Banquise branchée

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Elle tapisse l’océan Arctique et plusieurs baies nordiques. Appelée SIKU, en inuktitut, la banquise est le lieu de travail et de vie de milliers d’Inuits et de Cris au Québec. Et s’y promener peut aujourd’hui relever du parcours du combattant.

On ne s’aventure pas sur une glace flottante comme on le fait sur la terre ferme. Il faut la connaître intimement. Traditionnellement, les populations locales y pratiquant la chasse et la pêche ont développé une excellente connaissance de l’état de la banquise tout au long de l’année. Mais depuis la fin du 20e siècle, l’avènement des bouleversements apportés par les changements climatiques et le développement de projets hydroélectriques, y poser le pied peut constituer un véritable danger.

En mars 2017, la banquise arctique a atteint son expansion la plus basse jamais enregistrée, selon la Nasa.

Dans la baie d’Hudson, c’est à la technologie qu’on a fait appel pour résoudre le problème, avec SIKU. Inspirée du modèle de Google Maps, cette carte web interactive expose les conditions de la banquise pour les communautés autochtones. Une idée issue directement des communautés locales et de leur sentiment d’insécurité grandissant, et développée en collaboration avec la Société des eiders de l’Arctique (SEA).

La plateforme permet de cartographier quotidiennement des informations prises à même la banquise : salinité de l’eau, température, état de la glace, couverture neigeuse ou encore présence de faune. L’innovation a permis au projet de se classer finaliste au concours Google.org Impact Challenge.

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Retombées positives générales

Dans la baie d’Hudson, une petite révolution technologique vient guider les pas des Inuits sur une glace devenue instable à cause des changements climatiques. Alliant savoir traditionnel inuit et recherche scientifique, SIKU, c’est un peu le Google Maps de la banquise.

Elle tapisse l’océan Arctique et plusieurs baies nordiques. Appelée SIKU, en inuktitut, la banquise est le lieu de travail et de vie de milliers d’Inuits et de Cris au Québec. Et s’y promener peut aujourd’hui relever du parcours du combattant.

On ne s’aventure pas sur une glace flottante comme on le fait sur la terre ferme. Il faut la connaître intimement. Traditionnellement, les populations locales y pratiquant la chasse et la pêche ont développé une excellente connaissance de l’état de la banquise tout au long de l’année. Mais depuis la fin du 20e siècle, l’avènement des bouleversements apportés par les changements climatiques et le développement de projets hydroélectriques, y poser le pied peut constituer un véritable danger.

En mars 2017, la banquise arctique a atteint son expansion la plus basse jamais enregistrée, selon la Nasa.

Dans la baie d’Hudson, c’est à la technologie qu’on a fait appel pour résoudre le problème, avec SIKU. Inspirée du modèle de Google Maps, cette carte web interactive expose les conditions de la banquise pour les communautés autochtones. Une idée issue directement des communautés locales et de leur sentiment d’insécurité grandissant, et développée en collaboration avec la Société des eiders de l’Arctique (SEA).

La plateforme permet de cartographier quotidiennement des informations prises à même la banquise : salinité de l’eau, température, état de la glace, couverture neigeuse ou encore présence de faune. L’innovation a permis au projet de se classer finaliste au concours Google.org Impact Challenge.

   

190 sortes de glaces

« Absolument personne ne semble s’occuper des changements dans la baie. SIKU est une manière pour nous d’être indépendants et de nous adapter. » Lucassie Arragutainiaq, vétéran de l’Association des chasseurs et trappeurs de Sanikiluaq, ne cache pas l’ampleur du défi.

« Traditionnellement, nous avions des indicateurs clairs nous permettant de prévoir l’évolution de la glace durant l’année et le mouvement des animaux. Aujourd’hui, ces indicateurs ne sont plus les mêmes. Cela devient difficile pour nous de savoir où la glace est sécuritaire et d’exercer notre métier de chasseurs-pêcheurs. »

« Si le climat  change, la glace s’adapte au climat, la faune s’adapte à la glace et nous, Inuits, nous adapterons à la faune.

Lucassie Arragutainiaq

Des connaissances traditionnelles cruciales : se déplacer sur un plancher de glace est à des années lumière de ressembler aux déplacements sur le sol. La glace n’est pas immobile; elle se déforme de manière plastique et bouge selon les courants marins et atmosphériques. Qui plus est, la glace n’est pas uniforme. Selon le Service canadien des glaces, il en existe même plus de 190 sortes! Son épaisseur, sa salinité, l’environnement dans lequel elle repose et la manière dont elle s’est formée sont autant de caractéristiques qui la rendent hétérogène.

Et les pièges sont nombreux. Joel Heath, directeur exécutif de la SEA, note que si la glace peut paraître épaisse et solide au premier coup d’œil, la réalité, elle, est de plus en plus souvent différente.

Télédétection et harpon

La tâche est d’autant plus complexe pour les populations locales que les changements climatiques affectent aussi l’habitat des animaux.

Les eiders sont de grands canards prisés des communautés autochtones de la baie d’Hudson pour leur plumage et leur chair. Comme ces oiseaux se nourrissent sous l’eau, les chasseurs doivent se rendre aux endroits où la glace laisse place à des trous qu’on appelle des polynies. Depuis plusieurs années, ces zones normalement libres de glace se retrouvent parfois bouchées. Les eiders n’ont alors plus la possibilité d’entrer librement dans l’eau et d’en sortir. Résultat : on ne les retrouve plus aux mêmes endroits et ils sont moins nombreux. Pour les chasseurs et leurs communautés, c’est un énorme bouleversement.

Pour s’assurer de remédier efficacement au problème, la plateforme SIKU a été conçue en combinant les meilleures technologies traditionnelles aux technologies modernes.

« Nous utilisons des appareils sophistiqués, mais en les protégeant du froid grâce au duvet d’eider, qui est l’ultime technologie traditionnelle pour survivre à l’hiver arctique, lance Joel Heath. Nous faisons aussi appel à la télédétection et au harpon, traditionnellement utilisé pour tester et observer la glace. »

Un mariage primordial, puisque l’outil sera alimenté et utilisé principalement par des chasseurs et pêcheurs qui ont recours à des techniques et à des connaissances traditionnelles pour travailler, tandis qu’Internet permettra plus que jamais à des villages isolés de rassembler leurs forces et de partager des informations vitales.

«Les jeunes locaux n’apprennent plus de la même façon que leurs ainés. Internet est une source d’information importante pour eux et SIKU est un bon moyen de les rejoindre pour communiquer à propos de la science et de la sécurité sur la banquise.
Joel Heath

 

Pour l’instant, la carte interactive n’est disponible qu’en ligne, mais l’équipe travaille à la conception d’une application mobile grâce à laquelle les contributeurs pourront prendre des photos et les télécharger en temps réel, sur la carte. Cet outil permettra aux communautés de mieux connaitre l’évolution de la banquise dans la baie d’Hudson et de prendre des décisions plus éclairées.

Images : SIKU press kit