En un an, un Nord-Américain utilise 141 rouleaux de papier de toilette. Ça fait grosso merdo un rouleau tous les deux jours et demi! Le papier recyclé ou le bambou semblent de bonnes options pour réduire les gaz à effet de serre (GES), mais jusqu’à quel point?
Depuis que Rabelais a énuméré, au 16e siècle, les bienfaits des nombreux « torche-cul » essayés par son héros Gargantua, l’art de s’essuyer les fesses a bien évolué. De par chez nous, le papier est roi, sauf que sa production nécessite une grande quantité de bois et d’énergie. Et une fois utilisé, disons qu’il n’est plus très recyclable. 500 ans après le débat truculent entre Gargantua et son père Grandgousier sur la question, Unpointcinq en rajoute une couche : certains PQ sont meilleurs que d’autres… pour le climat s’entend!
Choisir le recyclé
On trouve généralement sur les tablettes deux types de papier toilette : celui fait avec de la pulpe vierge – autrement dit à partir d’arbres – et celui fait avec de la pulpe recyclée. Un chercheur albertain a comparé l’empreinte carbone des deux : le papier recyclé émet 30 % moins de GES, soit 568 g d’équivalent (éq.) CO2 en moins par kilo.
L’empreinte carbone du papier hygiénique recyclé oscille cependant entre 280 et 1307 kg éq. CO2 par tonne selon l’endroit où il est produit. Cet énorme écart s’explique par la source d’énergie utilisée pour faire fonctionner la machinerie et la distance parcourue par le papier, avant et après sa production. Des chercheuses polonaises ont fait, elles aussi, la comparaison pour découvrir qu’elles obtiennent le même impact sur le climat pour les deux sortes de papier. Parce qu’en Pologne, le recyclé est transformé dans des usines alimentées par des centrales au charbon, une énergie… pas vraiment géniale pour le climat.
Bien sûr, ça ne s’applique pas au papier recyclé produit au Québec puisque les usines s’alimentent chez nous à l’hydroélectricité. Plutôt que d’acheter du papier recyclé en provenance des Îles Moukmouk, c’est donc quand même mieux d’en prendre du made in Québec!
Parmi les industries manufacturières, celle des pâtes et papiers est la quatrième plus grande productrice de GES au monde (9 % des émissions du secteur).
Opter pour le bambou
Si le choix du papier de toilette recyclé n’est pas évident sur le plan des GES, chose certaine, il permet d’éviter des coupes forestières. Il existe toutefois une plante qui figure au livre des records Guinness et qui pourrait bientôt prendre la vedette : le bambou!
Déjà, c’est un champion de la croissance : un plant peut grandir de 90 cm en une seule journée! Et, comme le gazon, le bambou repousse dès qu’on l’a coupé. Ce n’est pas pour rien qu’en Chine et en Inde on l’utilise pour faire de la pulpe et du papier. D’ailleurs, le géant mondial, Kimberly-Clark (les marques Kleenex, Scott, Huggies et Cottonelle) vend depuis 2015 du papier de toilette qui contient 20 % de bambou.
Point positif, la production de papier à partir de bambou émet la même quantité de CO2 que celle des meilleurs papiers recyclés. Conseil d’achat : cherchez la certification FSC qui vous assure que le bambou est bel et bien issu d’une culture durable. Certaines régions sont en effet coupées à blanc dans le seul but de faire pousser du bambou.
Au bout du compte, la meilleure façon de diminuer l’empreinte carbone du papier de toilette reste d’en utiliser moins. Sans bien sûr se salir les mains ?
Problématique? Pas tant que ça! Ne reculant devant rien, on s’est penché sur la question (à suivre).