Dossier spécial : Biodiversité, une alliée du climat , partie 3

À Québec, ce boisé urbain qu’il faut sauver

Le groupe des Amis du boisé Neilson
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Photo courtoisie © Les amis du boisé Neilson
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18 novembre 2022 - Maxime Bilodeau, En paix avec ses contradictions

Un groupe de citoyens est monté aux barricades ces dernières années afin de maintenir les pépines à distance du boisé Neilson, un milieu naturel à haute valeur écologique, territoire privilégié de la salamandre à quatre orteils.

Daniel Desroches n’a pas écrit le livre Comment sauvegarder une forêt urbaine 101, mais il devrait. À Laval, entre 2012 et 2018, ce « Robin des boisés » a coordonné des activités citoyennes qui ont assuré la pérennité de deux océans de verdure : les boisés de l’Équerre et du Souvenir. Depuis plus de deux ans, l’environnementaliste s’emploie à répéter le même tour de force avec le boisé Neilson, un milieu naturel de haute valeur situé à la Pointe-de-Sainte-Foy, à l’ouest du centre-ville de Québec. Et il pourrait bien y parvenir.

Daniel Desroches
Daniel Desroches, environnementaliste et cofondateur du groupe Les amis du boisé Neilson © Photo courtoisie
salamandre à quatre orteils
La salamandre à quatre orteils fait partie des espèces qui habitent le boisé © Les amis du boisé Neilson

Les derniers milieux humides de la haute-ville

« Je peinais à comprendre pourquoi la Ville de Québec se donne le droit d’y construire des tours d’habitation », raconte celui qui a cofondé un nouveau regroupement de citoyens, Les amis du boisé Neilson, pour empêcher cette éventualité. Plusieurs corvées d’entretien fortement médiatisées, une pétition de plus de 7000 noms et un changement fortuit d’administration municipale plus tard, le boisé de 25 hectares n’est plus menacé. Du moins, à court terme. « Encore aujourd’hui, la réglementation municipale prévoit le développement de 60 % de la superficie du site », précise Daniel Desroches.

Cela est d’autant plus paradoxal que l’intégralité du boisé Neilson a longtemps été considérée comme un milieu d’intérêt écologique par la Ville de Québec. Même si ce n’est plus le cas aujourd’hui – seule la partie centrale l’est désormais –, les faits demeurent. « On y trouve les derniers milieux humides de la haute-ville, des vestiges de forêts anciennes, la présence d’une espèce emblématique, la salamandre à quatre orteils », énumère ce professeur de philosophie au collégial. Sans parler de tous ces gens qui se sont approprié les lieux au fil des années, le temps d’une promenade avec Fido.

De tels milieux naturels forment un patrimoine naturel commun qui, en propre, appartient bien plus aux générations de demain qu’à celles d’aujourd’hui. Je mène ce combat pour mes enfants, pour mon neveu, afin qu’ils aient eux aussi accès à ces richesses. »
Daniel Desroches, environnementaliste et cofondateur de l’initative citoyenne Les amis du boisé Neilson.

Crises combinées des changements climatiques et de la biodiversité

Il pourrait être tentant, à ce moment-ci du récit, de ramener cette opposition citoyenne à une simple manifestation du syndrome « pas dans ma cour ». C’est normal et tout à fait prévisible. « Il s’agit d’une excuse classique en aménagement urbain pour entretenir le statu quo, au même titre que de plaider pour une révision de la fiscalité municipale, qui encourage le développement immobilier et l’étalement urbain », analyse Émile Forest, agent de recherche pour la Chaire de recherche UNESCO en paysage urbain de l’Université de Montréal.

« Avec les crises combinées des changements climatiques et de la perte de la biodiversité, notre vision collective de la nature en ville se transforme. Les espaces verts doivent maintenant être conservés parce qu’ils nous rendent de précieux services écologiques pour s’adapter à ces nouvelles réalités », poursuit celui qui agit aussi à titre de coordonnateur général de Nouveaux Voisins, un organisme à but non lucratif de Montréal qui se spécialise dans la conversion de terrains gazonnés en espaces riches en biodiversité.

Dans ce nouveau paradigme, chaque peuplement forestier, terrain vague et ancienne friche industrielle vaut la peine d’être sauvegardé. De là la multiplication de luttes citoyennes similaires à celle en cours pour le boisé. Pensons par exemple à l’ancien terrain de golf de Rosemère, au boisé Steinberg, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, et au Champ des monarques, situé au nord de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. « Ces mouvements populaires témoignent de la faiblesse des politiques de conservation », pense Émile Forest.

Ils sont aussi la preuve que la même histoire se reproduit ailleurs de manière prévisible. « Le développement d’une ville ne se fait pas de manière uniforme, mais en fonction des contraintes que représentent les milieux humides, nappes phréatiques et autres terrains contaminés », a expliqué Daniel Desroches lors du colloque Agir pour des villes vivantes organisé par Nature Québec, le 13 octobre dernier. Un beau jour, apprenant que « leur » milieu naturel jusque-là épargné est menacé, les citoyens se mobilisent. « C’est ainsi que le débat rebondit dans l’espace public, où il se politise. »

La canopée du boisé Neilson
La canopée du boisé © Les amis du boisé Neilson

« Un patrimoine naturel commun qui appartient aux générations de demain »

À Québec, le dossier du boisé Neilson s’est justement invité dans la plus récente campagne électorale municipale. Lors de celle-ci, le futur maire Bruno Marchand s’est engagé à le protéger. « C’est un milieu naturel unique auquel les citoyens tiennent énormément et qui possède une valeur écologique inestimable », avait-il alors affirmé par voie de communiqué, s’engageant du même souffle à faire de la protection de tels milieux une priorité. « Investir dans les espaces verts […], c’est investir directement dans la qualité de vie des gens de Québec. »

Un an plus tard, une annonce se fait toutefois toujours attendre. La publication prochaine d’un état des lieux réalisé par un comité sur les boisés urbains pourrait dénouer l’impasse. « Nous ne disposions même pas de définition formelle de ce qu’est un boisé urbain, comment ça se différencie, par exemple, d’un parc. Cela nous permettra d’avoir un meilleur portrait de la situation et de nous fixer des cibles ambitieuses de protection à atteindre », souligne Marie-Josée Asselin, vice-présidente au comité exécutif de la Ville de Québec, qui dirige ce groupe de travail transpartisan.

La conclusion de cet exercice correspond en outre avec le dépôt, par la Ville de Québec, d’un plan régional des milieux humides et hydriques auprès du gouvernement du Québec. Ensemble, ces deux documents stratégiques représentent une lueur d’espoir pour Daniel Desroches et Les amis du boisé Neilson. « De tels milieux naturels forment un patrimoine naturel commun qui, en propre, appartient bien plus aux générations de demain qu’à celles d’aujourd’hui, philosophe-t-il. Je mène ce combat pour mes enfants, pour mon neveu, afin qu’ils aient eux aussi accès à ces richesses. »

Biodiversité, alliée du climat: Lire le dossier complet

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