Quand le génie sort de sa bouteille

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Unpointcinq vous présente trois ingénieurs québécois qui, chacun à leur manière, se relèvent les manches pour favoriser l’adaptation aux changements climatiques.

Maxime Boisclair – Construire zéro carbone

Il y a un peu de lui dans le premier bâtiment certifié à carbone zéro (BCZ) au Québec, l’école Curé-Paquin, située à Saint-Eustache. À titre de directeur en développement durable chez GBi, une firme de génie-conseil montréalaise, l’ingénieur en mécanique Maxime Boisclair s’est chargé de réduire les impacts environnementaux de ce nouvel établissement d’enseignement primaire de 350 élèves, le premier au Canada dont l’exploitation n’entraîne aucune émission de gaz à effet de serre (GES).

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Maxime Boisclair, ingénieur en mécanique et directeur en développement durable chez GBi.

 

Géothermie, solaire photovoltaïque, éclairage optimisé… La construction de cette école du futur, ouverte depuis l’automne 2019, s’est articulée autour des composantes clés de la Norme BCZ, élaborée en 2017 par le Conseil du bâtiment durable du Canada. L’une de celles-ci est le recours à des matériaux de construction à faible teneur en carbone, comme le bois en remplacement de l’acier ou du béton. « Une analyse de cycle de vie des matériaux de la structure et de l’enveloppe du bâtiment a permis d’établir leur teneur en carbone à environ 1160 tonnes d’éq. CO2, ce qui est relativement peu », explique Maxime Boisclair.

Le chantier de cette école a fait partie des 16 projets sélectionnés au Canada en 2017 dans le cadre d’un programme pilote de deux ans visant à tester la première mouture de la Norme BCZ. Sa deuxième version, qui intègre les apprentissages tirés des bâtiments certifiés jusqu’à maintenant, a été publiée en mars 2020.

La Commission scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles s’est lancée avec enthousiasme dans cette aventure, même si rien ne l’obligeait à prendre ce virage climato-responsable. « Les institutions d’enseignement sont conscientes de leur mission sociale; elles savent que leurs occupants passent des messages à leurs proches. Aussi bien que ceux-ci soient favorables au climat », affirme Maxime Boisclair.

Ce n’est toutefois pas l’ensemble des donneurs d’ouvrage qui se range à cette idée, estime l’ingénieur. Bien que les mentalités évoluent, le secteur privé, contrairement au secteur institutionnel, hésite à débourser davantage pour construire « vert », car rien ne l’y incite.

« Comme ingénieurs, il faut mettre en perspective ces enjeux et bien les communiquer aux donneurs d’ouvrage […] C’est notre devoir de présenter toutes les alternatives, même si on se fait dire non », pense Maxime Boisclair.

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Une vue 3D de l'école Curé Paquin. © LEMAY ARCHITECTES
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Les panneaux solaires photovoltaïques installés sur la toiture du gymnase contribuent à réduire la consommation d’énergie totale. ©GBI.ca

Pascal Geneviève – Enseigner et convaincre

Affirmer que Pascal Geneviève est une référence en écoconception ne serait pas exagéré. Cofondateur et directeur général de la firme montréalaise CCG (autrefois dénommée Groupe Conseil Carbone), il guide les entrepreneurs qui souhaitent réduire leur empreinte environnementale et forme des ingénieurs en la matière.

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Pascal Geneviève, cofondateur et directeur général de CCG.

« Le monde du génie a un rôle très important à jouer dans la lutte et l’adaptation aux changements climatiques », explique ce diplômé de l’École nationale des mines de Nancy, en France. Il faut, dès aujourd’hui, mettre au point des solutions efficaces et durables », un défi qui implique de sensibiliser les ingénieurs, réputés pour leur esprit cartésien, à une réalité où prédomine l’incertitude quant à l’avenir.

« Trouver une solution à un problème dont les variables sont incertaines et changeantes n’est pas simple, surtout quand la responsabilité individuelle est engagée. C’est un véritable dilemme éthique pour le professionnel qui, en signant des plans et devis, engage sa responsabilité », convient l’ingénieur.

Il insiste entre autres sur le décalage qui existe entre la théorie, soit les normes et règlements, et la pratique, c’est-à-dire les consensus qui émergent dans le domaine de l’action climatique. Si, par exemple, des données crédibles ont été publiées sur le facteur de correction à appliquer dans la construction de digues anti-inondation, l’ingénieur doit les connaître et les prendre en compte. Surtout, il doit informer les décideurs des scénarios possibles afin de favoriser des décisions éclairées, explique le spécialiste.

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CCG se sert de CLIMAT, un « jeu sérieux » présenté sous forme d’atelier interactif, pour sensibiliser les gestionnaires d’entreprises et de municipalités.

Dans ses activités de formation, Pascal Geneviève outille d’ailleurs ses pairs pour qu’ils convainquent les donneurs d’ouvrage d’agir dans le « bon » sens, même si cela entraîne une hausse des coûts. « Il faut leur souligner, chiffres à l’appui, que le surcoût à court terme est en fait une opportunité d’économiser à moyen et à long terme », dit-il. Plus simple à dire qu’à faire.

 

Abrielle Sirois-Cournoyer – Savoir écouter

Au cours de sa formation en génie mécanique à Polytechnique Montréal, Abrielle Sirois-Cournoyer s’est rapidement rendu compte qu’elle ne cadrait pas dans le moule de l’ingénierie, milieu qui demeure, selon elle, « conservateur et conventionnel, et où on entend très peu parler d’économie sociale ».

C’est pourquoi, en 2017, elle a fondé ALTE Coopérative d’ingénierie avec sept autres diplômés en génie et un mentor. Ce qui distingue cette coopérative unique au Québec est sa vocation sociale et environnementale, qui l’oriente vers des mandats de génie-conseil dans les domaines de l’agriculture urbaine, de l’énergie et du bâtiment durable.

Les membres de la Coop ALTE.
Implantation d’un projet de compostage communautaire et municipal dans la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan), sur la Côte-Nord.

Parmi les mandats qui ont récemment occupé l’équipe d’ALTE, il y a l’implantation d’un projet de compostage communautaire et municipal dans la communauté innue d’Ekuanitshit (Mingan), sur la Côte-Nord. « Nous avons bâti le projet de A à Z avec les responsables du développement durable du conseil de bande. Ces derniers sont entre autres venus nous chercher pour notre capacité d’écoute », raconte Abrielle Sirois-Cournoyer, qui se dit fière d’avoir favorisé l’autonomie alimentaire de cette population isolée, notamment au travers de jardins communautaires.

« Nous n’arrivons pas avec des solutions toutes faites. À chaque fois, nous partons de zéro », précise-t-elle. Apparemment, la formule fait mouche : ALTE a récemment reçu le titre d’entreprise Coup de cœur régional (Montréal) du ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec.