
Notre jeune journaliste en environnement Mélodie Neveu a relevé un sacré défi: couvrir le premier sommet Québec Capitale Climat, réaliser six entrevues et vous présenter les principaux engagements pris à cette occasion. Le tout en 24h chrono!
Par Mélodie Neveu (17 ans), Jeune journaliste du Laboratoire des jeunes journalistes en environnement – Cohorte 2025
Le Plan climat 2026-2035 en grande pompe
La première édition du sommet Québec Capitale Climat s’est tenue lundi 2 juin au Château Laurier, en lisière des Plaines d’Abraham, et a réuni quelque 350 participantes et participants. Le maire de Québec, Bruno Marchand, y a annoncé les nouvelles orientations du Plan climat de l’Agglomération de Québec pour la période 2026-2035 ainsi que l’octroi de subventions à dix organisations pour les aider à réduire leur empreinte carbone et améliorer l’efficacité énergétique et la résilience de leurs immeubles.
Marie-Josée Asselin, vice-présidente du Comité exécutif de la Ville, responsable entre autres du Développement durable, des milieux naturels, de la biodiversité et de la gestion des matières résiduelles ; ainsi que Marie Line Pedneault, Directrice de la division de la biodiversité et des changements climatiques, ont répondu à mes questions.
Le nouveau Plan climat s’articule autour de six axes, soit la mobilité, la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature, la décarbonation des bâtiments, la mobilisation des collectivités, le leadership et les finances et l’économie circulaire.
Pour son axe « Mobilité », la Ville veut inciter les gens à utiliser davantage les transports en commun ou actifs et repenser le transport de marchandises. Pour son deuxième axe, le Plan climat prévoit que l’aménagement du territoire prenne davantage en compte les milieux naturels et protège les milieux menacés. Par exemple en restaurant les milieux humides et en améliorant la gestion des eaux pluviales… bref en réalisant des aménagements qui intègrent des solutions fondées sur la nature.
Troisième axe du plan : la décarbonation des bâtiments. Ce volet prend une grande place, car, avec les enjeux de transport, il s’agit d’un des principaux secteurs de l’agglomération en matière d’émissions de gaz à effet de serre. L’objectif est de remplacer les sources d’énergie polluantes des bâtiments et de les rendre plus résilients aux impacts des changements climatiques. C’est dans cette perspective que la Ville de Québec a annoncé le versement de 700 000 dollars à 10 organisations pour les accompagner dans la décarbonation de leurs bâtiments. C’est le cas, par exemple, du centre culturel La Méduse, du Comptoir Emmaüs ou encore de l’organisme La Bouée.
La mobilisation des collectivités, le quatrième axe, est également importante, car une ville ne peut pas agir seule, m’a expliqué Marie Line Pedneault : « Elle a besoin de ses partenaires et de la communauté pour atteindre ses objectifs ». L’axe vise notamment à soutenir les communautés dans leur lutte contre les changements climatiques. En matière de leadership et de finances (5e axe), la Ville s’engage à prendre en compte les changements climatiques dans toutes les décisions qu’elle prendra et, finalement, souhaite que l’économie circulaire devienne « un pilier de son développement ».

Un nouveau fonds en faveur de la transition
À l’occasion du sommet, la Fondation Québec Philanthrope a dévoilé la création du « Fonds Climat et communauté » destiné à soutenir des organismes communautaires qui portent ou souhaitent développer des initiatives concrètes et structurantes en faveur d’une transition socioécologique juste, durable et inclusive.
La Fondation Québec Philanthrope soutient plus de 500 organismes, principalement à Québec et dans les régions Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches. Sa Présidente-directrice générale, Valérie Beaudoin, m’a expliqué que la Fondation est un trait d’union entre les donateurs — des entreprises, des donateurs privés ou des familles — et des organismes qui ont besoin d’être soutenus financièrement.
Au fil des ans, la Fondation a soutenu plusieurs organismes comme l’OBNL Craque-Bitume (qui a pour mission de développer et de promouvoir des actions écoresponsables favorisant l’engagement au sein de la communauté et l’adoption d’un mode de vie durable) ou l’organisme de bienfaisance Solidarité famille (qui lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale en proposant, entre autres, un service d’aide alimentaire).
Le Fonds Climat et communauté soutiendra donc des initiatives ou des projets émergents d’OBNL ou d’organismes communautaires qui œuvrent en faveur de la transition socioécologique. Le montant du fonds n’a pas encore été communiqué, mais, selon Valérie Beaudoin, « l’objectif est d’attirer d’autres partenaires financiers afin d’injecter encore plus d’argent à nos côtés pour nous permettre de financer encore plus de projets. » Énergir est d’ailleurs un des principaux partenaires financiers de la Fondation, qui croit au projet depuis le début.
Le CIUSSS de la Capitale-Nationale accélère
Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale a annoncé des engagements importants pour lutter contre les changements climatiques dans le milieu de la santé de la Ville de Québec et de sa région. Voici ses trois grands objectifs : réduire la consommation énergétique et les émissions de CO2 liées au chauffage de ses bâtiments, valoriser plus de matières organiques issues de ses installations et mener l’évaluation complète de ses bâtiments afin de les rendre résilients aux impacts des changements climatiques.
Pour son premier objectif, le CIUSSS s’engage à modifier les sources d’énergie de ses bâtiments qui utilisent encore du mazout ou du gaz naturel. Philippe Robert, Directeur régional de santé publique de la Capitale-Nationale m’a expliqué que l’ambition est de réduire de 30 % la consommation énergétique du CIUSSS et de 70 % ses émissions de CO2 liées au chauffage de ses bâtiments. Une première phase de ce vaste chantier va être réalisée dans 19 installations.
Pour le deuxième objectif, et parce que de très nombreux repas sont servis dans l’ensemble des installations du CIUSSS, Philippe Robert affirme qu’il est « important de réduire le gaspillage alimentaire en redirigeant tous les résidus vers un système de biométhanisation plutôt qu’en les envoyant à l’incinération. » Comme pour toutes les personnes qui habitent à Québec en ce moment, le CIUSSS va mettre en place un dispositif de sacs mauves pour regrouper tous les résidus de table.
Pour son troisième objectif finalement, le CIUSSS veut évaluer pour chacun de ses bâtiments quels sont les risques liés aux changements climatiques dans le futur : sont-ils situés dans des îlots de chaleur, sont-ils à risque de subir des inondations, la qualité de l’air va-t-elle être bonne en cas de feux de forêt, pourraient-ils manquer d’électricité, etc. Des mesures seront ensuite mises en œuvre afin de réduire ces risques. Philippe Robert m’a donné l’exemple du stationnement du CHSLD Christ-Roy — un îlot de chaleur situé dans un quartier où il y a peu d’arbres et beaucoup d’asphalte — dont une partie a été transformée avec Nature Québec en jardin communautaire. Des arbres y ont également été plantés.

Écoanxiété et littératie climatique au menu
Finalement, les deux coprésidents de Québec Capitale Climat, Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval, et Jean-François Chalifoux, Président et chef de direction de Beneva Assurance, m’ont présenté chacun le projet dont ils sont venus faire l’annonce.
En collaboration avec la Chaire de recherche Relief de l’Université Laval, Beneva a lancé une vaste recherche sur l’écoanxiété. L’objectif de cette étude est de mesurer l’ampleur du phénomène et ses répercussions sur la santé globale des quelque 3 000 personnes qui devraient y participer. Comprendre les déclencheurs de l’écoanxiété, réunir les connaissances qui existent déjà et offrir des solutions.
« Le but, c’est de mieux comprendre le phénomène, décoder cet enjeu de santé mentale, s’appuyer sur la science et élaborer des plans d’action à destination des personnes qui vivent de l’écoanxiété pour les aider à vivre ces défis-là », me résume Jean François Chalifoux. Les résultats permettront par ailleurs à la compagnie de mieux accompagner ses membres en matière d’assurance collective et de changements climatiques.
De son côté, l’Université Laval lance un nouveau programme baptisé « Mon action climatique ULaval » pour lequel elle s’engage à rejoindre plus de 3500 étudiants et étudiantes au cours des trois prochaines années. L’objectif de ce programme est de renforcer la capacité d’agir des membres de la communauté universitaire face aux changements climatiques au moyen de formations et d’activités, dont la Fresque du climat par exemple. « Mon action climatique ULaval » vise, selon Sophie D’Amours, « à augmenter la littératie climatique de la communauté étudiante, qui sera ensuite plus susceptible d’adopter des comportements favorables au climat ». Une façon également de remplir une boîte à outils pour combattre… l’écoanxiété. Tout est lié !
L’expérience de rédaction de Mélodie
Mon expérience a été vraiment plaisante, j’ai pu avoir une meilleure vision du métier de journaliste, avec la collecte d’informations de dernière minute ou la recherche de la personne à interviewer sans savoir à quoi elle ressemble. De plus, j’ai pu faire beaucoup d’entrevues et à la fin j’étais plus à l’aise. Ça a été une expérience unique et extrêmement stimulante! J’ai jamais écrit autant dans ma vie 🙂