Le déconfinement s’amorce et l’économie reprend sa vitesse de croisière… tout comme les émissions de gaz à effet de serre (GES). Que faire pour que l’après-pandémie nous protège des effets délétères de la crise climatique et passe par une relance sociale et écologique? Inspirons-nous de la Californie pour subordonner l’économique au bien-être collectif.
Le plan d’Ottawa prévoit des investissements en résilience climatique et en efficacité énergétique des transports et des bâtiments, pour accélérer le virage vert du pays. Celui de Québec mise sur le financement massif de projets d’infrastructures comme la construction de maisons des aînés et de systèmes de transport collectif.
Ces dépenses forceront les gouvernements à résorber les déficits colossaux que la pandémie a engendrés. Si le passé est garant de l’avenir, les populations des quartiers défavorisés, déjà très vulnérables avant la crise, seront encore les plus durement affectées par l’austérité.
Pour éviter une reproduction du scénario de 2008, un consensus politique et social se matérialise au Québec. L’heure est venue de relancer l’économie en faisant d’une pierre deux coups : construire des logements sociaux adjacents au transport collectif.
Pour cheminer vers la carboneutralité, la Californie a créé, en 2006, une bourse du carbone à laquelle le Québec s’est joint en 2013. Depuis 2012, cet État consacre au moins le quart des revenus issus de la bourse à des projets qui profitent aux communautés vulnérables, notamment… la construction de logements abordables à proximité du transport collectif!
À lui seul, le programme Affordable Housing and Sustainable Communities a, depuis 2014, investi 1,1 G$ dans de tels projets. Les communautés vulnérables de la Californie lui doivent 8933 logements abordables, 254 km de pistes cyclables, 222 véhicules de transport collectif et 7800 titres de transport gratuits. Ces mesures ont retiré 15 600 voitures du réseau routier, évitant l’émission de 2,2 tonnes de GES et 291 millions de kilomètres parcourus tout en entraînant des économies estimées à plus de 550 M$ pour les ménages vulnérables qui en ont bénéficié.
Les projets qui en sont issus incarnent parfaitement la transition sociale et écologique.
- À Dinuba, Sierra Village a créé 44 logements abordables alimentés à l’énergie solaire et reliés au transport collectif.
- À Oakland, LakeHouse Commons en a ajouté 90 près d’un des arrêts d’une nouvelle ligne de bus hybride.
- À Stockton, le Hunter Street Housing Project a converti un bâtiment commercial vacant en 74 logements abordables pour vétérans.
- Block 7 Net Zero Housing and Downtown Activation Project a construit 78 maisons neuves et plus de 12 000 pi2 (1115 m2) d’espace commercial au centre-ville de Redding, qui a du même souffle été verdi et doté de sentiers cyclables et pédestres ainsi que de vélos en libre-service.
Juste avant que la pandémie ne nous frappe de plein fouet, Québec prévoyait injecter 4,1 G$ issus de la bourse du carbone dans la lutte contre la crise climatique. En s’inspirant de la Californie, le gouvernement pourrait investir le quart de cette somme pour offrir à près de 10 000 familles vulnérables un logement abordable et des options de mobilité durable. Pour s’affranchir de l’encre rouge, rien ne vaut une relance verte.