Michel Pigeon, l’arrière-grand-père qui ne comptait pas s’arrêter

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Michel Pigeon donnant une conférence dans un cégep. Photo de courtoisie
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Ingénieur, enseignant, recteur, député… avec un parcours aussi exceptionnel, Michel Pigeon aurait pu ralentir, à la retraite. Mais c’était sans compter sur sa passion du climat, de la rencontre et de la jeunesse.

« Qu’est-ce que je peux faire, moi, pour mes petits-enfants et pour ceux qui vont suivre? » se demande l’ancien recteur de l’Université Laval, Michel Pigeon, à quelques mois de ses 80 ans. Pas ralentir, c’est certain. Personne ne lui en aurait pourtant tenu rigueur, vu sa remarquable carrière. Michel Pigeon a tout de même été professeur en génie civil, spécialiste du béton, recteur (2002-2007), puis député à l’Assemblée nationale (2008-2012).

Mais non. À 69 ans, il s’est lancé dans une maîtrise, puis dans un doctorat en sociologie de l’environnement. À 77 ans, il publiait ses résultats dans le livre Les jeunes et les changements climatiques – Quels choix de société? (2023). Depuis, il continue sa collecte de données et offre des conférences sur ses constats.

Même s’il le fait pour sa propre curiosité, il aimerait « permettre à tous ceux et celles qui ont des décisions à prendre de savoir ce que les jeunes veulent et pourquoi ils le veulent face aux changements climatiques. Les jeunes sont les premiers concernés par l’avenir de notre civilisation! »

Le chantre de la formation continue

Certes, mais pourquoi reprendre les études? « D’abord, pour le plaisir de la connaissance. Apprendre, ça rend heureux. Ensuite, pour le défi. Je voulais montrer que j’étais capable de faire un deuxième doctorat. Finalement, c’est pour l’utilité sociale de la recherche. Je pense que je dois utiliser au mieux mes propres capacités pour aider la société. Pour moi, c’est faire de la recherche et de la sensibilisation. »

Michel Pigeon incarne donc ce qu’il a voulu favoriser lorsqu’il était à la tête de l’Université Laval : la formation continue, et ce, toute la vie!

«À ma collation des grades, j’étais un étudiant qui a eu son diplôme. » Il l’a reçu des mains de la rectrice Sophie d’Amours, qu’il connaît si bien qu’il la considère un peu comme sa fille! Photo de courtoisie

Un tournant?

On pourrait penser que ce virage environnemental ne va pas de soi pour un ingénieur civil. Mais les graines ont été semées très tôt.

Dès son retour d’Angleterre, en 1970, sa belle-mère trouvait que lui et son épouse, Marie-José des Rivières, parlaient beaucoup… d’environnement. « On avait baigné dans des systèmes sociaux et éducationnels qu’on trouvait intelligents, se remémore celui qui a terminé sa deuxième maîtrise à 72 ans. Marie-José a accouché là-bas. Elle avait toutes les protections sociales et pouvait être prise en charge dans l’équivalent des CLSC qui existaient depuis longtemps là-bas. Ce dont on parlait étonnait les gens d’ici. On avait l’air de dire que c’était mieux, et ça, ça ne passait pas trop bien! »

C’est dans ce contexte qu’il se souvient d’avoir vu passer, en 1972, la publication du rapport Les limites de la croissance du Club de Rome, puis, en 1987, le Rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’Organisation des Nations Unies. En 1992, c’était la Déclaration de Rio de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement. À cette époque, il menait des recherches sur le béton avec l’intention première de construire durablement.

Photo de courtoisie

« Si ce qu’on construit dure deux fois plus longtemps, on économise beaucoup de ressources, précise-t-il. Aussi, ça commençait à se parler d’utiliser des sous-produits dans le béton pour utiliser le moins de ciment possible. » Mais les gaz à effet de serre ne faisaient pas encore partie de la réflexion.

L’art de rester conséquent

À bientôt 80 ans, Michel Pigeon continuer à circuler essentiellement en bus. Photo de Mélanie Robitaille

En 1989, son épouse commence un nouvel emploi dans un secteur où elle doit se rendre en voiture. Hors de question d’en acquérir une seconde : « C’était une surutilisation de ressources. Je lui ai laissé la voiture et c’est à partir de là que j’ai eu ma passe d’autobus. »

Le couple avait choisi, plusieurs années plus tôt, d’établir la famille dans une maison plus petite, à proximité du réseau de transport en commun, pour assurer l’autonomie de leurs filles dans leurs déplacements. Finalement, il en aura lui-même profité. Il a ainsi partagé ses allées et venues avec la communauté étudiante alors qu’il était professeur! Disons que ça détonnait, à l’époque.

L’absorption à long terme

Monsieur Pigeon se souvient d’avoir demandé à sa première fille, au tournant du millénaire, s’il lui avait déjà parlé d’environnement. Celle-ci lui a répondu aussitôt : « Ça fait des années que tu n’arrêtes pas d’en parler! » Il en conclut donc que, toute sa vie, sa sensibilité sociale et environnementale l’a habité de plus en plus, « comme une espèce d’absorption à long terme ».

Il avait déjà commencé à lire ardemment sur l’environnement en 2007. Après son mandat de député en 2012, sa fille, devenue professeure, lui a simplement proposé de s’orienter en sociologie, elle qui évolue en sociologie de la santé. Elle l’a guidé dans ses lectures. Puis est arrivée cette invitation d’un ami à suivre son cours en sociologie de l’environnement. Cela a débouché sur le début de sa maîtrise, et la suite. Il s’exclame : « En classe, j’étais comme j’étais il y a 50 ans! À ma collation des grades, j’étais un étudiant qui a eu son diplôme. » Il l’a reçu des mains de la rectrice Sophie d’Amours, qu’il connaît si bien qu’il la considère un peu comme sa fille!

Après la finalisation de sa recherche cet automne, Michel Pigeon souhaite se lancer dans un nouveau projet. Celui qui sera bientôt arrière-grand-père veut demeurer utile en matière de lutte contre les changements climatiques.

« J’ai défendu ma thèse dans la salle du Conseil où il y avait mon portrait de recteur, précise Michel Pigeon en rigolant. C’est quand même particulier! » Photo de courtoisie

Accepter, demander et militer

Quel est son message pour les gens de sa génération?

« Je vous dis un mot. Un seul. Acceptez. Acceptez que la vie va changer. La deuxième étape, pour ceux qui veulent aller plus loin, c’est de demander le changement. Et je vous dirais, le troisième élément, c’est de militer pour le changement. Mais, ce que je dis d’abord, c’est juste d’accepter. »

En plus d’accepter, il considère que son vote « pour les partis politiques qui ont une philosophie environnementale réelle» est une manière de demander. N’est-il pas aussi un militant? « Je n’irais pas m’enchaîner à une plateforme de forage sur la mer du Nord, répond-il spontanément. J’ai toujours froid! »

Mais militer, n’est-ce pas simplement s’engager pour une cause? Il concède : « Alors, si ce que je fais, c’est ça, militer, bien, d’accord! »

 

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