Recyclage des plastiques agricoles : Appel à la créativité

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© CISA

14 novembre 2019 - Amélie Cournoyer, Journaliste inspiratrice

Alors que le bac de récup est entré dans nos maisons il y a belle lurette, 80 % des plastiques agricoles ne sont toujours pas recyclés au Québec. Or, la production de ces plastiques génèrent une profusion de gaz à effet de serre (GES). L’heure est à l’innovation!

Mine de rien, les fermes québécoises sont de grandes utilisatrices de plastique. Pellicules d’enrobage pour les balles de foin, contenants de pesticides et de fertilisants, sacs de semences, etc. Nos agriculteurs consomment environ 11 000 tonnes de plastiques agricoles par an, indique une étude de RECYC-QUÉBEC publiée à l’été 2019. De ce nombre, environ 2300 tonnes sont récupérées, soit seulement 20 %. Autrement dit, 80 % des plastiques agricoles finissent actuellement au dépotoir. De quoi jeter l’éponge? Au contraire!

« RECYC-QUÉBEC a dressé un portrait de la situation au Québec et répertorié ce qui se fait au Canada et dans le monde », commente Christine Lajeunesse, directrice régionale et du Canada chez AgriRÉCUP, un OBNL basé à Saint-Bruno-de-Montarville qui aide les producteurs agricoles à mieux gérer et à récupérer leurs déchets. « Ces données permettront de bâtir un programme de collecte permanente à l’échelle nationale, tout en prenant en compte les particularités des régions éloignées et des programmes de récupération déjà en place », poursuit-elle, ajoutant que l’étude aide aussi à déterminer jusqu’où les producteurs sont prêts à aller pour recycler leurs plastiques.

Plastiques agricoles Emballage balles de foin
L'emballage des balles de foin est la première source de plastiques agricoles. © CISA

Prêts, pas prêts… j’y vais!

Selon Jocelyn De Serre, propriétaire d’une ferme laitière à Tingwick, dans le Centre-du-Québec, les producteurs agricoles sont plus que prêts! « Ça faisait 10 ou 15 ans qu’on disait à la municipalité que c’était aberrant qu’il n’y ait pas de collecte des plastiques agricoles. On demandait des conteneurs au même titre que les entreprises et les industries. »

La municipalité les a écoutés. En 2017, de concert avec le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA), un centre de recherche rattaché au Cégep de Victoriaville, Tingwick a instauré un projet pilote de collecte des plastiques agricoles, qui représentaient alors 20 % des 352 tonnes de déchets produits annuellement par cette municipalité. En un an, 54 tonnes de plastiques ont ainsi été récupérées par 34 producteurs agricoles. Un succès!

« Il faut garder espoir face aux enjeux du recyclage et éviter le cynisme qui décourage les citoyens et renforce les mauvaises pratiques. » Guillaume Villemure, Soleno Recyclage

Depuis le début des années 2000, une quarantaine de projets pilotes et de programmes de récupération ont été lancés à travers la province; le taux de participation des agriculteurs atteint de 80 à 90 % dans certaines municipalités, indique RECYC-QUÉBEC. L’organisme a découvert que le principal frein à leur collaboration est lié au type de collecte (sélective, dédiée, point de dépôt). « Je ne ferais pas huit kilomètres avec mon tracteur et mon trailer pour aller porter mes plastiques au village », nous confie pour sa part Jocelyn De Serre.

Tout n’est pas rose dans le bac vert (ou bleu)

Plastiques Agricoles - camion au Centre De Tri
2300 tonnes de plastiques agricoles sont récupérées et recyclées chaque année. © Soleno

En plus du coût élevé des collectes et de leur faible rentabilité, les débouchés pour les plastiques souples (polyéthylènes basse densité ou PEBD), utilisés notamment pour les pellicules d’ensilage de foin et les sacs à grains, sont moindres que pour les plastiques rigides et compacts (polyéthylènes haute densité ou PEHD), qui servent entre autres à fabriquer les contenants de pesticides, de fertilisants et d’engrais.

Or, malheureusement, 70 % des plastiques générés par notre secteur agricole sont des PEBD! « Comme cette pellicule est lisse et souple, elle est plus difficile à nettoyer et donc à recycler que les PEHD », explique Guillaume Villemure, directeur du développement et de l’approvisionnement chez Soleno Recyclage. Installée à Yamachiche, en Mauricie, cette entreprise recycle les PEHD pour en faire des drains qui canalisent les eaux de pluie. Mais ce type de plastiques peut aussi bien revivre en palettes de manutention, bacs de récupération, mobilier urbain ou panneaux de signalisation routière.

De leur côté, les plastiques souples sont pour le moment soit entreposés en attente d’une nouvelle vocation, soit vendus à faible coût à quelques entreprises canadiennes qui les transforment en granules, puis les incorporent dans la fabrication de sacs, de planches ou de panneaux de plastique.

[DÉCRYPTAGE CLIMATIQUE]

Dans une étude réalisée pour Environnement Canada, la firme ICF Consulting, en tenant compte des différents profils énergétiques des provinces, rapporte qu’en moyenne, au pays, le recyclage d’une tonne de PEHD émet environ 2,3 tonnes d’équivalent CO2 de moins que la fabrication de PEHD vierge. Autrement dit, au Canada, recycler 10 tonnes de PEHD réduirait les émissions de GES d’environ 23 tonnes d’équivalent CO2, ce qui correspond à près de 40 allers-retours Montréal–Miami en avion.

C’est le temps d’innover

« Il ne faut pas arrêter ce qu’on a commencé, lance Simon Dugré, directeur du CISA. On sait que la collecte des plastiques souples est faisable. Il reste à trouver des solutions pour leur conditionnement et leur transformation afin d’étendre éventuellement leur collecte à l’échelle nationale. »

Parce que les plastiques recyclés réduisent le volume de déchets enfouis et diminuent la production de plastique à la source, l’équipe du CISA insiste sur l’importance de l’innovation. De l’avis de sa chercheuse et chargée de projet Marie-Joëlle Brassard, l’entreprise qui réussira à rendre financièrement viable la transformation des plastiques agricoles fera des affaires en or. « Ça laisse toute la place aux entreprises innovantes! »

Chez Soleno Recyclage, on répond présent : « Malgré les grands défis scientifiques et techniques, une de nos équipes travaille à trouver des débouchés pour ces plastiques, dit Guillaume Villemure. Il faut garder espoir face aux enjeux du recyclage et éviter le cynisme qui décourage les citoyens et renforce les mauvaises pratiques, autant à la maison qu’à la ferme. »

plastiques agricoles Tuyaux Soleno
Chez Soleno, les plastiques PEHD sont recyclés en drains qui canalisent les eaux de pluie. © Soleno