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Retombées positives générales
Les travailleurs qui vont au boulot en vélo à assistance électrique (VAE) y arrivent dans de meilleures dispositions, révèle Vélovolt, une campagne de sensibilisation qui cherche à verdir les transports au Québec.
Habituellement, Charles-Hugo Normand prend le volant pour se rendre à son bureau au centre-ville de Trois-Rivières. Mais pendant deux semaines de l’été 2022, c’est plutôt au guidon d’un vélo à assistance électrique (VAE) prêté par son employeur qu’il a couvert les six kilomètres à l’aller comme au retour. « Au départ, je n’étais pas convaincu. Ça faisait des années que je n’étais pas embarqué sur une bicyclette! » raconte ce père de famille, qui est directeur des communications et des partenariats à la Société de transport de Trois-Rivières (STTR).
Un essai aura suffi à le faire changer d’avis. Il a vraiment apprécié l’expérience, à l’instar d’une vingtaine de ses collègues qui ont aussi participé à Vélovolt, une première campagne de sensibilisation visant à montrer comment le VAE peut remplacer la bagnole pour les trajets quotidiens – entre le domicile, le travail et l’épicerie, par exemple – et ainsi contribuer à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). « Se motoriser est une habitude fortement ancrée à Trois-Rivières, affirme Charles-Hugo Normand. Inciter les gens à délaisser leur automobile est un tour de force. »
Grâce à ce projet, des employés de 16 entreprises situées dans 10 régions du Québec – notamment la Mauricie, le Saguenay, l’Estrie et l’Outaouais – ont pu profiter d’une période d’essai gratuite de deux à quatre semaines de vélos électriques fournis par le fabricant et détaillant québécois Quantum eBikes.
« Nous voulons susciter une réflexion sur l’aspect utilitaire du VAE, explique Agnès Rakoto, chargée de projet en mobilité chez Équiterre, qui pilote la campagne Vélovolt en partenariat avec l’Association des Centres de gestion des déplacements du Québec. On met beaucoup de poids sur les épaules des individus dans la lutte aux changements climatiques, mais les milieux de travail ont aussi un rôle à jouer. »
L’assistance électrique me permet d’arriver frais et dispo au bureau le matin. Je n’ai pas besoin de prendre de douche avant de commencer ma journée.
Frais et dispo
L’amélioration du bien-être au travail fait partie des commentaires maintes fois formulés par les participants à cette vaste opération de charme qui aura touché quelques dizaines de travailleurs québécois l’été dernier. « L’assistance électrique me permet d’arriver frais et dispo au bureau le matin. Je n’ai pas besoin de prendre de douche avant de commencer ma journée », explique Charles-Hugo Normand, qui voit le VAE comme une bonne occasion de faire de l’exercice, de prendre l’air et de multiplier les rencontres fortuites au hasard de sa route. « Comme plusieurs de mes collègues à la STTR, je songe désormais à m’en procurer un pour mes besoins personnels. »
La science lui donne raison sur toute la ligne. Peu importe le niveau d’assistance choisi, pédaler sur un VAE est suffisamment exigeant pour être considéré comme de l’activité physique en bonne et due forme. Une étude anglaise a conclu que, dans une même organisation, les employés qui se déplacent en VAE sont plus satisfaits et plus productifs que leurs vis-à-vis qui le font en auto. Une autre étude menée par des chercheurs de l’Université McGill confirme même que les cyclistes – en VAE ou en vélo ordinaire – sont plus à même d’arriver à l’heure et d’être débordants d’énergie au boulot.
Plusieurs de ces bienfaits ne sont pas nécessairement propres au VAE, nuance toutefois Agnès Rakoto. « On pourrait les constater auprès d’adeptes d’autres modalités de transport actif, comme la marche », indique-t-elle. De plus, ils sont conditionnels à la mise en place d’infrastructures qui rendent possible le recours au VAE. La STTR a ainsi mis un espace sécurisé à la disposition de ses « vélovoltistes » pour leur permettre d’y stationner leur deux-roues. « Ces détails peuvent devenir un élément d’attraction de la main-d’œuvre pour un employeur », estime Charles-Hugo Normand. Un atout non négligeable dans le contexte de pénurie actuel.
Ce n’est qu’un début
L’objectif de Vélovolt n’est pas de documenter ces aspects, mais bien de démystifier le VAE en tant que mode de transport. Les vélos prêtés sont d’ailleurs munis de capteurs GPS qui récoltent des données comme le temps, la distance et la fréquence des déplacements. Ces dernières seront ensuite analysées par l’équipe de la professeure Catherine Morency, titulaire de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal. Les premiers résultats sont attendus en 2023.
La campagne Vélovolt se poursuit quant à elle jusqu’en 2024. Preuve de son succès : 43 employeurs avaient déposé une demande pour y participer en 2022, mais seulement 16 d’entre eux ont eu cette chance. Au terme de la campagne, il est prévu qu’un total de quelque 1300 travailleurs auront enfourché gratuitement un VAE pour leurs trajets quotidiens. « L’idée est de faire du VAE une partie intégrante du cocktail transport », conclut Agnès Rakoto.
Trois-Rivières, un château fort de l’automobile?
Oui, tranche la plus récente enquête origine-destination sur le chef-lieu de la Mauricie, qui rappelle que la voiture est utilisée pour 85 % de tous les déplacements. Avec sa part modale d’à peine 0,5 %, le vélo fait quant à lui figure de parent pauvre. Pourtant, 13 % des déplacements motorisés pourraient être réalisés sur deux roues, souligne L’état du vélo à Trois-Rivières en 2020, une enquête menée tous les cinq ans par Vélo Québec. Cela est d’autant plus vrai que près de la moitié des Trifluviens habitent à distance raisonnable de leur boulot.
