Un rare don écologique en zone urbaine à Québec

Daniel Desroches et Geneviève Marcon en pleine conversation dans les bureaux de GM Développement
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Daniel Desroches et Geneviève Marcon en pleine conversation dans les bureaux de GM Développement ©Maxime Bilodeau
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18 août 2023 - Maxime Bilodeau, journaliste de l'Initiative de journalisme local

Fait plutôt rare, un don écologique consenti par un promoteur immobilier permet de protéger du développement une bonne partie du boisé Neilson, un milieu naturel à haute valeur écologique de Québec. Nous avons convié autour de la table deux personnes qui ont joué un rôle clé dans cette opération : Geneviève Marcon, coprésidente de GM Développement, et Daniel Desroches, porte-parole de l’initiative citoyenne Les amis du boisé Neilson.

La parcelle cédée par GM Développement équivaut à seulement 9 % de la superficie totale du boisé Neilson. En quoi ce don est-il une si bonne nouvelle?

Geneviève Marcon : Notre lot s’ajoute aux 40 % dont la Ville de Québec était déjà propriétaire. Et comme cette dernière s’est elle aussi engagée à protéger les lieux, cela signifie qu’environ la moitié du boisé urbain est sauvegardé. L’administration municipale actuelle ne cherche pas à tout prix à s’enrichir grâce à de nouveaux impôts fonciers. Il faut le souligner.

Daniel Desroches : Les lots ont beau être non contigus, ils empêchent néanmoins le prolongement de l’avenue des Compagnons, qui devait en principe traverser le boisé Neilson. On peut donc dire sans trop exagérer que le site demeurera dans son état sauvage. Le maire Bruno Marchand l’a bien illustré lors de l’annonce : ce geste représente en quelque sorte « la clé qui ouvre toutes les possibilités ».

Le Programme des dons écologiques du gouvernement du Canada existe depuis 1995, mais il reste assez méconnu. Pourquoi vous êtes-vous tourné vers lui?

GM : Au départ, il n’était même pas question de faire un don écologique, dont nous ignorions les tenants et aboutissants. Cette solution nous est toutefois apparue comme la plus pratique du point de vue fiscal. Il faut payer de l’impôt sur le gain réalisé entre le moment de l’achat du terrain en 2011 et, 10 ans plus tard, sa nouvelle valeur plus élevée sur le marché. Pendant ce temps, nous avons pourtant investi dans ce bien que nous comptions éventuellement développer, notamment sous forme de taxes municipales. Nous sommes des promoteurs immobiliers, c’est notre métier de réaliser de telles acquisitions en vue d’éventuels développements. En même temps, nous avions beau en être propriétaires depuis une décennie, nous ignorions tout du boisé. La portion centrale nous appartenait sur papier, point à la ligne. Sa visite, au cours de laquelle nous avons pris conscience de sa valeur écologique, a contribué à nous faire cheminer dans notre réflexion.

DD : Les dons écologiques se font surtout dans les milieux ruraux, où les terrains n’ont pas la même valeur foncière qu’en ville. C’est par exemple le cas des ententes de conservation signées par l’intermédiaire d’organismes comme Corridor appalachien, en Estrie, et Ambioterra, en Montérégie. C’est pourquoi le don de Mme Marcon peut être qualifié d’historique; on ne voit jamais ça en zone urbaine!

Ce mécanisme garantit que le terrain sera protégé à perpétuité, non?

GM : Cela met en effet à l’abri d’éventuels scénarios où un acquéreur, 15 ans après avoir accepté le don, changerait d’idée et entreprendrait de développer le site. Ça pérennise le geste. L’intention du donateur est ainsi respectée.

DD : Techniquement, c’est Capitale Nature qui s’assurera que la servitude de conservation créée à la suite du don sera préservée. À l’heure actuelle, l’organisme de conservation en est à rassembler la documentation pour faire la preuve de la valeur écologique exceptionnelle du boisé Neilson, qui ne fait cependant aucun doute.

Geneviève Marcon, coprésidente de GM Développement
Geneviève Marcon, coprésidente de GM Développement ©Maxime Bilodeau

Qu’est-ce qui motive ce geste? Le secteur de la Pointe-de-Sainte-Foy n’est-il pas l’un des plus intéressants à développer dans la région de Québec?

DD : Il s’agit bel et bien d’une zone prioritaire de développement. Et cela date de bien avant que le projet de tramway ne soit sur les rails! Selon la réglementation municipale, 60 % du boisé Neilson pourrait en théorie être développé.

GM : Nous considérons qu’il est de notre devoir de nous impliquer dans notre communauté. Cela fait partie de nos valeurs d’entreprise. Nous avons par exemple réalisé plusieurs projets porteurs dans le quartier Saint-Roch au fil des années, contribuant ainsi à sa revitalisation. Comme nous avons connu de bonnes années récemment, nous pouvons par ailleurs nous permettre de consentir ce don. Moi et mon conjoint [Jean Campeau] posons ce geste pour nos enfants, avec qui nous travaillons au sein de GM Développement. Ils ont d’ailleurs embarqué dans le plan dès que nous le leur avons exposé.

Parlez-nous du jour de l’annonce du don, le 11 mai dernier. L’ambiance était-elle à la joie sur place, au boisé Neilson?

GM : Oui. Tout le monde était sur la même longueur d’onde. Ç’a été une belle journée qui a généré beaucoup de commentaires élogieux. Pour GM Développement, il s’agit du geste philanthropique le plus porteur que nous ayons posé depuis nos débuts en 1992. J’y vois un reflet de l’évolution des mentalités relativement aux questions environnementales.

DD : D’autant plus que l’annonce concorde, à quelques jours près, avec celle de la modification prochaine de la Loi sur l’expropriation. Si elle va de l’avant, l’indemnité à verser serait désormais fixée sur la base de la valeur marchande du bien exproprié et non plus de celle au propriétaire. À l’heure actuelle, les municipalités ne peuvent se permettre d’accroître la portion de leur territoire alloué à la conservation. L’acquisition des milieux naturels est beaucoup trop dispendieuse.

Watson, le chien du fils de Mme Marcon.
Watson, le chien du fils de Mme Marcon. ©Maxime Bilodeau

Pensez-vous que votre geste en inspirera d’autres?

GM : Nous l’espérons en tout cas! Le Programme des dons écologiques est avantageux à tous les points de vue. Il suffit d’avoir la volonté de s’en prévaloir. Je vois mal pourquoi les divers propriétaires des 51 % restants de la superficie totale du boisé Neilson s’en priveraient. De toute façon, aucun promoteur ne voudrait maintenant porter l’odieux de proposer un projet de développement…

DD : Les planètes s’alignaient pour concrétiser ce scénario – des citoyens aux aguets, une administration municipale progressiste, un promoteur immobilier qui a le bien collectif à cœur, un partenaire de conservation… Or, si nous attendons que toutes ces conditions soient systématiquement réunies ailleurs au Québec, nous perdrons assurément plusieurs milieux à haute valeur écologique. GM Développement indique en ce sens la marche à suivre.

Cette entrevue a été éditée à des fins de clarté et de concision.

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