4 500 km de course à pied et de battements d’ailes pour la biodiversité

array(26) { ["ID"]=> int(72009) ["post_author"]=> string(2) "24" ["post_date"]=> string(19) "2024-01-22 06:52:30" ["post_date_gmt"]=> string(19) "2024-01-22 11:52:30" ["post_content"]=> string(0) "" ["post_title"]=> string(77) "4 500 km de course à pied et de battements d’ailes pour la biodiversité" ["post_excerpt"]=> string(435) "Pendant trois mois, Anthony Battah a couru 4 500 km sur la route migratoire des papillons monarques, reliant Montréal jusqu’à la Réserve de biosphère du papillon monarque, au Mexique. Son but : sensibiliser le grand public sur le déclin de cet insecte et de la biodiversité en général. Une aventure qu’il a terminée avec succès le 1er novembre. Portrait d’un avocat qui veut provoquer le changement. " ["post_status"]=> string(7) "publish" ["comment_status"]=> string(6) "closed" ["ping_status"]=> string(6) "closed" ["post_password"]=> string(0) "" ["post_name"]=> string(70) "4500-km-de-course-a-pied-et-de-battements-d-ailes-pour-la-biodiversite" ["to_ping"]=> string(0) "" ["pinged"]=> string(0) "" ["post_modified"]=> string(19) "2024-01-24 10:31:50" ["post_modified_gmt"]=> string(19) "2024-01-24 15:31:50" ["post_content_filtered"]=> string(0) "" ["post_parent"]=> int(0) ["guid"]=> string(31) "https://unpointcinq.ca/?p=72009" ["menu_order"]=> int(0) ["post_type"]=> string(4) "post" ["post_mime_type"]=> string(0) "" ["comment_count"]=> string(1) "0" ["filter"]=> string(3) "raw" ["header"]=> string(4) "blog" ["displayCategories"]=> bool(true) }
Anthony Battah à Mexico. ©UTM; Ville de Mexico (MEX)

22 janvier 2024 - Simon Diotte, Coureur des bois dans l'âme

Pendant trois mois, Anthony Battah a couru 4 500 km sur la route migratoire des papillons monarques, reliant Montréal jusqu’à la Réserve de biosphère du papillon monarque, au Mexique. Son but : sensibiliser le grand public sur le déclin de cet insecte et de la biodiversité en général. Une aventure qu’il a terminée avec succès le 1er novembre. Portrait d’un avocat qui veut provoquer le changement.

Réchauffement climatique, dégradation de la nature, chute de la biodiversité. Depuis des années, Anthony Battah est découragé par l’état de notre planète. Devant ce constat, cet avocat, propriétaire de son propre cabinet juridique avec sa femme, cherchait un moyen de s’impliquer dans la cause environnementale, sans trouver chaussure à son pied. Puis à l’été 2022, c’est le déclic. Aéroports de Montréal rase ce qu’on appelle le « champ des monarques », un vaste espace vert de 19 hectares où pousse de l’asclépiade, la plante qui constitue la seule et unique source d’alimentation de ce papillon noir et orange, une espèce considérée en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Révolté par cet acte, l’avocat montréalais décide de s’engager pour la protection de cet insecte, considéré comme un symbole mondial de biodiversité. « Je découvre que les monarques sont de véritables marathoniens, qui parcourent chaque année des milliers de kilomètres pour se rendre à leur aire d’hivernage au Mexique », dit-il. Passionné de course longue distance, Anthony veut suivre leur trajet migratoire, histoire de conscientiser la population et les décideurs et décideuses politiques aux menaces qui pèsent sur cet insecte volant et sur la chute vertigineuse de la biodiversité. « Comme les marathoniens, les monarques ont besoin de points de ravitaillement en chemin. Le problème, c’est que ces ravitos disparaissent en raison de la perte d’habitat naturel », indique le Montréalais.

 Ce qui me motivait, c’était ma volonté de passer à l’action, de prêter ma voix à la cause environnementale. Car si nous continuons comme cela, l’humanité va frapper un mur. Je considère mon sacrifice comme un investissement en l’avenir.Anthony Battah

« Un défi fou digne de l’ampleur du problème »

Rapidement, l’avocat et sa femme, Nancy Lapointe, parents d’une fille qui a aujourd’hui 10 ans, lancent l’Ultra-Trail Monarque (UTM), une course dont le départ est donné le 29 juillet, jour où commence normalement la migration des papillons monarques. Le but : parcourir leur chemin migratoire en même temps qu’eux. Un challenge titanesque étalé sur trois pays (Canada-États-Unis-Mexique) en trois mois, en courant en moyenne 50 km par jour, principalement sur les accotements routiers, affrontant une surface bosselée, craquelée et inclinée, tout en étant frôlé de façon constante par les poids lourds. « Un défi fou digne de l’ampleur du problème », explique l’avocat, qui a fêté son 40e anniversaire le 12 septembre, à mi-parcours.

Le couple se sacrifie pour la cause. Ils doivent organiser toute la logistique, qui sera principalement le domaine de Nancy Lapointe, puis trouver des partenaires, créer un organisme pour amasser des fonds et préparer la relève au bureau pendant leur longue absence. Tout en travaillant, Anthony entreprend son entraînement complet, exigeant de mettre sur pause sa vie sociale. « Ce qui me motivait, c’était ma volonté de passer à l’action, de prêter ma voix à la cause environnementale. Car si nous continuons comme cela, l’humanité va frapper un mur. Je considère mon sacrifice comme un investissement en l’avenir », précise Anthony Battah, un natif de Joliette.

Les trois premières semaines de course sont difficiles. Malgré un entraînement encadré par des spécialistes, le corps d’Anthony rechigne à galoper 50 km jour après jour. « Pendant trois semaines, mon corps et mon mental tentaient le tout pour le tout pour me convaincre d’abandonner », raconte-t-il. Mais sa volonté de réussir ne le freine pas. Par la suite, mis à part quelques douleurs, plus rien de majeur ne va dévier de sa trajectoire. « C’était difficile, mais j’étais en mission. Chaque matin, dès que je commençais à courir, la motivation revenait », raconte Anthony Battah. Nancy Lapointe suit son coureur de mari en véhicule récréatif, prenant sur son dos les ravitaillements et les itinéraires. Sans elle, rien n’aurait été possible. En plus, l’avocate en « sabbatique » faisait l’école à la « maison » à sa fille Laurence.

Anthony Battah, lors du lancement officiel de son Ultra-Trail Monarque. ©Simon Diotte
Anthony Battah, lors du lancement officiel de son Ultra-Trail Monarque. ©Simon Diotte

« Son exemple démontre que chaque individu peut faire sa part »

En chemin, l’UTM attire l’attention des médias locaux. Des gens courent et l’encouragent. Dans les 200 derniers kilomètres, de Mexico au point d’arrivée à Cerro Pelón, un important site d’hivernage des papillons monarques, une équipe d’écologistes ouvre la voie à une arrivée triomphale de village en village. C’est la fête. Il termine sa course nord-américaine le 1er novembre, le jour de la fête des Morts, une importante tradition au Mexique. « Dans les communautés locales, le retour des papillons monarques signifie le retour des âmes mortes », spécifie Anthony Battah.

Depuis son lancement, l’UTM a amassé 45 000 dollars, fonds qui seront remis à des organisations travaillant à la sauvegarde de cette espèce, dont l’Insectarium de Montréal. Le défi a aussi convaincu plusieurs municipalités de devenir Ville amie des monarques, ce qui implique la mise en place des mesures visant la restauration des habitats de ce papillon. Anthony Battah a aussi profité de la vitrine médiatique pour diffuser son combat pour la biodiversité au Canada et aux États-Unis.

Maxim Larrivée, directeur de l’Insectarium de Montréal, institution qui a appuyé l’UTM et y a collaboré, croit que l’exploit d’Anthony Battah a un effet très mobilisateur. « Son exemple démontre que chaque individu peut faire sa part. Que par de petits gestes quotidiens, un pas à la fois, on peut réaliser de grandes choses en matière de protection de l’environnement. Plus important encore, il donne de l’espoir », signale l’entomologiste.

« Défendre la biodiversité est un parcours du combattant »

 
L’ultramarathonien, qui souhaite devenir une source d’inspiration en matière de dépassement de soi et de protection de l’environnement, n’a pas atteint tous ses objectifs de départ en ce qui a trait à la visibilité et à la collecte de fonds, mais il ne baisse pas les bras. « Défendre la biodiversité est un parcours du combattant, car il existe une certaine apathie envers la cause environnementale. On préfère prêter l’oreille à des sujets qui nous remettent moins en question », constate-t-il.

Anthony Battah court dans la neige
Anthony Battah ©Alexi Hobbs

N’empêche, cette longue course l’a convaincu encore plus de se retrousser les manches. Autrement dit, l’activiste-juriste n’a pas fini son plaidoyer pour les monarques, la protection de la biodiversité et la lutte contre les dérèglements climatiques. « Ce n’est qu’un commencement », promet-il. En plus du documentaire à venir, Anthony Battah a d’autres projets en tête. À suivre.

©UTM; Zitácuaro (MEX)
©UTM; Zitácuaro (MEX)

Suivez-nous sur Facebook, Twitter, LinkedIn et Instagram. Abonnez-vous à notre infolettre