Préparer l’Halloween tout en limitant son empreinte carbone, c’est l’fun en diable pour une famille de Chambly qui fait rimer « réduire » avec « plaisir ». Décorations, costumes, bonbons : voici ses trucs.
Le soir tombe quand j’arrive à Chambly, sur la rive sud de Montréal. Je marche sur une paisible rue résidentielle quand, soudain, un cri perçant s’échappe de la maison vers laquelle je me dirige. Devant moi, la porte s’ouvre brusquement… sur le sourire et le souffle haletant de la jeune trentenaire Majyrel Charron-Therrien qui tient, dans ses bras, la petite Violette, 1 an. Derrière elle, le party est pogné : ce soir, c’est atelier citrouille dans le salon de la maison qu’elle partage avec son conjoint Étienne Brizard et leurs trois enfants. D’où le cri d’excitation!
Les deux aînés, Lionel, 5 ans, et Yvonne, 4 ans, sont déjà attablés avec leurs pots de peinture pour colorer les fameuses courges. Une étape incontournable d’une Halloween que la famille se fait un point d’honneur de célébrer année après année tout en évitant la surconsommation.
Barbouille ta citrouille
Les citrouilles qui serviront à décorer l’entrée de la maison n’ont pas parcouru la moitié de la planète avant d’atterrir entre les mains des enfants : elles ont poussé dans le jardin! « Des fois, on en a cinq. Cette année, j’en ai juste trois… , mais pour trois enfants, c’est parfait! » remarque Majyrel. Ce soir, elles prendront des couleurs. « On les peinture [sans les ouvrir] parce que si je mets une chandelle dedans, la chair se gâte et on ne peut plus les manger après. »
Car dans les jours suivants, la jeune maman coupe les grosses courges, les cuit avant d’en gratter la chair pour la conserver au congélateur. « On a une recette de sauce qu’on aime bien », poursuit Majyrel, qui récupère également des citrouilles chez ses voisins.
Pour le reste de la décoration, la jeune femme opte pour quelques lumières et une couronne maison faite de feuilles et de maïs. « Des trucs que j’avais », dit-elle. Elle récupère aussi les autocollants de son enfance – que sa tante distribuait à tour de bras à l’Halloween – qu’elle refile aux petits. « Ils collent pu ben ben, mais les enfants aiment ça! »
Des costumes flambants fripes
« On n’achète rien de nouveau », dit Majyrel, qui déniche des trésors en courant les friperies. Dernière acquisition : une scintillante combinaison de licorne pour la benjamine de la famille. « Aller au magasin acheter un déguisement ou aller le chercher à la friperie, c’est le même temps pour nous. Et les enfants ne font pas la différence », explique Majyrel. La jeune femme laisse parfois aller son imagination en créant ses propres costumes. Mais son stock le plus précieux lui vient de sa maman, qui en a confectionné pendant toute l’enfance de Majyrel et de ses trois sœurs. « C’est l’fun parce que je les ai mis et mes sœurs aussi. Ils ont plusieurs vies! Et même après mes enfants, j’imagine que d’autres vont les mettre aussi. » Un héritage familial dont on prend soin chez les Charron-Therrien.
Des bonbons qui cartonnent
Pas d’Halloween sans bonbons. Mais de ce côté, les solutions faites maison sont limitées, dit Majyrel. Distribuer des friandises qu’elle aurait cuisinées est impossible, car « les parents ne laisseraient pas leurs enfants manger les préparations de personnes qu’ils ne connaissent pas ». La jeune maman entend tout de même lutter contre le suremballage sans compromettre la sécurité de ses petits. La famille opte donc pour des portions individuelles emballées dans du carton : une par enfant passant par la maison. « C’est sûr que ça ne fait pas beaucoup de variété, mais je me dis que le carton est recyclable [alors que le plastique finit souvent au centre d’enfouissement] », explique Majyrel.
Un compromis qui n’a pas d’ailleurs pas l’air de déranger Yvonne, la main plongée dans un grand bol de Smarties.
La folie des bonbons… et de leurs emballages
Selon Statistique Canada, les grands détaillants ont enregistré plus de 390 millions de dollars en vente de bonbons, confiseries et aliments à grignoter en octobre 2016, mois de l’Halloween, soit 20 % de plus que les autres mois de l’année. Noël fait cependant de décembre le mois durant lequel on dépense le plus en friandises, avec 480 millions de dollars de ventes en 2016.
Réduire? Cool!
Entre les réutilisations, les fripes et le carton, les plus jeunes boudent-ils leur plaisir en évitant la surconsommation? « Mais c’est ça, leur plaisir! » lance Étienne, le papa, dont les enfants ont grandi à distance des aspects commerciaux de l’Halloween. « On les a élevés en leur expliquant ces choses et ils comprennent. C’est ça qu’ils connaissent. »
Il relativise d’ailleurs la contrainte dans un grand éclat de rire : « Il y a vraiment moyen d’être écoresponsable sans dénaturer la fête. » Une approche qui leur ferait économiser du temps en famille, à défaut de le passer dans les magasins. Du temps et de l’argent « parce que ça coûte cher d’acheter des affaires préfaites », conclut-il.
Déchets et climat, quel rapport?
Le traitement des déchets a produit un peu moins de 8 % des émissions totales de gaz à effet de serre (GES) au Québec en 2015, selon l’Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre. Cela comprend les GES produits par la décomposition des déchets solides après leur enfouissement, le traitement biologique des déchets, le traitement des eaux usées, ainsi que l’incinération des déchets.
→ Moins de consommation = moins de déchets = moins de GES