7 mots pour comprendre la crise énergétique (et voir plus loin)

Crise énergétique
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La guerre en Ukraine provoque une crise énergétique dont nul ne peut prédire l’issue. Chez nous, le prix de l’essence augmente et fait mal à notre mode de vie. Pour ne pas perdre le nord sur les questions énergétiques, on vous propose de suivre la boussole de la chercheuse Johanne Whitmore.

#Énergie

Vivons-nous une crise énergétique au Québec? Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, se veut rassurante. Le Québec n’importe pas de gaz russe, contrairement aux pays européens. Les Québécois sont aussi relativement à l’abri de la volatilité du prix de l’électricité. En effet, son prix ne peut pas fluctuer sans que le gouvernement québécois ne l’ait décidé ou bien qu’Hydro-Québec ne l’ait demandé — et défendu! — devant la Régie de l’énergie. Elle rappelle qu’il y a d’ailleurs une entente pour ne pas augmenter le prix de l’électricité au-dessus de l’inflation. « En revanche, le pétrole, c’est un marché international qui n’est pas contrôlé par le Québec », glisse-t-elle.

Une facture d’électricité plus chère

Depuis le 1er avril 2022, les tarifs d’Hydro-Québec ont augmenté de 2,6% pour suivre l’inflation enregistrée selon l’indice des prix à la consommation entre le 30 septembre 2020 et le 30 septembre 2021 au Québec. Le gouvernement caquiste entend déposer bientôt un projet de loi pour limiter à 3% la hausse possible des tarifs en 2023.

#Pétrole

La crise actuelle, au Québec, c’est surtout une crise du pétrole. La chercheuse explique que son prix est fixé mondialement et qu’il est l’objet de spéculation, raison pour laquelle le prix augmente partout. Il n’y a pas de risque au chapitre de l’approvisionnement, mais quand le prix du baril de pétrole grimpe, c’est le coût de la vie qui en prend un coup, au détriment principalement des moins nantis et des gros consommateurs de cette ressource. « Il ne faut pas oublier qu’au Québec, la voiture la plus vendue, c’est la Ford F-150 », rappelle la chercheuse. Une augmentation du prix de l’essence se ressent vite dans le réservoir de ces véhicules très énergivores. Johanne Whitmore explique d’ailleurs qu’en Europe, les modèles de voitures sont plus petits parce que l’essence y coûte beaucoup plus cher depuis longtemps.

 

La non-acceptabilité sociale va aussi continuer de prendre de l’importance, car tout le monde est de plus en plus conscient des problèmes environnementaux.
Johanne Whitmore, chercheuse principale à la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal.

 

Johanne Whitmore
Johanne Whitmore © Courtoisie HEC Montréal

#Acceptabilité

Au moment de choisir une nouvelle voiture ou de déménager, il faut donc garder en tête que le prix du pétrole est très volatile. « En 2008, le pétrole était à peu près au prix qu’on paie aujourd’hui », rappelle Johanne Whitmore. Or, elle ajoute que le prix va continuer à augmenter dans le temps, en raison du marché du carbone, mais aussi pour une question d’acceptabilité sociale. Par exemple, des projets de pipeline au Québec et de gaz naturel liquéfié, [ NDLR :comme celui d’Énergie Saguenay], ne passent pas les évaluations environnementales et ne sont plus acceptés socialement. « La non-acceptabilité sociale va aussi continuer de prendre de l’importance, car tout le monde est de plus en plus conscient des problèmes environnementaux, dit la chercheuse. Et la communauté scientifique dit qu’il faut garder le pétrole dans le sol vu les défis climatiques. »

#Autonomie

La crise du pétrole n’est pas la seule qui malmène le monde puisqu’il y a, évidemment, la pandémie et la crise climatique. « La guerre en Ukraine s’arrêtera peut-être, mais pas la crise climatique qui, elle, va persister dans le temps », avertit-elle. Une solution serait d’être plus autonomes du point de vue de l’énergie et moins dépendants du pétrole, en diminuant avant tout sa consommation. Bien sûr, le Canada pourrait décider de continuer de s’approvisionner avec son propre pétrole qui proviendrait, notamment, de l’Alberta, mais le problème, c’est qu’il resterait dépendant de cette ressource qui contribue largement au réchauffement du climat.

#Efficacité

Pour sortir de ces crises, Johanne Whitmore explique que la solution passe par davantage de sobriété et d’efficacité énergétique, c’est-à-dire consommer beaucoup moins d’énergie au quotidien. Puisque les nouvelles technologies comme les énergies renouvelables coûtent cher, mieux vaut d’abord être efficaces énergétiquement parlant. « Au Québec, nous sommes parmi ceux qui, par habitant, consomment le plus d’énergie au monde! » illustre-t-elle. Puisque notre hydroélectricité émet déjà très peu de gaz à effet de serre, c’est principalement les secteurs des transports et de l’industrie qui devraient emboîter le pas pour utiliser le moins d’énergie possible.

On est tous en train d’inventer l’avenir. Alors, la meilleure chose à faire, c’est de le construire ensemble.

#Transition

Consommer moins d’énergie, c’est aussi éviter le gaspillage. « La transition énergétique, c’est juste une facette d’une plus grande transition à faire », indique la chercheuse. Elle fait valoir que l’énergie est invisible, mais qu’elle se trouve pourtant dans tout ce qui nous entoure. Construire une maison, fabriquer des objets et même produire de la nourriture implique une consommation d’énergie. « La vraie transition, c’est celle vers l’économie circulaire », ce modèle économique dans lequel les déchets d’une entreprise deviennent la matière première d’une autre. C’est aussi développer des services d’économie circulaire afin de produire uniquement ce qui est nécessaire, comme par exemple « à la bibliothèque, on a le plaisir de lire un livre et, lorsqu’on a fini, on offre ce plaisir à quelqu’un d’autre, sans avoir besoin de produire deux livres ».

#Coconstruire

Johanne Whitmore est consciente que ces changements peuvent inquiéter les citoyens, lesquels sont susceptibles de craindre de perdre leur qualité de vie ou que la transition vienne compliquer les choses et bousculer leurs habitudes. Pour répondre à ces inquiétudes légitimes, elle pense qu’il existe une solution idéale : les projets pilotes. « On est tous en train d’inventer l’avenir. Alors, la meilleure chose à faire, c’est de le construire ensemble ».

Pour aller plus loin : la consommation d’énergie au Québec

  • Les ménages consomment directement le tiers de toute l’énergie consommée au Québec : la motorisation ou le transport, l’éclairage, le chauffage et la climatisation en font partie.
  • 54 % de l’ensemble de l’énergie consommée au Québec provient des hydrocarbures, contre 46 % d’origine renouvelable.
  • 97 % de l’énergie consommée par le secteur des transports provient de produits pétroliers.

Source : État de l’énergie au Québec 2022

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