Deux entreprises de nettoyage à sec de vêtements du Lac-Saint-Jean font preuve d’imagination pour réduire leur impact sur le climat. Voici comment!
Établi à Saint-Félicien, Nettoyeur FB mise sur la location de vêtements pour réduire la consommation de textiles. « Notre concept, c’est de s’occuper du nettoyage et de l’entretien de vêtements de travail et de les louer à des entreprises », explique Patrice Bouchard, propriétaire de l’entreprise qui compte parmi ses clients la Fromagerie Perron et l’épicier Métro.
Le concept de Nettoyeur FB s’inscrit dans la mouvance de développement durable visant à optimiser l’utilisation des ressources en misant sur la location d’un bien ou d’un service plutôt que sur la propriété individuelle. « La location revient moins cher que l’achat pour le client, car des vêtements bien entretenus ont une durée de vie deux fois plus longue », signale Patrice Bouchard. En allongeant la durée de vie des vêtements, on réduit la production d’uniformes, ce qui diminue les émissions de gaz à effet de serre (GES).
Par exemple, une trop grande quantité de savon ou un séchage inadéquat peut faire en sorte que les tissus s’abîment plus rapidement. Que ce soit la quantité de détergent, la durée de l’essorage, la technique de séchage, rien n’est laissé au hasard, et toutes les consignes du fabricant sont scrupuleusement respectées. Nettoyeur FB optimise aussi le suivi de la durée de vie des vêtements avec des puces informatiques qui permettent notamment de savoir combien de fois ils ont été lavés. Les données récoltées pourront aider à créer des mesures optimales d’entretien des vêtements.
De plus, Nettoyeur FB a fait l’acquisition de 1200 housses à vêtements lavables en polyester (pour assurer la désinfection) afin de réduire le plus possible l’utilisation des traditionnelles housses en plastique jetables. Ça fera ça de moins dans les bacs à recyclage ou les dépotoirs!
La location revient moins cher que l’achat pour le client, car des vêtements bien entretenus ont une durée de vie deux fois plus longue.
Dehors le propane!
Tout comme Nettoyeur FB, Nettoyeur Net Plus, situé à Normandin, loue des uniformes de travail et offre un service de réparation pour prolonger la vie des habits. Son objectif : mettre en valeur les services de nettoyage à sec en incitant ses clients à acheter des vêtements de qualité et à en prendre soin. « Avant de jeter un vêtement, venez nous voir et notre service de couturière pourra lui redonner une deuxième vie pour une dizaine de dollars », dit Guillaume Lord, président de l’entreprise familiale dont il prend progressivement la relève.
Avant-gardiste, cette entreprise a aussi cessé d’utiliser depuis longtemps le gaz propane et le mazout comme principales sources d’énergie pour chauffer ses installations et produire la vapeur nécessaire au nettoyage à sec. Sa chaudière vapeur est plutôt alimentée par des granules de bois, une énergie renouvelable issue de la biomasse forestière.
« C’est une décision que mon père a prise en 2011 et, à ma connaissance, nous sommes toujours les seuls nettoyeurs au Québec à utiliser la biomasse forestière », lance fièrement Guillaume Lord.
Avec le volume d’affaires actuel, Nettoyeur Net Plus consommerait environ 8400 litres (L) de mazout et 3500 L de propane par mois. Aujourd’hui, l’entreprise consomme plutôt entre 16 et 18 tonnes (t) de granules de bois fabriqués à une vingtaine de kilomètres de là, par Granules LG, à Saint-Félicien. Ce combustible écologique est produit à partir de résidus de bois provenant des scieries locales. Les granules sont brûlées dans une chaudière qui produit de la chaleur et de la vapeur.
Comme elle fait partie du cycle du carbone forestier, la biomasse forestière propose des réductions de GES intéressantes, selon le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), surtout lorsqu’elle remplace des énergies fossiles (voir encadré).
Biomasse forestière : comment ça marche?
L’utilisation de la biomasse forestière au lieu de combustibles fossiles pour produire de l’énergie permet de réduire les émissions de GES. Cependant, au début de la transition, la biomasse génère une dette carbone : ses émissions dépassent celles des combustibles fossiles. Après plusieurs années, cette dette s’annule et les avantages climatiques s’accumulent avec le temps, pendant la durée de vie du projet.
De plus, la biomasse forestière a le potentiel de contribuer à l’atteinte d’objectifs sociaux et économiques, comme l’autonomie énergétique du Québec, la réduction des frais liés au chauffage institutionnel, la création ou le maintien d’emplois en région, l’augmentation de la viabilité du secteur forestier par la création d’un nouveau produit et la récupération accrue des déchets, selon un avis scientifique du ministère des Ressources naturelles du Québec.
Cette conversion écologique a permis d’éviter le rejet de 343 t de GES par an, l’équivalent de 15 allers-retours entre Montréal et Vancouver en voiture. « Nous savons que nous avons eu un impact considérable sur les émissions de GES, en plus d’avoir diminué notre facture énergétique », ajoute Guillaume Lord, précisant que les coûts d’entretien de la chaudière à biomasse sont toutefois plus élevés. « Nous sommes encore aujourd’hui très fiers et satisfaits de cet investissement régional et écologique qui favorise le développement durable et le marché local. » Au lieu d’acheter des carburants fossiles qui proviennent de l’extérieur de la province, voire du pays, Nettoyeur Net Plus encourage plutôt une entreprise du coin qui transforme une ressource renouvelable.