
Elles favorisent la mobilité active, contribuent à renforcer le lien social, sécurisent les abords des établissements scolaires… Mais de quoi parle-t-on ? Des rues-écoles! On vous explique.
Par Éliane Auger-Plourde, jeune journaliste en environnement au Laboratoire des jeunes journalistes en environnement (cohorte 2024)
Concept encore méconnu, la rue-école est une rue située à proximité immédiate d’une école primaire qui est fermée à la circulation automobile à l’heure d’arrivée et de départ des enfants afin qu’ils puissent y jouer et s’y déplacer de façon sécuritaire. En plus de permettre aux enfants de s’oxygéner avant et après les cours et de créer un sentiment de communauté, cette intervention vient promouvoir la mobilité durable.
En effet, puisque les automobiles ne peuvent plus venir se stationner devant l’école ni y circuler, les familles opteront souvent pour un moyen de transport actif, comme le vélo, la trottinette ou la marche.
Implanté pour la première fois dans notre Belle Province en 2021 autour de certaines écoles de Montréal, ce qui était à l’époque un projet pilote s’est depuis peu étendu dans de nombreuses autres villes du Québec. MOBI-O, un centre de gestion des déplacements en Outaouais et en Abitibi-Témiscamingue qui favorise la mobilité durable, a justement mené un projet pilote de rue-école en 2023 et en 2024 à l’école primaire du Lac-des-Fées, à Gatineau.
Avec les rues-écoles, l’équipe mobilisation de MOBI-O, dont Pascale Angleviel est la coordonnatrice, « lutte contre le syndrome de la porte ». Ce syndrome « affecte » les automobilistes qui pensent que l’endroit le plus sécuritaire pour déposer leur enfant est… le plus près possible de la porte d’entrée de l’école. Or, la rue-école peut permettre de « créer de l’autonomie » chez les enfants, en plus de promouvoir un mode de vie actif dès le plus jeune âge, croit Pascale Angleviel.
La recette parfaite d’une rue-école vedette
Pour réaliser un projet digne de ce nom, trois ingrédients principaux sont de mise. Tout d’abord, une école motivée et bien localisée prête à y mettre de l’énergie. Puis, cela ne serait bien sûr pas possible sans une équipe d’enseignantes et enseignants et de parents bénévoles qui font preuve de dévouement pour le mettre en œuvre et, une fois matérialisé, le surveiller. Finalement, il est indispensable d’obtenir une autorisation de la Municipalité pour bloquer des rues et ainsi concrétiser le tout.
Toutefois, alors que cette recette fonctionne dans la majorité des écoles ayant essayé à une ou plusieurs reprises ce concept au Québec, il y a parfois d’autres contraintes qui s’ajoutent, comme dans la municipalité de Gatineau.
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Zoom sur Gatineau
En cause? Des règlements municipaux qui obligent les services de police à assurer une présence lors d’une fermeture de rue afin d’installer des barrières et de voir à la sécurité. Or, les coûts associés à cette présence, assumés par les écoles, limitent les occasions où il serait possible de mettre en place d’autres rues-écoles. Ces règlements sont-ils bien nécessaires? Pas vraiment, si l’on en croit Steve Moran, conseiller municipal du district de Hull-Wright, à Gatineau, pour qui « il faudrait revoir la façon dont on encadre une rue-école. » Il rappelle que notre société est trop fortement basée sur l’automobile et pas assez sur le transport actif.
En campagne électorale au printemps 2024, Maude Marquis-Bissonnette, devenue depuis mairesse de Gatineau, avait déclaré vouloir revoir la façon dont sont gérées l’occupation et la fermeture de rue afin de justement lever les obstacles qui limitent la multiplication des rues-écoles sur le territoire de Gatineau. D’ici la fin de 2025, Steve Moran souhaite sincèrement « qu’on réussisse à permettre aux bénévoles de s’occuper de la sécurité » autour de la plupart des écoles.
Les bénévoles pourraient veiller à la sécurité de la rue-école, comme cela se fait dans de nombreuses autres municipalités. En résumé, si le conseil de ville décidait de modifier certains de ses règlements, cela donnerait plus de souplesse aux écoles et aux parents pour réaliser ce type d’intervention à plus grande échelle.

L’expérience de rédaction
Lors de la préparation de cet article, j’ai expérimenté les avantages et les inconvénients d’écrire un texte en partant d’entrevues; mais j’ai surtout eu la chance de parler à des personnes dévouées et motivées à faire grandir l’idée des rues-écoles. J’ai compris que l’écologie ne passait pas seulement par les grandes compagnies et les gouvernements mais aussi par des initiatives citoyennes pouvant, elles aussi, avoir un impact.