En région, le transport collectif, ça roule à la carte

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La Régie intermunicipale de transport Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (REGIM) mise sur des bus de 24 pieds. ©Courtoisie
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15 juin 2021 - Guillaume Roy, En quête d'aventure

Le mythe de l’inefficacité du transport collectif en dehors des grandes villes a la vie dure. Malgré la faible densité de leur population, plusieurs régions tirent pourtant leur épingle du jeu, comme le Maskinongé, la Gaspésie, et la MRC des Sources, en Estrie.

Pendant des années, des municipalités de taille moyenne et des collectivités en région ont lancé des projets de transport collectif en misant sur le même modèle que celui des grandes villes, c’est-à-dire en mobilisant de gros autobus pour sillonner le territoire, explique le spécialiste de l’urbanisme et de la mobilité Pierre Barrieau. « À une certaine époque, les programmes du gouvernement étaient souvent rédigés pour favoriser les autobus de 40 pieds fabriqués au Québec », se souvient en passant le propriétaire de Gris Orange Consultant, qui est aussi chargé de cours dans deux universités. Résultat : ça ne fonctionnait pas.

Au lieu de déployer un service uniforme en espérant que les gens s’y adapteront, la Corporation de transports collectifs (CTC) de la MRC de Maskinongé a compris qu’il fallait tout un « cocktail transport » pour permettre aux usagers de se rendre à bon port.

« On part des besoins de la population pour déployer notre offre de services. Et plutôt que d’acheter des bus ou d’autres véhicules, on préfère optimiser les transports présents et investir dans les services », souligne la directrice générale de la CTC, Valérie Bellerose.

Des partenariats ont donc été conclus avec des entreprises de taxis et des propriétaires d’autobus scolaires ou commerciaux pour offrir des services de taxi-bus et de navette express, comme celle qui se rend à Trois-Rivières tous les jours. Des supports à vélo ont aussi été installés sur les bus, un ajout simple, mais qui facilite la vie de plusieurs utilisateurs.

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Des supports à vélo ont été installés sur les bus de la Corporation de transports collectifs (CTC) de la MRC de Maskinongé. ©Courtoisie

Cette offre diversifiée a plus que porté ses fruits. Le nombre de déplacements annuels a explosé, passant de 12 000 entre 2005 et 2009 à près de 100 000 en 2019 ! La clé : connaître « les générateurs de déplacement », note Valérie Bellerose. En sachant quelles activités sont offertes, par exemple à la maison des jeunes, la CTC peut adapter son offre de transport. La souplesse de la Corporation lui permet aussi d’adapter son offre aux besoins des entreprises. « Quand Olymel a dû recruter plus de 300 employés, ses dirigeants ont mis la mobilité au cœur de leurs décisions. On leur a permis de trouver des travailleurs qui n’avaient pas de véhicule », raconte la directrice.

Question d’image

Le Service de transport collectif (STC) des Sources, en Estrie, a pris une trajectoire similaire. La démarche a commencé en 2008 par le jumelage de l’offre de transport adapté à celle du transport collectif. Puis, l’organisation a conclu des partenariats avec les transporteurs locaux, comme les taxis et les bus scolaires. « On doit optimiser les ressources sur le territoire », indique la coordonnatrice du STC des Sources, Andréanne Ladouceur, qui souligne au passage l’importance du covoiturage.

Selon elle, l’image du service offert est importante pour rejoindre la population. « Notre organisation s’appelait Transbestos jusqu’en 2019 et les gens associaient ce nom avec le transport adapté, dit-elle. Avec le changement d’image de marque, on espère changer les perceptions. »

En plus de coûter cher, un bus vide n’est pas attractif, car en voyant le manque d’intérêt, les gens choisissent de ne pas l’utiliser.
Pierre Barrieau, spécialiste de l’urbanisme et de la mobilité

L’image renvoyée par le transport collectif influence grandement le comportement des usagers, assure Pierre Barrieau, qui évoque le syndrome du bus vide. « En plus de coûter cher, un bus vide n’est pas attractif, car en voyant le manque d’intérêt, les gens choisissent de ne pas l’utiliser. » En diminuant la taille des autobus de 40 à 20 pieds, des villes ont réussi à attirer les usagers et même à remplir leurs autobus… si bien qu’elles ont dû revenir aux véhicules de 40 pieds !

Les avantages sociaux du transport collectif

Pour lutter contre le phénomène de l’auto solo, il faudra repenser nos villes en plus d’offrir davantage de transport en commun, estime la professeure adjointe à Polytechnique Montréal Geneviève Boisjoly. « Il faut réfléchir la ville à long terme, mais il faut aussi le faire en continu, en anticipant comment les nouveaux lotissements peuvent s’intégrer à un pôle d’activité », explique l’experte en génie du transport. Bien que la voiture soit souvent le moyen le plus rapide pour se rendre du point A au point B, les avantages liés aux transports collectifs ne sont pas à négliger, signale-t-elle. Ils sont par exemple plus sécuritaires et permettent à l’ensemble de la population de se déplacer pour étudier, travailler ou simplement recevoir des soins de santé, que l’on soit ado, dans la fleur de l’âge ou aîné. « En plus d’éviter des gaz à effet de serre, le transport en commun permet avant tout de favoriser l’inclusion sociale et le développement de milieux urbains », affirme Geneviève Boisjoly.

Des options à combiner intelligemment

Dans certains endroits, comme en Gaspésie, les minibus offrent une option pertinente. « Chez nous, on utilise des bus de 24 pieds pour offrir un service selon un axe linéaire qui fait le tour de la côte », explique Marie-Andrée Pichette, directrice générale de la Régie intermunicipale de transport Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (REGIM). Le service enregistre déjà plus de 70 000 déplacements par année et un projet de transport collectif intelligent et de transport électrifié (TCiTé) viendra bonifier l’offre.

Alors que six municipalités ont déjà acheté des véhicules électriques pour les mettre en autopartage avec les citoyens via le système SAUVéR, une nouvelle plateforme technologique s’y ajoutera pour permettre l’intégration des autres services de transport collectif. Développée par YHC Environnement, la plateforme est déployée dans cinq collectivités, au Québec et au Nouveau-Brunswick, dans le cadre d’un projet pilote, explique la vice-présidente, Johanne Ouellet.

Un usager pourra ainsi prévoir ses déplacements à l’aide d’un outil intelligent qui combinera différents modes de transport, que ce soit l’autopartage, les navettes en bus, les taxis ou le prêt d’un vélo, par exemple. C’est en quelque sorte un outil pour optimiser l’utilisation des transports collectifs et qui permet de régler le problème du premier et du dernier kilomètre, conclut Johanne Ouellet.

Cet article provient d’un cahier spécial « Ma ville, mon climat », publié par le quotidien Le Devoir, en partenariat avec Unpointcinq.

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