Ce précieux plastique

bouteilles en plastique
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23 janvier 2019 - Perrine Larsimont, Paparazzi du climat

De petits ateliers où transformer nos déchets de plastique en objets du quotidien tout en créant une économie à l’échelle locale? Lancée en 2013 par un Néerlandais, l’initiative prend racine au Québec. Rencontre avec ses promoteurs.

Transformer soi-même de vieilles bouteilles de ketchup en corbeilles à pain ou en étuis à téléphone cellulaire : c’est l’idée derrière le mouvement mondial Precious Plastic, qui gagne en popularité au Québec. De Chandler à Val d’Or, d’Alma à Saint-Benoît-Labre, en Beauce, ils sont des dizaines à vouloir embarquer dans le projet à code source ouvert du designer néerlandais Dave Hakkens (voir encadré) en contribuant à la création de mini-usines de recyclage de plastique, mobiles ou non.

L’initiative réduit notamment la demande en nouveaux plastiques, souvent faits de pétrole. Sauf que mettre sur pied un atelier de revalorisation du plastique est plus facile à dire qu’à faire : si les machines transformant le plastique usagé peuvent être conçues à partir de plans diffusés gratuitement en ligne, leur construction n’est pas à la portée de n’importe quel patenteux.

« C’est incroyable ce qu’on a bûché », raconte Jean-François Royer, fondateur de Bleu Ouvert, une coopérative de Québec qui figure parmi les six « constructeurs » du mouvement Precious Plastic dans la province. « Les personnes qui se lancent seules dans la fabrication de machines sous-estiment souvent les ressources que cela requiert », poursuit-il en avouant s’être « pété le nez » avec ses partenaires. « On regardait les vidéos de Dave Hakkens et on se disait : c’est beau, c’est simple. Mais non! »

Jean-François Royer, coop bleu ouvert
Jean-François Royer veut aussi se servir de son atelier mobile pour faire de la sensibilisation dans les écoles. © Perrine Larsimont

Parmi les obstacles qu’ils ont rencontrés : la difficulté à se fournir en matériel de deuxième main, les différences entre les systèmes de mesure et les systèmes électriques d’Europe et d’Amérique du Nord, ainsi que la variété des connaissances nécessaires pour concrétiser un projet d’atelier de recyclage du plastique : ingénierie, soudure, économie circulaire, marketing… « Ça implique bien plus que de s’amuser avec des machines. C’est un concept inclusif qui vient chercher plein de compétences », témoigne l’entrepreneur.

Les 4 machines d'un atelier de recyclage du plastique precious plastic
Selon Dave Hakkens, le coût de fabrication d’une petite unité de recyclage de plastique serait d’environ 1200 $. Dans le contexte nord-américain, ce montant doit être revu à la hausse, estime Jean-François Royer. (Infographie: Perrine Larsimont)

En attendant, Bleu Ouvert dispose de quatre machines quasi opérationnelles, et l’équipe s’attelle à la confection d’un atelier mobile pour faire la tournée des écoles secondaires. L’idée est de sensibiliser les élèves aux possibilités de revalorisation du plastique. « Ça ne suffira pas à sauver le climat, pense Jean-François. Mais faire un produit à partir d’une matière qui ne coûte rien, c’est une façon très concrète d’aider les communautés locales. »

Broyeur de plastique
Les « dents » du broyeur déchiquettent le plastique. © Perrine Larsimont
Paillettes de plastique
Une fois réduit en paillettes, le plastique peut avoir une seconde vie. © Bleu Ouvert

Planète plastique

L’aventure Precious Plastic démarre en 2013 lorsque Dave Hakkens, un designer néerlandais, met en ligne un tutoriel libre d’accès pour fabriquer sa propre unité de recyclage du plastique. À l’aide de matériel de récupération, il a mis au point des prototypes et construit quatre machines permettant à « n’importe qui, n’importe où dans le monde » de transformer des déchets de plastique en objets finis : lunettes, crayons, récipients, objets d’art…

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que le feu a pris! Cinq ans plus tard, la mappemonde virtuelle du projet recense des milliers de volontaires aux quatre coins du globe, dans des régions aussi exotiques que les Îles Mariannes, au beau milieu de la mer des Philippines, ou à Almaty dans le sud-est du Kazakhstan. Chacun y indique ce qu’il peut apporter à la création d’un atelier de recyclage dans sa région : mise à disposition de locaux, compétences en construction ou simple envie de s’impliquer. Tous ces électrons sont libres de se contacter, de se rencontrer et de mettre en œuvre des projets de réutilisation du plastique selon leur vision et les besoins de leur communauté.

Rassembler le monde avec des déchets

Le mouvement Precious Plastic se propage aussi à Montréal. Six de ses acteurs se réunissent régulièrement dans le Mile-End en vue de créer le premier espace fonctionnel consacré au concept de Dave Hakkens à Montréal.

Baptisé Precious Plastic Montreal, le collectif ne part pas de rien. Il a récupéré un broyeur et une extrudeuse construits dans le cadre d’un projet d’étudiants en ingénierie de McGill. Une fois les machines en état de marche, les six comparses veulent créer de petits produits nécessitant peu de matière première, mais utiles et durables. « Histoire de gaspiller le moins possible à l’intérieur du processus de recyclage », souligne l’instigateur du collectif, Hadi Shamieh, un jeune diplômé en génie mécanique.

Precious Plastic Montreal
L'équipe Precious Plastic Montreal prend la pose devant ses machines à recycler le plastique : Adam Beattie, Charlie Leroy, Hadi Shamieh, Maria Lagarde, Christophe Paganon (de gauche à droite). © Perrine Larsimont

Si les membres discutent encore des modalités de fonctionnement de l’atelier, ils s’entendent sur sa finalité éducative. « Nous voulons sensibiliser les gens à la problématique des déchets pour qu’ils se rendent compte que ce plastique est précieux », explique Hadi. « Mais bon, si le projet s’arrête parce qu’il n’y a plus de plastique sur terre, on sera contents aussi », précise le designer Charlie Leroy.

 À plus long terme, le collectif Precious Plastic Montreal espère aussi participer à la naissance d’autres ateliers, à qui il pourrait remettre son projet « clés en main ». Selon les mots d’Adam Beattie, l’un des bricoleurs de l’équipe : « On veut connecter le monde avec nos déchets! »

Où vont les déchets de plastique?

Au Québec, entre 2012 et 2016, près de 34 % des plastiques étaient récupérés, selon une étude de Recyc-Québec et d’Éco-entreprises Québec qui ne précise toutefois pas la proportion de matière revalorisée.

Chose certaine, la majorité des plastiques que nous consommons deviennent des déchets. Quel est leur coût en gaz à effet de serre (GES)? Ça dépend du lieu où ils aboutissent. En résumé :

  • Recyclage : le recyclage du plastique a un coût GES, principalement celui de l’électricité nécessaire au fonctionnement des centres de traitement. Comme, au Québec, elle est à 95 % d’origine hydraulique, son impact carbone est faible.
  • Incinération : les émissions de GES engendrées par l’incinération des plastiques sont directement liées à la quantité de carbone contenu dans le plastique et à son taux de combustion.
  • Dégradation : selon une récente étude de chercheurs de l’Université d’Hawaï, les déchets de plastique libèrent des GES durant leur dégradation, y compris dans les océans, lorsqu’ils sont exposés au soleil. La quantité des GES ainsi libérés n’a cependant pas encore été calculée.
  • Enfouissement : le plastique est fabriqué à partir de polymères dérivés du pétrole, dont la dégradation peut durer des centaines d’années, mais comme il n’est pas composé de matière organique, son enfouissement ne génère pas de GES.