Dossier spécial : Détox vestimentaire , partie 3

Un switch & bitch entre hommes pour déconstruire les stéréotypes

David et Marc-Antoine en échange de vêtements
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David et Marc-Antoine ©Rémi Leroux
Created with Lunacy 4 min

Dans le cadre du défi Détox vestimentaire, l’équipe d’Unpointcinq a organisé un échange de vêtements… entre hommes. Une manière de déconstruire certains mythes et d’encourager la consommation plus responsable.

Les échanges de vêtements, qu’on appelle aussi des switch & bitch dans le langage (très) populaire, permettent à un groupe de connaissances de renouveler leur garde-robe sans dépenser un seul dollar.

Chaque personne apporte des morceaux de linge qu’elle ne met plus et repart avec ce qui lui convient. La tendance est née il y a quelques années aux États-Unis et s’est rapidement répandue.

À Unpointcinq, nous avons opté pour un échange entre hommes. Pourquoi? Pour la simple et bonne raison qu’en général, les hommes remettent peu ou pas en question leur consommation de vêtements. Cela s’explique sans doute par le fait qu’il y a bien deux poids deux mesures pour les hommes et les femmes. Ces dernières subissent une pression plus grande de la société pour ce qui concerne l’apparence et les vêtements.

Et sans vouloir tomber dans les stéréotypes de genre, les hommes sont souvent moins conscientisés aux enjeux relatifs à l’industrie du textile. Est-ce une question d’habitude ou un enjeu générationnel? Nous avons tenté d’y voir plus clair.

Une affaire de génération? Pas nécessairement

C’est moi, Alexandre, qui ai eu le mandat d’organiser l’événement et de vous en faire le récit. Après quelques semaines de tâtonnement pour trouver le bon moment (les gens sont occupés dans la vie!), c’est par un doux lundi soir de mars que nous nous sommes retrouvés à l’éclectique café La graine brûlée, rue Sainte-Catherine, à Montréal. Je vous entends déjà: organiser un échange de vêtement dans un lieu public, c’est bien une idée de gars, ça. Rassurez-vous, la salle de toilette du café fera office de cabine d’essayage.

Dès que les cinq participants arrivent, je constate avec plaisir que nous couvrons quatre tranches d’âges différentes. Laissez-moi vous présenter tout le monde :

Marc-Antoine, 22 ans : Finissant en journalisme à l’UQAM et déjà très conscientisé aux enjeux. Les habitudes de consommation « alternatives » font partie de son quotidien depuis longtemps.
Guillaume, 30 ans : Ingénieur. Achète encore des vêtements neufs, surtout ceux de sport, mais assure les « user à la corde ». Son premier switch & bitch à vie.
Alexandre, 31 ans : Journaliste à Unpointcinq. Jadis un peu niais par rapport aux enjeux de l’industrie, je change tranquillement mes habitudes de consommation (bye bye la fast fashion).
Rémi, 47 ans : Rédacteur en chef adjoint d’Unpointcinq. Un minimaliste côté vêtements. Même trouver quelques morceaux pour l’échange a été difficile (ce qui est très bon signe).
David, 58 ans : Travaille dans le milieu de la télévision et du cinéma. N’achète pratiquement jamais de linge neuf et utilise les services d’un cordonnier (un point boni).

Les vêtements s’empilent sur la table et, au fil de la conversation, je suis agréablement surpris de constater que tous les participants se disent sensibles aux enjeux de consommation de vêtements.

Marc-Antoine est sans aucun doute l’élève modèle de la gang. « Je vais thrifter dans des friperies avec mes amis depuis longtemps, c’est devenu une habitude », explique-t-il d’entrée de jeu. Il affirme également que ce n’est pas rare pour lui d’échanger des vêtements avec des amis ou des colocs.

On pourrait croire que l’âge de Marc-Antoine joue pour beaucoup dans cette façon de faire, mais de l’autre côté du spectre générationnel, David impressionne lui aussi par ses bonnes habitudes. Pour l’échange, il a notamment apporté des vêtements récupérés sur un plateau de tournage. « La série sur laquelle je travaillais a pris fin après sept ans, tous les morceaux étaient à 5 $, j’ai rempli deux immenses sacs de vêtements que j’ai ensuite proposés à des amis et à mes colocs. »

Rémi dit « être sapé des mêmes trois fringues » (ce sont ses mots, promis) à peu près tous les jours. Il est un disciple de cette étrange doctrine : « Porter un vêtement jusqu’à ce que mort s’ensuive », une technique écoresponsable qui a fait ses preuves.

Grand sportif, Guillaume avoue acheter encore des vêtements neufs, mais se dit de plus en plus conscientisé. « J’essaye le plus possible de changer seulement quand je suis allé au bout de la vie d’un morceau. »

Tout comme moi, il s’est déjà senti un peu perdu dans l’univers de la mode pour hommes, même si l’offre est moins variée que pour les femmes.

©Rémi Leroux

Pour ma part, j’ai grandi dans les années 2000 dans le Bas-du-Fleuve. Je n’avais aucune idée de l’impact de mes choix vestimentaires sur l’environnement. Même le concept des friperies était nébuleux pour moi à l’époque. Depuis, je suis beaucoup plus informé (heureusement me direz-vous, je suis journaliste en environnement) et je change peu à peu.

J’ai abandonné les grandes marques de fast fashion et j’opte de plus en plus pour le seconde main. Je dois toutefois avouer qu’il m’arrive encore de me procurer des vêtements de marques que j’apprécie, notamment ceux dont le design est fait à Montréal (le choix pour les hommes est plus limité, c’est évident).

Les paroles s’envolent et les vêtements ne restent pas

 

La conversation est riche. Il semble évident que tous les participants prônent des habitudes reposant sur l’économie de partage, le troc et le recyclage. D’ailleurs, l’échange est une réussite, plusieurs morceaux sont choisis.

Guillaume, qui a accepté de se joindre à l’activité à quelques heures d’avis, en ressort avec un pantalon de ski de fond et une veste en jean qui lui va… comme un gant. « On dirait que tu es arrivé avec, tellement elle fait bien », lance Marc-Antoine.

Cette veste en jean est un bon exemple de deuxième vie. Je l’avais achetée il y a quelques années dans un grand magasin et elle dormait depuis dans ma garde-robe, avec l’étiquette « Je vais la remettre, un jour! ». La réalité est que ces morceaux finissent souvent dans un coin sombre. Aussi bien en faire profiter quelqu’un d’autre!

Un homme vêtu d'une veste en jeans
Guillaume et sa nouvelle veste ©Rémi Leroux

Marc-Antoine repart quant à lui avec, notamment, un col roulé vert que j’avais trouvé dans une friperie à Paris. Comme quoi ce morceau aura eu plusieurs vies, sur deux continents.

Pour ma part, j’ai déniché un superbe polar bourgogne, parfait pour accompagner la coupe de vin d’après-ski. Bon, j’avoue, je n’ai jamais fait de ski, mais vous comprenez l’idée. Je repars également avec une chemise à manches courtes, idéale pour les journées chaudes d’été.

Tranquillement, mais sûrement

Évidemment, il serait bien mal avisé de tirer de grandes conclusions sociétales à partir d’un échantillon de cinq personnes. Tout d’abord, les participants sont Montréalais et partagent des styles de vie assez similaires. Ensuite, en toute transparence, nous avons tous, sur le plan physique, à peu près le même gabarit.

Mais au-delà de ces nuances, je retiens de cette activité que les hommes sont de plus en plus conscientisés aux enjeux environnementaux et éthiques.

En discutant avec les autres « échangistes » (ça sonnait mieux dans ma tête), je m’aperçois que les choses tendent à s’améliorer. Les friperies et les marchés d’occasion en ligne comme Marketplace sont plus populaires que jamais et s’inscrivent dans une démarche d’économie circulaire.

Au bout du compte, qu’on soit une carte de mode comme Marc-Antoine ou un minimaliste comme Rémi (voyons voir s’il censurera cette phrase), il est toujours possible de trouver des vêtements de manière responsable. Ça ne prend qu’un peu de débrouillardise, mais c’est très payant pour l’environnement!

Alors, pour votre prochaine rencontre entre amis, êtes-vous prêt à organiser un switch & bitch?

Échange de vêtements entre hommes
©Rémi Leroux

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