Valoriser la biomasse jusqu’au dernier résidu

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©Guillaume Roy
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18 mai 2021 - Guillaume Roy, En quête d'aventure

Qu’elle soit d’origine forestière, agroalimentaire ou urbaine, la biomasse peut remplacer les combustibles fossiles pour n’importe quelle utilisation, ou presque : chauffage, carburant, production d’électricité ou même fabrication de bioplastique. Tour d’horizon des solutions qui sont à l’œuvre ou en projet au Québec.

Éliminer les carburants fossiles dans les communautés isolées

À l’heure actuelle, le Québec exporte des granules de bois, une ressource renouvelable à faible empreinte carbone, et elle importe des carburants fossiles; un non-sens pour le climat et pour notre balance commerciale. Avec son entreprise, Inukshuk Synergie, Mélanie Paul, une entrepreneure innue, veut changer la donne. Elle souhaite remplacer le mazout utilisé pour chauffer les communautés isolées — dont des communautés autochtones et des entreprises minières — par les granules de bois.

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Le groupe Granules LG, dont fait partie Inukshuk Synergie, transforme les résidus forestiers en granules, en bûches écoénergétiques ou en litière pour chevaux. ©Guillaume Roy

Pour alimenter ses 22 réseaux autonomes dans les communautés isolées, Hydro-Québec brûle en effet du mazout et du diesel, générant des émissions de 227 000 tonnes d’éq. CO2, soit les émissions annuelles de gaz à effet de serre (GES) de 23 900 Québécois ou le tiers des GES de la société d’État.

« On pourrait diminuer leurs émissions de 80 % en misant sur les granules pour le chauffage et même pour la production d’électricité », explique Mélanie Paul en faisant référence à une étude commandée au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) par le Bureau de promotion des produits du bois du Québec (QWEB).

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Avec son entreprise, Inukshuk Synergie, Mélanie Paul (avec son père, Alain, sur la photo) veut remplacer le mazout utilisé pour chauffer les communautés isolées par les granules de bois. ©Guillaume Roy

Certaines communautés autochtones ont déjà entamé une telle conversion, comme Whapmagoostui, dont l’aréna a été converti du diesel à la biomasse en 2017, permettant une réduction annuelle des GES de près de 660 tonnes d’éq. CO2.

Transformer les résidus forestiers en biocarburants

Les grandes usines du Québec, telles les alumineries et les minières, utilisent encore du coke de pétrole pour alimenter leurs procédés industriels. Chaque jour, des milliers de véhicules lourds, propulsés par des carburants fossiles, sont également utilisés par les industries forestières, de la construction et du transport. Des options électriques commencent certes à arriver sur le marché, mais les besoins en carburants liquides ne vont pas diminuer de sitôt.

La transformation de sous-produits du bois en biocarburant fait partie de la solution pour réduire notre empreinte carbone, estime Pierre Cormier, directeur de la foresterie à Produits forestiers Résolu. « On peut remplacer les carburants fossiles en valorisant une ressource locale, pour en faire une économie circulaire », argumente celui-ci. Il aimerait notamment que les machines forestières fonctionnent aux biocarburants, du moins en partie, comme c’est le cas en Suède ou en Finlande.

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Les besoins en bois d’œuvre continuant d’augmenter au Québec, la quantité de résidus forestiers inutilisés croît elle aussi. ©Guillaume Roy

À Port-Cartier, Bioénergie AE Côte-Nord avait lancé un projet de production de biomazout, mais différents problèmes administratifs ont affecté la production qui devait être exportée aux États-Unis. L’entreprise tente désormais de conclure une entente avec les industriels locaux, comme ArcelorMittal, pour remplacer le coke de pétrole par son biocarburant.

Le projet Bioénergie La Tuque vise aussi à construire une usine de plus de 1 milliard de dollars avec Neste, un géant énergétique finlandais, qui produirait 200 millions de litres de biodiesel à partir des résidus forestiers. En remplaçant ces combustibles fossiles, ce biodiesel permettrait une réduction des GES évaluée à 575 000 tonnes d’éq. CO2. Des études technico-économiques, financées par Québec à hauteur de 5,9 M$, sont en cours. Si le potentiel est confirmé, la construction pourrait débuter en 2023.

Vers un réseau de gaz naturel renouvelable

Le gouvernement ayant interdit l’enfouissement des matières organiques, tout en se fixant un objectif de production de gaz naturel renouvelable (GNR) de 5 % d’ici 2025, les projets d’usine de biométhanisation se multiplient.

« Il y a présentement une cinquantaine de projets du genre en développement au Québec », estime Maxime Lemonde, président-directeur général de Biogas World, une plateforme commerciale créée à Québec en 2016 pour accélérer le déploiement de projets de biogaz et de GNR sur la scène mondiale. De ce nombre, une quinzaine d’usines pourraient produire 120 millions de mètres cubes de GNR d’ici deux ans, de quoi combler 2 % des besoins en gaz naturel d’Énergir, tout en évitant au passage l’émission de 228 000 tonnes de GES, ce qui reviendrait à retirer de la circulation 56 000 voitures.

Certains projets produiront du GNR avec des résidus organiques urbains, comme à Québec ou à Rivière-du-Loup, d’autres à partir de résidus agroalimentaires, par exemple à Warwick, ou encore directement sur des sites d’enfouissement, comme à Terrebonne. D’ici quelques années, les technologies pour transformer les résidus forestiers en GNR devraient être matures, ce qui permettrait d’augmenter substantiellement la production.

Le gros avantage du GNR : son utilisation ne nécessite aucun investissement en infrastructure pour les entreprises, car il est distribué à même le réseau existant.

Capter du carbone et augmenter la fertilité des sols

Le biocharbon, c’est un charbon produit à partir d’une source végétale, des résidus de bois ou d’origine agricole. Son principal atout : « Il est constitué à 90 % de carbone stable, ce qui lui confère d’excellentes propriétés pour séquestrer le carbone à long terme dans le sol, explique Régis Pilote, chercheur au sein d’Agrinova, un centre de recherche et d’innovation en agriculture. La surface poreuse du biocharbon permet d’absorber plusieurs fois son poids en eau, tout en créant des habitats clés pour les micro-organismes », ajoute-t-il.

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Le biocharbon est un charbon produit à partir d’une source végétale, des résidus de bois ou d’origine agricole. ©Guillaume Roy

Selon les essences de bois utilisées, il faut compter de trois à quatre tonnes de copeaux pour produire une tonne de biocharbon. Pour y parvenir, il faut faire chauffer les copeaux à très haute température, entre 400 °C et 800 °C, en l’absence d’oxygène — un procédé appelé pyrolyse. Sans oxygène, le bois ne brûle pas et le carbone se concentre dans le biocharbon. Selon des données d’Agrinova, une tonne de biocharbon séquestre 2,7 tonnes d’éq. CO2, ce qui correspond au tiers des émissions annuelles de GES d’un Québécois.

Différents tests sont en cours pour trouver les meilleures utilisations pour le biocharbon. Il est notamment question d’en inclure dans les terreaux horticoles, dans la production de biostimulants et de bio-insecticides et dans la revégétalisation des sites miniers.

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