L’après COVID-19 : résister à la tentation de l’auto!

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(© Wikimédia Commons: Adqproductions)
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Retombées positives générales

14 juillet 2020 - Jérôme Laviolette, Spécialiste de notre dépendance individuelle et collective à l'auto

Sortir de chez soi tous les matins à la même heure, cinq jours par semaine, pour aller partager le même espace que des milliers d’autres personnes dans le métro, le train ou l’autobus nous paraît aujourd’hui irréel. À Montréal, l’achalandage dans les transports collectifs au début de juin était encore 60 % plus faible qu’à la normale. Dans toutes les villes du monde, il faudra vraisemblablement des mois, voire des années avant que l’utilisation du transport en commun revienne aux niveaux d’avant.

Devant cette crainte légitime de la proximité d’autrui, les modes individuels de transport paraissent particulièrement attrayants. La popularité fulgurante du vélo, encouragée et soutenue par l’aménagement de dizaines de kilomètres de nouvelles infrastructures cyclables, temporaires ou permanentes, à Montréal comme ailleurs dans le monde, est une excellente nouvelle. La marche n’est pas en reste : à Québec, la piétonnisation de certains tronçons de rues commerciales ferait des jaloux parmi les commerçants des autres rues. Pas pire pour une ville qu’on désigne parfois celle de la voiture!

velo montreal piste cyclable
À Montréal, les voies cyclables sont déjà existantes, mais la ville en prévoira davantage dans les semaines à venir. (© Wikimédia Commons: Dirac)

L’autre mode de transport qui risque de gagner fortement en popularité dans les prochains mois, c’est la voiture. Alors que les ventes ont chuté drastiquement en avril et mai, elles semblent déjà rebondir. Certains voient sans doute l’auto comme une bulle de protection permettant de maintenir la distance sécuritaire de deux mètres.

Que ce soit pour éviter le transport collectif, voyager au Québec cet été ou profiter de l’augmentation des services offerts au volant, la voiture est plus que jamais perçue comme une extension sécuritaire de notre chez-soi, un moyen de poursuivre nos interactions sociales. Ceux qui, par choix ou par contrainte, n’en possèdent pas pourraient donc être tentés de s’en procurer une rapidement, d’autant plus que le prix de l’essence est plutôt bas. La voiture comme symbole de liberté et de sécurité semble prendre tout son sens en période de pandémie.

Sauf qu’un plus grand nombre de voitures en circulation risque d’exacerber les nombreux impacts négatifs sur la santé publique, les changements climatiques et la congestion. Sans parler des iniquités sociales entre ceux qui pourront se payer une auto et ceux qui ne le pourront pas. De plus, posséder une voiture incite à son utilisation, même si l’on est bien conscient de ses impacts sur l’environnement. Après tout, on la paye chaque mois, autant l’utiliser! Malheureusement, on tend à oublier qu’elle pèse considérablement sur nos finances personnelles. Elle représente en moyenne le deuxième poste de dépenses des ménages québécois, après l’habitation, et peut facilement coûter 10 000 $ par an.

Le désir de s’acheter une voiture peut aussi découler de la fluidité inhabituelle qu’on observe actuellement sur nos routes. Or, ce bonheur risque d’être de courte durée. Si la congestion automobile n’est pas encore revenue à ses niveaux d’avant la pandémie, il s’en faudra de peu, en septembre, pour qu’elle atteigne des sommets. Avec la rentrée scolaire et la reprise graduelle de l’ensemble des activités économiques, le retour des embouteillages augmentera par ailleurs la pollution de l’air et, par le fait même, les risques de complications et de décès de la COVID-19.

Infographie capacité des modes de transport

L’automobile, même en covoiturage, est le mode de transport qui déplace le moins de passagers par heure sur nos rues. Et c’est sans parler de l’espace nécessaire pour entreposer un bien qui demeure inutilisé 95 % du temps. Si des dizaines de milliers d’usagers des transports collectifs se tournent vers l’auto solo, les avantages de notre nouvelle voiture pour se déplacer risquent d’être illusoires. Il n’y a tout simplement pas assez d’espace en ville pour qu’on s’achète tous une bagnole. Résultat : on se retrouvera rapidement à pester au volant contre les nouveaux corridors piétons et cyclables plutôt que d’en profiter pleinement à pied ou à vélo.

En somme, même s’il peut être tentant d’acquérir « son propre char » en ces temps de pandémie, il est crucial de bien peser le pour et le contre sur les plans individuel et collectif.