Amour, philanthropie et IA

Hugo Larochelle et sa conjointe, Angèle Saint-Pierre
array(26) { ["ID"]=> int(62361) ["post_author"]=> string(3) "118" ["post_date"]=> string(19) "2023-04-14 06:09:17" ["post_date_gmt"]=> string(19) "2023-04-14 10:09:17" ["post_content"]=> string(0) "" ["post_title"]=> string(26) "Amour, philanthropie et IA" ["post_excerpt"]=> string(328) "En décembre dernier, l’Université de Montréal a reçu un don de 1 million de dollars pour faire avancer la recherche en intelligence artificielle appliquée à la protection de l’environnement. Derrière cette somme généreuse se trouve un jeune couple québécois désireux d’offrir un monde meilleur à leurs filles." ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(33) "philanthropie-recherche-ia-climat" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2023-04-13 17:47:12" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2023-04-13 21:47:12" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(30) "https://unpointcinq.ca/?p=62361" ["menu_order"]=> int(0) ["post_type"]=> string(4) "post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["header"]=> string(4) "blog" ["displayCategories"]=> bool(true) }
Hugo Larochelle et sa conjointe, Angèle Saint-Pierre ©Courtoisie

En décembre dernier, l’Université de Montréal a reçu un don de 1 million de dollars pour faire avancer la recherche en intelligence artificielle appliquée à la protection de l’environnement. Derrière cette somme généreuse se trouve un jeune couple québécois désireux d’offrir un monde meilleur à leurs filles.

Avant la philanthropie, il y a eu l’amour. Pour Hugo Larochelle et Angèle Saint-Pierre, tout a commencé lors de leurs études en sciences de la nature au Cégep de Saint-Hyacinthe.

« Angèle dit que j’ai attiré son attention par mon rendement scolaire et mon sens de l’humour, fait-il remarquer. Et j’ai été marqué par le fait qu’elle partageait le même intérêt que moi pour des émissions américaines peu connues par les Québécois, notamment Whose Line Is It Anyway? »

Cette complicité a grandi au fil du temps, et les deux tourtereaux ont commencé à se fréquenter après le cégep. Ils ont ensuite entrepris des études supérieures, lui en sciences informatiques et elle en biologie animale.

Grâce au don du couple Larochelle-Saint-Pierre, l’Université de Montréal approfondira ses recherches sur l’intelligence artificielle (IA) en remettant chaque année une bourse à un étudiant ou une étudiante au doctorat qui se penchera r la façon dont l’IA peut contribuer à la protection de l’environnement.

La carrière d’Hugo Larochelle a pris son envol après un stage au laboratoire du professeur émérite Yoshua Bengio, récemment désigné colauréat d’un prix Turing, sorte de prix Nobel de l’informatique. C’est là que le scientifique originaire de Val-des-Sources a été immergé pour la première fois dans le monde de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique.

« J’ai ensuite fait un passage direct au doctorat, sous la supervision de M. Bengio, mentionne-t-il. J’ai alors eu la chance de faire partie de la première cohorte d’étudiants lors de l’émergence de l’apprentissage profond (deep learning) en IA. Cela m’a permis de faire un postdoctorat avec le professeur Geoffrey Hinton à l’Université de Toronto. »

Grâce à sa recherche, Hugo Larochelle a cofondé une petite entreprise en IA (Whetlab), qui fut rapidement acquise pour plusieurs millions de dollars par Twitter. Il a ensuite été engagé par Google avec le mandat de bâtir une équipe de recherche scientifique en IA située à Montréal, emploi qu’il occupe encore à ce jour.

Parallèlement au parcours de son conjoint, Angèle Saint-Pierre a terminé une maîtrise en sciences biologiques, portant plus précisément sur le comportement animal, avant de mettre sa carrière sur pause pour se consacrer à la famille. Une manière pour elle de permettre à son conjoint « d’aller au bout de son cheminement ».

« Après quatre enfants et plusieurs déménagements, ma place était auprès des enfants, pour assurer un environnement favorable à leur développement », explique-t-elle.

Le couple de philanthropes a décidé de s’installer sur la Rive-Sud (Montréal) même si le domaine d’emploi d’Hugo Larochelle aurait pu l’amener n’importe où dans le monde. Pourquoi? Pour les enfants notamment.

« Nous sommes très près de nos familles, nous voulons que nos filles grandissent entourées de leurs grands-parents et de leurs cousines, et la grande majorité de nos familles habitent en banlieue de Montréal », explique Angèle Saint-Pierre.

Le couple avait également fait un don de 800 000 $ à l’Université de Sherbrooke en 2019 ©François Lafrance
Le couple avait également fait un don de 800 000 $ à l’Université de Sherbrooke en 2019 ©François Lafrance

Avoir des enfants renforce notre vision, mais ne la change pas. Nous trouvions déjà important de trouver des solutions aux problèmes climatiques plus jeunes. Mais oui, c’est clair que nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants et leurs enfants.

Angèle Saint-Pierre

Utiliser ses privilèges pour faire avancer les choses

Maintenant considéré comme l’un des principaux cerveaux de Google Brain à Montréal, Hugo Larochelle dit se sentir redevable à l’université qui a joué un important rôle dans sa carrière. Le couple est aussi conscient que son aisance financière est un grand privilège.

« Je me considère privilégié d’avoir bénéficié de l’enseignement de M. Bengio, dit-il. J’y vois là l’origine et la cause principale de la majorité de mon succès professionnel dans ma carrière. Ce succès m’a permis de bénéficier d’emplois aux salaires généreux. Ainsi, il me semblait naturel de redonner à mon alma mater. »

« Beaucoup de personnes et de causes dans le monde ont vraiment besoin d’argent, certainement plus que nous, alors nous faisons des dons de façon régulière, expliquait Angèle Saint-Pierre lors de l’annonce du don. Nous espérons que le don incitera d’autres personnes ayant des moyens similaires à faire un geste audacieux. »

Et le choix de financer la recherche en intelligence artificielle et protection de l’environnement n’est pas un hasard. La crise climatique est au cœur des préoccupations des jeunes parents.

« Avoir des enfants renforce notre vision, mais ne la change pas, précise la biologiste. Nous trouvions déjà important de trouver des solutions aux problèmes climatiques plus jeunes. Mais oui, c’est clair que nous voulons un avenir meilleur pour nos enfants et leurs enfants. »

« On a encore beaucoup de chemin à faire, et le temps presse, mais au moins, maintenant, l’inactivité est critiquée plus largement dans la société. »

L’importance de la conscientisation à la maison

Hugo Larochelle et Angèle Saint-Pierre portent une grande attention à l’éducation environnementale de leurs quatre filles, que ce soit en discutant ou en posant des gestes concrets dans leur vie.

« Tous les gestes comptent chez nous, dans la mesure du possible. Nous leur expliquons pourquoi nous faisons certains choix de vie, par exemple d’avoir choisi la géothermie dans notre maison, d’avoir une voiture hybride plug-in, une seule voiture pour toute la famille, d’utiliser le transport en commun, de couper complètement la viande rouge de notre épicerie, etc. »

Pour les mécènes, il est évident que la société aura besoin des prochaines générations pour poursuivre les actions mises en place contre les problèmes environnementaux.

« Je trouve important que nos enfants soient conscientisés dès maintenant alors qu’ils sont encore jeunes, pour que cette conscience environnementale grandisse avec eux et qu’elle fasse partie intégrante de leur réalité », souligne Angèle Saint-Pierre.

Alors que l’intelligence artificielle soulève beaucoup de questions éthiques depuis quelques semaines, notamment avec ChatGPT, Hugo Larochelle assure que son développement peut avoir un impact positif dans la lutte contre les changements climatiques.

« Un exemple est le système AlphaFold de DeepMind (entreprise affiliée à Alphabet [Google]) pour la prédiction de la structure des protéines et son impact immense dans le domaine de la biologie, mentionne-t-il. J’ai bon espoir que l’IA pourra continuer à produire de telles technologies d’assistance à la découverte scientifique dans plusieurs autres domaines liés à la protection de l’environnement et au développement durable. »

Que ce soit par l’entremise de leur travail ou de leur vie de famille, le couple veut faire une différence là où ça compte. Une manière pour lui de transformer ses privilèges en quelque chose de positif pour l’avenir.

Suivez-nous sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram. Abonnez-vous à notre infolettre