Une carte interactive pour protéger le Sentier national au Québec

Marie-Pierre Beauvais et Grégory Flayol ont collaboré à la création de cartes en ligne interactives révélant la valeur écologique du Sentier national au Québec
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Marie-Pierre Beauvais et Grégory Flayol ont collaboré à la création de cartes en ligne interactives révélant la valeur écologique du Sentier national au Québec ©Perrine Larsimont
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1/2. Rando Québec et la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) se sont associés pour développer un ensemble de ​​​​cartes – ou « storymaps » – décrivant le milieu naturel traversé par le Sentier national sur plus de 1650 km! L’objectif : obtenir un statut de protection du sentier pour préserver sa biodiversité et y minimiser les effets des changements climatiques.

Amateurs de plein air et de randonnée, vous vous demandez peut-être quelles sont les caractéristiques des milieux naturels que vous traversez lors de vos activités favorites : les essences d’arbres qui vous entourent, leur âge, la proximité de milieux humides ou encore les aires protégées. Réjouissez-vous! La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) et l’organisme Rando Québec ont rassemblé toutes ces données sur un ensemble de cartes en ligne pour décrire par le menu détail le Sentier national au Québec (SNQ) au complet : le long sentier en milieu naturel sur lequel se côtoient les pratiquants de la randonnée pédestre, de la raquette et du ski nordique. L’outil, mis en ligne fin octobre, vise à démontrer la valeur écologique du territoire entourant le SNQ afin d’en obtenir la protection de 300 mètres de part et d’autre du tracé.

On discute de la genèse du projet avec deux de ses artisans : Grégory Flayol, directeur général adjoint responsable des programmes chez Rando Québec, et Marie-Pierre Beauvais, responsable des aires protégées du sud du Québec à la SNAP Québec.

Marie-Pierre Beauvais, responsable des aires protégées du sud du Québec à la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec)
Marie-Pierre Beauvais, responsable des aires protégées du sud du Québec à la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) ©Perrine Larsimont

Rando Québec promeut la randonnée pédestre et la raquette tandis que la SNAP Québec se consacre à la protection de la nature et de la biodiversité. Comment est née votre collaboration et qu’est-ce qui la nourrit?

Marie-Pierre Beauvais – C’était en 2021, la SNAP Québec venait de recevoir des fonds du ministère de l’Environnement pour accompagner différents porteurs de projets dans la constitution de dossiers de demande d’aires protégées ou de corridors écologiques. (…) On s’est alors rapprochés des groupes de plein air qui sont des alliés passionnés capables d’aller toucher des publics en parlant de ces enjeux avec d’autres mots.

Grégory Flayol J’avais vu passer de quoi et j’ai envoyé un courriel un peu dans les airs à la SNAP Québec… de là ont résulté des échanges qui ont été concluants (rire).

M.-P.B. – Comme le SNQ traverse déjà des centaines d’aires protégées, c’est déjà un corridor écologique. On s’est dit que c’était une occasion évidente [pour demander sa protection] et qu’on pourrait y aller avec un outil ou une campagne de communication pour faire connaître sa valeur écologique. C’est ce qui a constitué notre angle d’attaque.

G.F. – Par ce projet, l’objectif est de dire : utilisons les milieux de plein air comme levier pour lutter contre les changements climatiques, pour pérenniser la biodiversité et pour favoriser une expérience d’immersion en nature pour les usagers.

G.F. – Par ce projet, l’objectif est de dire : utilisons les milieux de plein air comme levier pour lutter contre les changements climatiques, pour pérenniser la biodiversité et pour favoriser une expérience d’immersion en nature pour les usagers.

Comment les changements climatiques menacent-ils le SNQ?

G.F. – Il y a plus d’eau, de chaleur, de feu. C’est plus fort, plus fréquent. (…) Mais le plus dévastateur, c’est le vent, surtout à cause des règlements qu’on a aujourd’hui [avec des coupes forestières autorisées à 30 m du sentier], ​​​​les arbres ​[se retrouvent exposés, sont fragilisés et] ​tombent comme des allumettes s’il y a un coup de vent. C’est pour ça qu’on demande d’élargir la bande de protection à 300 m de chaque côté du tracé : c’est ce qu’il faut pour qu’une forêt se tienne.

Grégory Flayol, directeur général adjoint responsable des programmes chez Rando Québec, lors d'une séance de projection d'un film sur le SNQ coproduit par Rando Québec, "L'aventure à pied."
Grégory Flayol, directeur général adjoint responsable des programmes chez Rando Québec, lors d'une séance de projection d'un film sur le SNQ coproduit par Rando Québec, "L'aventure à pied." ©Perrine Larsimont

Comment la carte peut-elle servir cet objectif?

G.F. – Elle permet déjà de révéler la richesse de ce territoire, qui n’est pas juste une trace dans le bois. (…) Et le travail de caractérisation qu’on a fait démontre à la fois la grande richesse écologique, récréotouristique, mais aussi la menace permanente qui pèse dessus [caractérisée sur la carte par l’identification des zones de coupes forestières et de claims miniers].

M.-P.B. – Une image vaut 1000 mots, et la story map permet en un clin d’œil de faire passer tellement de messages. Je pense aussi qu’au Québec, on a une méconnaissance du territoire. Or, cet outil permet aux gens de venir s’y situer et de comprendre de quoi on parle.

Cet outil vise-t-il aussi à sensibiliser les pouvoirs publics?

M.-P.B. – Oui, parce qu’on manque de chiffres au Québec. On n’arrive pas à avoir une image claire de la valeur socioéconomique de la création d’aires protégées : quelles sont les retombées en matière de qualité de vie, de rétention des familles, d’accès à la nature? (…) Dresser un portrait plus pragmatique de cette contribution, c’est ce qu’on appelle l’économie de la conservation et c’est aussi un peu l’exercice qu’on voulait faire avec la story map.

G.F. – En somme, on veut démontrer que le manque à gagner potentiel pour la foresterie dans ce 600 m de protection est minime par rapport à ce que peut rapporter la préservation de ce territoire.

M.-P.B. – Puis, surtout, c’est de dire « on en a, des solutions ». Et dans certains cas, tout ce que ça prend, c’est de la volonté politique pour les mettre en pratique. (…) On n’est pas contre la foresterie, mais il faut la faire au bon endroit en tenant compte des fragilités du territoire.

Quelle a été votre méthodologie pour élaborer la carte?

G.F. – Mon fabuleux collègue et géomaticien Frédéric Minelli a fait un boulot de fou. (…) On a récupéré toutes les informations possibles sur les données ouvertes du gouvernement du Québec (…) et Frédéric en a fait une énorme base, dont la story map ne représente qu’un fragment : on a décidé de cibler, d’y aller avec les informations les plus marquantes…

M.-P.B. – … notamment avec les arguments scientifiques : les espèces à statut, les milieux humides… ce sont les indicateurs de la valeur écologique du SNQ que nous sommes allés chercher.

Quelles retombées espérez-vous obtenir avec la publication de cet outil?

G.F. – Au-delà de la protection du sentier, j’espère que notre proposition va inspirer d’autres acteurs tels que des municipalités et des MRC. J’aimerais que ça percole dans tous les milieux, même dans celui de la foresterie, pour qu’on ait des actions concertées qui fassent partie d’un plan de société au Québec.

La conservation, alliée de l’adaptation aux changements climatiques

Conserver les milieux naturels représente une solution d’adaptation aux changements climatiques. Quelques exemples :

  • Les milieux humides retiennent l’eau et contribuent de ce fait à minimiser l’effet des pluies.
  • La canopée permet de minimiser l’effet des grands vents sur les forêts et leurs infrastructures, notamment les chemins de randonnée.
  • Les conifères et les tourbières sont d’excellents capteurs de carbone, qui limitent la quantité de GES dans l’atmosphère.

Par ailleurs, assurer la connexion des milieux naturels entre eux favorise la migration des animaux et des végétaux vers des habitats adaptés à leurs besoins.

Le Sentier national au Québec, un corridor écologique

Le Sentier national au Québec (SNQ) passe par plus de 100 aires protégées et constitue un passage naturel pour quelque 35 espèces fauniques et 71 espèces floristiques à statut précaire.

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