Claire Warmels : placer les jeunes au cœur des décisions

Claire Warmels, lauréate du Prix InspirationnELLE de la Fondation Y des femmes
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Claire Warmels, lauréate du Prix InspirationnELLE de la Fondation Y des femmes ©Courtoisie Claire Warmels
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Le Québec bouillonne de jeunes leaders en environnement. Dans le lot, Claire Warmels mène un combat pour que les jeunes générations soient non seulement entendues, mais aussi considérées dans les décisions politiques. La gagnante du Prix InspirationnELLE de la Fondation Y des femmes a répondu à nos questions.

Claire Warmels a toujours été impliquée dans des causes qui lui tiennent à cœur. Maintenant chargée de projet de Génération climat Montréal, elle codirige une campagne pour une plus grande représentation des jeunes dans les processus décisionnels provinciaux en matière d’environnement.

Quand on regarde ton parcours, on remarque que les causes environnementales sont importantes pour toi depuis longtemps. D’où vient cette conscience écologique?

La nature a toujours eu une place importante dans ma vie. Quand j’étais jeune, je jouais au hockey dehors [dans le temps où les hivers le permettaient, fait-elle remarquer], l’été, je jouais au soccer à l’extérieur. Mon père me rappelle aussi qu’il y avait des moments où je m’isolais dans la nature. Mais avec du recul, je pense que je tenais tout ça pour acquis.

Et puis, en grandissant , j’ai vu les conditions climatiques devenir de plus en plus extrêmes. Mes matchs de soccer étaient annulés l’été parce qu’il faisait trop chaud. Ça m’a frappée! Les choses allaient continuer à changer radicalement. Je me suis dit que je voulais trouver une manière de m’impliquer pour faire une différence.

Peux-tu nous parler de ton engagement à Génération climat Montréal?

C’est un projet initié par les YMCA du Québec en 2021. L’objectif est d’amplifier la voix des jeunes Québécois et Québécoises lors des sommets sur l’environnement. Avec l’aide de nos partenaires, on envoie des jeunes aux événements, tels que la COP ou la COP biodiversité, en plus de faire campagne pour améliorer l’accès des jeunes au milieu décisionnel en termes d’environnement au Québec.

Justement, plongeons dans le vif du sujet. Les jeunes générations sont-elles suffisamment représentées dans les processus décisionnels concernant l’environnement?

Mon constat est qu’il existe un certain déficit démocratique non seulement au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde. La représentativité des jeunes dans les décisions politiques n’est pas du tout proportionnelle au nombre de jeunes dans la société; il y a un déséquilibre. Bien qu’il y ait beaucoup d’alliés dans la classe politique, je dois le dire, il y a des barrières évidentes. L’une d’elles est le fait que les réflexions politiques sont ancrées dans des cycles électoraux de quatre ans. Les décideurs et décideuses ne peuvent pas prendre des engagements qui tiennent compte des coûts et bénéfices à long terme.

Concrètement, quelles sont les pistes de solution que vous suggérez pour améliorer la situation?

On veut une meilleure justice intergénérationnelle; il faut tendre une perche aux jeunes. Selon nous, un des moyens de s’attaquer à cet enjeu serait la création d’un comité conseil jeunesse permanent sur le climat à l’Assemblée nationale du Québec. Le comité serait indépendant du gouvernement et des cycles électoraux, il serait représentatif de la diversité des jeunes du Québec, en faisant une place aux jeunes des Premières Nations notamment, et il serait financé pour avoir les moyens de tenir des consultations jeunesse à l’échelle de la province. Les comités jeunesse ne sont pas quelque chose de nouveau : il y a déjà eu des exemples au fédéral et même au Québec (dans le passé), mais on voudrait que celui qu’on imagine soit concentré spécifiquement sur les enjeux environnementaux.

Pourrions-nous voir la création de ce comité dans un avenir pas si lointain?

Notre théorie du changement passe par la collaboration avec le pouvoir en place. On veut travailler avec les décideurs et décideuses, peu importe leur affiliation politique. En 2022, on a réussi à faire passer une motion à l’Assemblée nationale explorant la création d’un comité jeunesse permanent sur le climat. Cette année, on a eu des rencontres avec le gouvernement, le ministre de l’Environnement a même parlé publiquement de l’éventuelle création d’un comité jeunesse.

On attendait avec fébrilité la mise à jour du Plan pour une économie verte en mars dernier, mais il y a eu très peu d’annonces favorables à notre projet. On s’est remonté les manches après cela et on a continué notre travail, en lançant notamment une pétition. En novembre dernier, le Secrétariat à la jeunesse* a mentionné la création du comité jeunesse permanent dans ses constatations officielles. Pour nous, c’était une petite victoire parce que ça nous permettait de préparer la suite (et légitimer encore plus le projet). À suivre.

Certains événements, comme la présentation de la COP28 aux Émirats arabes unis, alimentent beaucoup le cynisme ambiant. Comment peut-on surmonter ce sentiment, en particulier chez les jeunes?

J’ai participé à trois COP jusqu’à maintenant; je reviens toujours avec un mélange d’émotions. C’est certain que, parfois, je suis découragée par toute l’énergie qu’on doit consacrer pour faire bouger les choses, ne serait-ce que de quelques centimètres. En 2022, à la COP27 en Égypte, j’ai protesté contre la présence des pétrolières canadiennes dans le pavillon du Canada. Je comprends que les gens soient cyniques. Mais personnellement, je considère que the stakes are too high [l’anglais est sa langue maternelle] pour laisser le cynisme gagner. Oui, c’est difficile, mais plus on sera nombreux et nombreuses, plus notre ambition climatique sera entendue.

Une grande question maintenant : te sens-tu optimiste pour l’avenir?

Ça varie, mais oui en général (Rires.) Un truc qui me donne espoir est que nous avons des alliés dans des endroits insoupçonnés. Nous faisons aussi des progrès concrets, je fais juste penser au comité jeunesse permanent, qui est passé d’une idée à une possibilité réelle en moins de deux ans. Les choses avancent lentement, mais elles avancent.

* Créé en 1983, le Secrétariat à la jeunesse joue le rôle de pont entre les revendications jeunesse et le gouvernement au pouvoir. Il est sous la responsabilité du ou de la ministre de la Culture et des Communications et ministre responsable de la Jeunesse.

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