Ecotime : quand économiser l’eau coule de source

Eddy Dubreuil Crédit Joe Alvoeiro
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Eddy Dubreuil ©Joe Alvoeiro
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08 septembre 2023 - Leïla Jolin-Dahel, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Réduire le gaspillage d’eau potable en réutilisant les eaux grises, c’est ce que propose Ecotime, une entreprise d’ici. Rencontre avec son fondateur, Eddy Dureuil, pour qui l’or bleu est une richesse qu’il ne faut pas gaspiller.

Eddy Dureuil n’est pas ingénieur et n’a pas d’expérience dans le domaine technique ou immobilier, mais, de son propre aveu, il a toujours eu la fibre entrepreneuriale et a obtenu son « Ph. D. du gros bon sens ». C’est ce qui l’a convaincu de fonder Ecotime en 2017 avec son partenaire d’affaires, Timothée Roy-Bouchard. « On n’a pas besoin de faire des études poussées pour comprendre que l’eau potable, dans les toilettes, aujourd’hui, ce n’est pas nécessaire », résume-t-il.

Celui qui est né à Paris et qui a vécu en Martinique a déjà eu une entreprise de laveries automatiques en Guyane française. En Martinique, il en a créé une autre qui propose aux touristes des cyclotaxis à assistance électrique pour visiter le patrimoine de Fort-de-France. C’est d’ailleurs en Martinique qu’il a rencontré sa conjointe, qu’il est venu rejoindre au Québec en 2009.

Au fil des ans, il a observé que l’on gaspille l’eau de manière similaire dans différents endroits du monde. « On voit les mêmes concepts au niveau de la gestion de l’eau dans les bâtiments [l’utilisation d’eau potable dans les toilettes] », constate celui qui a « toujours voulu avoir un impact dans la vie des gens ».

Alors qu’on croit à tort que l’eau douce est une ressource inépuisable au Québec, Eddy Dureuil souligne que, déjà, certaines municipalités de la province font face à des pénuries. C’était notamment le cas à Cap-Santé, Saint-Lin–Laurentides, Saint-Antoine-de-Tilly, Clarenceville, Saint-Narcisse et Longueuil, qui ont fait les manchettes en raison du manque d’eau potable.

Le récupérateur Oasis
Le récupérateur Oasis ©Courtoisie

Chez Ecotime, on s’est rendu compte qu’il fallait mettre la technologie au service de l’humain, et non l’inverse

Eddy Dureuil, fondateur d’Ecotime

Réutiliser les eaux usées

Aujourd’hui, l’utilisation de la chasse d’eau représente environ 24 % de la consommation totale d’eau à l’intérieur, d’après le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation du Québec. « L’eau utilisée pour les toilettes n’a pas besoin d’être potable. Pourquoi continue-t-on de construire des bâtiments de la même façon en sachant que ce pourcentage va déjà être automatiquement gaspillé? » demande Eddy Dureuil. Selon CAA Québec, une personne vivant au Québec utilise en moyenne 424 L d’eau potable chaque jour. Cela équivaut à cinq piscines hors terre par année.

L’entrepreneur est d’avis que seuls l’évier et la douche devraient fournir de l’eau potable. Celle-ci peut ensuite être récupérée pour d’autres fonctions, notamment pour alimenter les toilettes, arroser les plantes et laver le plancher, estime le cofondateur d’Ecotime.

Afin de réutiliser ces eaux, Ecotime propose plusieurs solutions qui s’adressent à différentes clientèles. Par exemple, un système importé d’Europe et qui est sans filtre, sans produits chimiques et sans membrane à nettoyer est offert aux simples propriétaires, ainsi qu’aux secteurs multirésidentiel et commercial. « Vous raccordez l’appareil à votre bain et il va traiter votre eau pour l’acheminer automatiquement dans votre toilette sans que vous ayez à faire quoi que ce soit », vante Eddy Dureuil.

Le récupérateur Oasis recueille la pluie et s’ajuste en fonction de la météo. Son utilisation est surtout destinée aux casernes, garages municipaux, centres sportifs, piscines, amphithéâtres, etc. Le système Hydraloop est quant à lui un récupérateur d’eaux grises autonome. Il peut non seulement desservir des lieux publics, mais également des campings, des maisons, des chalets et des appartements. Pour ce dispositif, Ecotime a d’ailleurs remporté en 2022 un prix remis par Québec circulaire.

L’équipe formée de quatre personnes, qui passera à six d’ici la fin de l’année, a créé une intelligence artificielle pour contrôler le dispositif du système Oasis afin de minimiser l’intervention humaine. « Si vous l’oubliez, il va faire la récupération pour vous, vous n’avez pas besoin de vous demander ce que vous devez faire », explique Eddy Dureuil.

Ecotime se heurte toutefois à certains défis. Comme l’eau est gratuite, « les gens disent “pourquoi est-ce que j’installerais un système d’économie d’eau si je ne paie pas pour?” C’est l’objection qui revient le plus souvent », dit l’entrepreneur.

Ecotime vise surtout les villes québécoises aux prises avec des problèmes d’approvisionnement d’eau. L’entreprise permet à certaines municipalités de faire l’essai de ses produits en vue de les inciter à modifier leurs règles en matière de construction de bâtiment. « Quand un promoteur immobilier va vouloir construire, une municipalité qui aura testé les équipements hydroéconomes pourra changer ses plans d’urbanisation pour que tous ses édifices en soient dotés », espère Eddy Dureuil.

Un legs à la génération future

Celui qui se décrit comme un citoyen ordinaire cherchait à faire ce qui était en son pouvoir pour assurer un avenir meilleur. « Il y a des gens qui désirent faire leur part, mais qui ne savent pas par où commencer. Et j’en fais partie », concède-t-il.

L’idée de laisser un environnement en moins bon état à sa descendance l’a fait réfléchir. « Je n’ai pas envie que mes enfants reviennent me voir plus tard pour me dire “si on a manqué d’eau, c’est parce que, toi, tu faisais tes excréments dedans” », illustre-t-il.

Le cofondateur d’Ecotime estime que, si bien des gens veulent réduire leur empreinte sur la planète, plusieurs n’ont toutefois pas envie de changer leur style de vie pour y arriver. « Chez Ecotime, on s’est rendu compte qu’il fallait mettre la technologie au service de l’humain, et non l’inverse » afin de convaincre les gens d’adopter des habitudes plus écologiques, dit-il.

Aujourd’hui, l’entreprise s’active à mettre sur pied un dispositif qui permettrait au récupérateur d’eaux usées de se nettoyer automatiquement après chaque douche. « On fait beaucoup de recherche et développement là-dessus. On veut avoir une durabilité de 25 ans », souhaite-t-il en espérant arriver à ses fins d’ici le début de 2024.

En plus des récupérateurs d’eaux usées, Ecotime travaille à créer un système de revalorisation de la chaleur de l’eau de la douche afin d’économiser de l’électricité. « Cette eau chaude repart souvent dans les égouts. Pourquoi ne pas la réutiliser? » demande Eddy Dureuil. Cela permettrait non seulement de faire baisser la facture d’électricité des ménages, mais également d’améliorer la durée des vies des chauffe-eau. « Notre mission, c’est d’aider chaque être humain à réduire son empreinte sur la planète. »

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