Une agriculture soutenable et sans fumier, s’il vous plaît!

Stéphane Groleau, cofondateur du Réseau d’agriculture véganique
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Stéphane Groleau, cofondateur du Réseau d’agriculture véganique ©Maxime Bilodeau
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29 novembre 2023 - Maxime Bilodeau, journaliste de l'Initiative de journalisme local

L’agriculture végane met le doigt sur une vérité dérangeante : nos fruits, nos légumes et nos céréales poussent souvent grâce à des produits issus de l’élevage et de l’abattage d’animaux, synonymes d’émissions massives de gaz à effet de serre.

Une courge, cinq courges, quinze courges… Des cucurbitacées par dizaines peuplent l’appartement de Stéphane Groleau dans le Vieux-Limoilou, à Québec. La récolte a été manifestement bonne pour le cofondateur du Réseau d’agriculture véganique. « Elles sont belles, n’est-ce pas? me lance-t-il avec un brin de fierté dans la voix. Je les ai cultivées grâce à la méthode Ruth Stout. » Celle-ci consiste à couvrir le sol d’une épaisse couche de foin après avoir semé les végétaux et appliqué un peu de compost.

C’est donc dire que ces courges ont été produites sans l’utilisation de… fumier. Il s’agit du principe phare de l’agriculture végane, une approche centrée sur le respect des animaux, de l’environnement et de la santé humaine. « Il y a beaucoup de similitudes avec la permaculture. Mais, nous recourons uniquement à des intrants d’origine végétale pour amender les sols », explique Stéphane Groleau. L’usage de produits chimiques comme des herbicides et pesticides est bien sûr proscrit.

Cette forme d’agriculture est certes idéologique, mais elle a aussi des bases rationnelles. Les agriculteurs et agricultrices véganes rompent dans les faits le lien entre l’exploitation animale et la production de fruits, de légumes et de céréales. « L’élevage et l’abattage contribuent grandement aux émissions de gaz à effet de serre, notamment de méthane. Or, la plupart des produits agricoles dérivés d’animaux proviennent justement de cette industrie », regrette-t-il. Farines de sang, d’os et de poisson, fumier, urée… La liste est longue.

B.a.-ba

La production de compost constitue le nerf de la guerre de cette forme d’agriculture alternative. C’est pourquoi Stéphane Groleau ne participe pas à la collecte de résidus alimentaires de la Ville de Québec. Au lieu de prendre le chemin du sac mauve, puis du centre de biométhanisation, ses pelures, trognons de pomme et autres marcs de café finissent leur vie dans ses bacs de jardinage, sur ses balcons. Pour ses courges, lesquelles ont poussé sur la terre familiale dans Portneuf, il a eu recours à du granulé de luzerne.

Courges vertes
©Maxime Bilodeau

Dans The Veganic Grower’s Handbook, l’agriculteur végane Jimmy Videle détaille la marche à suivre pour réussir ses premiers pas dans cet univers. Ce guide complet résume sept années d’essais et d’erreurs sur sa ferme maraîchère végétalienne, La Ferme de l’Aube, située à Boileau, en Outaouais. « Je savais qu’une ferme végane bio-intensive à petite échelle était rare, nous écrit-il par courriel. Afin que d’autres petits jardiniers et agriculteurs puissent reproduire notre modèle […], j’ai gardé une trace de tout. »

Rendements de production, quantités plantées, espacement pour 75 cultures différentes, matière organique du sol, intrants, tests de compost… Tout y passe dans cet ouvrage didactique. D’ailleurs, faut-il être végétalien pour pratiquer ce type d’agriculture? « Non, mais pourquoi pas? répond Jimmy Videle. Si vous [adhérez aux principes de l’agriculture végane], alors peut-être ne devriez-vous pas non plus avoir d’animaux ou de produits d’origine animale dans votre propre alimentation. »

Nous voulons démystifier l’agriculture végane et démontrer que c’est à la fois possible et nécessaire de s’y mettre.Stéphane Groleau, cofondateur du Réseau d’agriculture véganique

Et ailleurs au Québec?

Chose certaine, l’agriculture végane demeure assez marginale. Au Québec, ses forces vives gravitent autour du Réseau d’agriculture véganique, dont le site Web est l’un des rares à documenter le sujet dans la langue de Molière. « L’information est surtout offerte en anglais », indique Stéphane Groleau. L’agriculture végane est plus populaire dans des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Il existe depuis peu un nouveau programme de certification propre à l’Amérique du Nord.

Dans l’espoir d’accélérer le mouvement, Stéphane Groleau et ses acolytes ont organisé le tout premier sommet sur l’agriculture véganique. Cet événement (en anglais et gratuit) s’est tenu en ligne au début de novembre et a mis en vedette plusieurs sommités du sujet. Le but : rassembler plus de 1000 personnes. « Nous voulons démystifier l’agriculture végane et démontrer que c’est à la fois possible et nécessaire de s’y mettre », martèle-t-il.

Comme pour toute approche en rupture avec le statu quo, l’agriculture végane est l’objet de maintes critiques. Par exemple, son rendement serait insuffisant pour espérer nourrir les huit milliards d’humains sur Terre de manière adéquate. « C’est un faux argument; pour la même superficie occupée par l’élevage industriel, il serait possible de suffire aux besoins de beaucoup de monde [avec l’agriculture végane] », rétorque du tac au tac Stéphane Groleau. Sa soixante-dizaine de courges verruqueuses en sont une preuve tangible!

3 courges
©Maxime Bilodeau

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