans le sud de la France, dans la commune de Peyrolles-en-Provence, la compagnie québécoise Boralex a construit une immense centrale comprenant plus de 43 000 panneaux solaires photovoltaïques. Sa puissance permet de fournir en électricité plus de 6400 résidences, en excluant le chauffage. Son originalité : il s’agit d’un parc solaire flottant, vaste de 12,6 ha, qui occupe une petite partie du lac artificiel de 80 ha ayant inondé cet ancien site industriel. Lors de son inauguration, à l’été 2022, cette installation était la deuxième de ce genre en importance, en France. 

Panneaux saolaires flottants à Peyrolles-en-Provence
©Boralex

Les avantages de cette centrale solaire sont nombreux : elle n’accapare pas des terres agricoles, elle permet de recycler un ancien site industriel et elle offre une production supérieure à la moyenne des parcs solaires terrestres. Pourquoi? « Une lame d’air circule en permanence entre l’eau et les panneaux solaires, ce qui les refroidit, augmentant leur productivité de 6 à 7 % », explique Romain Babilotte, responsable régional Sud-Est chez Boralex, dans une région où l’ensoleillement est excellent.

Au Québec, beaucoup plus qu’en Europe il va sans dire, on a des plans d’eau en masse, des sites industriels désaffectés à recycler et beaucoup d’espaces où il serait possible d’ériger des parcs solaires.

Mais pourrait-on s’inspirer de l’exemple de Peyrolles-en-Provence? Malheureusement, Unpointcinq n’a pu confirmer qu’un projet équivalent pourrait être implanté au Québec à court terme. Si les spécificités techniques du parc solaire de Peyrolles-en-Provence se transposent facilement ailleurs en France, Boralex n’a pas encore étudié cette possibilité pour les plans d’eau du Québec, où il faut notamment composer avec la neige et la glace.

Une composante du mix énergétique québécois 

Sur terre cependant, l’énergie solaire a de l’avenir, pense Karim Belmokhtar, expert chez Nergica, un centre de recherche en énergies renouvelables basé à Gaspé. Selon lui, le solaire prendra une part de plus en plus importante dans notre mix énergétique. Les raisons en sont simples : le coût de l’énergie solaire est en chute libre, car les panneaux solaires sont de moins en moins chers à fabriquer et leur performance ne cesse d’augmenter. Résultat : le coût de production mondial moyen des parcs solaires raccordés au réseau a baissé de 82 % de 2010 à 2019, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA)

Malgré sa position nordique, le Québec jouit d’une irradiation solaire intéressante par rapport à bien des régions du monde. « Si le Québec traîne de la patte, c’est en raison des tarifs très bas de l’hydroélectricité et du surplus énergétique d’Hydro-Québec depuis plusieurs années », dit Karim Belmokhtar.   

Mais ce surplus fond comme neige au soleil, ajoute l’expert, et devrait complètement disparaître vers 2026-2027 en raison de la croissance économique du Québec et de la transition énergétique. Dans son plus récent plan d’approvisionnement, Hydro-Québec prévoit une hausse de la demande d’électricité de 14 % de 2022 à 2032.  

Vers un premier grand parc solaire

Les parcs solaires commencent néanmoins à pointer leur nez au Québec. À des fins d’études, Hydro-Québec en a construit deux sur la Rive-Sud de Montréal. Et lors du dernier appel d’offres de la société d’État pour l’achat d’électricité de sources renouvelables, un projet de parc solaire de la compagnie Stace a été retenu pour analyse. Si elle voit le jour, cette centrale solaire d’une puissance de 32,4 mégawatts (MW) serait construite à Matane, sur un site d’enfouissement.

Avec l’utilisation de panneaux bifaces, construits à Trois-Rivières, qui produisent de l’énergie sur la face avant et arrière, la neige n’est plus un obstacle, mais devient même un atout, car elle réfléchit la lumière, ce qu’on appelle l’effet d’albédo. « Ce projet risque de devenir une vitrine pour le solaire au Québec », affirme Karim Belmokhtar.

Toutes les conditions pas encore réunies

Pour que le déploiement de centrales solaires s’accélère dans la Belle Province, les conditions ne sont toutefois pas entièrement réunies, affirme Alex Couture, vice-président, développement au Canada chez Innergex, un important producteur d’énergies renouvelables qui a des installations au Québec, au Canada, aux États-Unis, en France et au Chili.

« En ce moment, le solaire demeure un peu plus cher que l’éolien et l’hydroélectricité au Québec. Pour que cette filière se développe, il faudrait qu’Hydro-Québec lance des appels d’offres dédiés uniquement à l’énergie solaire et que les producteurs obtiennent également des incitatifs, comme des crédits d’impôt à la construction. Bref, le solaire a encore besoin d’un coup de pouce, comme au début de la filière éolienne dans les années 1990 », dit Alex Couture.

Outre l’hydroélectricité, l’avenir énergétique, à court terme, s’appuie toujours sur l’éolien, selon Hugues Girardin, premier vice-président et directeur général, Amérique du Nord, chez Boralex : « Au Québec, par rapport au solaire, l’éolien présente une bien meilleure adéquation entre le besoin et l’offre. En effet, l’éolien complète à merveille l’hydroélectricité, car il vente plus fort en hiver, période où il y a moins d’eau dans les réservoirs. »

À long terme, le solaire fera éventuellement son nid au Québec, prédisent nos intervenants. Et comme les pylônes électriques, les panneaux photovoltaïques feront alors partie du décor.

La construction des panneaux solaires, source de pollution?

Comme tout produit industriel, la fabrication des panneaux solaires photovoltaïques n’est pas climatiquement neutre. Toutefois, l’énergie verte produite par ces équipements, pendant leur durée de vie de 25 à 30 ans, compense largement le carbone émis lors de leur construction.

Leur impact environnemental se concentre à 99 % aux étapes de fabrication et d’installation, car la production d’électricité n’émet pas d’émissions. Donc, leur lieu de fabrication impacte fortement leur bilan carbone. Les panneaux made in China, produits avec de l’énergie provenant de centrales au charbon, affichent un bilan carbone plus lourd que les panneaux faits au Québec, par exemple.

Selon ce rapport de la Commission économique pour l’Europe des Nations unies, l’énergie solaire photovoltaïque génère de 8 à 83 g d’éq. CO2 /kWh. Cette grande variabilité de l’empreinte carbone s’explique par les différentes technologies de panneaux solaires actuellement sur le marché et leurs lieux de fabrication.

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