Reboisement urbain : une bonne idée… mais encore faut-il bien la planter!

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Le chercheur à l’ISFORT Sylvain Delagrange (au centre) et les biologistes Marie-Ève Roy et Patrice Mathieu dressent cet été un inventaire des arbres du quartier du Carrefour-de-l’Hôpital, à Gatineau. Les données recueillies serviront à élaborer un plan de reforestation du secteur, à la demande de l’association citoyenne du district.

Une association citoyenne de Gatineau propose de développer une méthode de reboisement urbain pour lutter contre les changements climatiques. Comme quoi pour mieux passer de l’idée à l’action, rien de mieux qu’une bonne planification.

Dans un quartier résidentiel du nord de Gatineau, trois chercheurs scrutent les arbres de chaque maison, sous le regard curieux des propriétaires. Combien d’arbres? Quelles essences? Sont-ils en santé? L’inventaire est précis et l’objectif est clair : formuler des recommandations pour revégétaliser intelligemment le secteur.

Ces recommandations feront leur chemin jusqu’au bureau de l’Association des résidents du quartier du Carrefour-de-l’Hôpital (ARQCH), qui pilote le projet. L’énergique présidente de ce regroupement citoyen, Olive Kamanyana, se dit pressée d’agir. « Il faut déterminer, comme milieu, quel type d’activités peut contribuer à contrer les effets des changements climatiques. »

Nous voulions déjà augmenter le couvert forestier en ville, mais pas n’importe comment : en améliorant la biodiversité et en rendant les forêts plus résilientes au futur climatique. 

Sylvain Delagrange

D’où l’idée d’une reforestation méticuleusement planifiée, notamment grâce à une phase de caractérisation arboricole. Après un appel de propositions lancé l’automne dernier, l’association a choisi de s’adjoindre les services de chercheurs de l’Institut des sciences de la forêt tempérée (ISFORT) de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) pour concrétiser son idée. L’expertise de l’ISFORT cadrait parfaitement avec le projet, mentionne le professeur Sylvain Delagrange, qui coordonne les recherches terrain. « Nous voulions déjà augmenter le couvert forestier en ville, mais pas n’importe comment : en améliorant la biodiversité et en rendant les forêts plus résilientes au futur climatique. »

reboisement gatineau
Le chercheur à l’ISFORT Sylvain Delagrange (à gauche) procède à la caractérisation arboricole d’un quartier résidentiel de Gatineau en compagnie des biologistes Marie-Ève Roy et Patrice Mathieu.

De la recherche à la pelle 

À l’ombre d’un grand tilleul, alors que le mercure avoisine les 34 degrés Celsius, le professeur de sciences naturelles à l’UQO rappelle que les arbres sont essentiels pour remédier aux îlots de chaleur, mais aussi pour donner du cachet aux quartiers et permettre à la faune locale de se déplacer. L’inventaire en cours servira donc à repérer les endroits où il faut soit augmenter le couvert forestier, soit en améliorer la composition, question d’optimiser ses bienfaits et de minimiser les effets potentiellement dévastateurs d’événements tels que les infestations d’insectes comme l’agrile du frêne.

Pour réussir cette reforestation, l’ARQCH croit qu’il faut renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens envers les infrastructures vertes. Olive Kamanyana estime que cette partie du travail sera relativement facile, surtout s’ils s’engagent eux-mêmes dans la plantation d’arbres. Le conseiller municipal du district, Gilles Carpentier, est du même avis : « [Les citoyens vont être fiers] d’avoir contribué, même humblement, à améliorer la qualité de vie de cette façon. » Intéressé par la possibilité « d’étoffer le poumon de la ville », il a d’ailleurs accordé quelque 30 000 dollars de son budget discrétionnaire à la phase de recherche du projet. 

Le chercheur à l’ISFORT Sylvain Delagrange (à gauche) procède à la caractérisation arboricole d’un quartier résidentiel de Gatineau en compagnie des biologistes Patrice Mathieu et Marie-Ève Roy.

Le défi réside plutôt dans l’accompagnement du secteur commercial, selon Olive Kamanyana. C’est du moins ce qu’elle a remarqué quand elle était membre citoyenne du Comité consultatif d’urbanisme de la Ville de Gatineau. « Souvent, les promoteurs acceptaient de planter des petits arbres dans leurs stationnements ou à l’extérieur des commerces, mais au bout de deux jours, [les végétaux mouraient] et personne ne les remplaçait. Il faut que ce soit plus durable. » 

Reste maintenant à attendre, d’ici 2021, l’analyse finale des chercheurs et leurs suggestions d’activités visant à sensibiliser le public à l’importance des infrastructures vertes. L’association souhaite toutefois se servir des résultats préliminaires dès cet automne pour déposer une demande de subvention au Fonds vert de Gatineau. Elle pourra ainsi planter le plus rapidement possible un nombre d’arbres pour le moment indéterminé ‒ tout dépend des recommandations des chercheurs et du financement qu’ils obtiendront. L’argent pourrait aussi servir à organiser les négociations avec les commerçants pour un verdissement mieux planifié des aires asphaltées avoisinant leurs entreprises.

Optimiste, Olive Kamanyana rêve déjà de voir l’initiative reproduite ailleurs à Gatineau. Parce que comme le rappelle Sylvain Delagrange, à très petite échelle, ce genre de projet relève davantage de l’adaptation aux changements climatiques que d’une véritable lutte contre ces derniers. « Mais si tous les quartiers de toutes les villes se mettaient à reboiser, la température pourrait [diminuer considérablement]. Et à long terme, on commencerait possiblement à avoir un impact sur la fixation de carbone », avance-t-il.