Le 5 juillet dernier à Québec, Emma, Maéva et Alexia ont rencontré Benoit Charette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Pour les trois membres du Laboratoire des jeunes journalistes en environnement (LJJE), dont Unpointcinq est partenaire, ce rendez-vous était l’occasion rêvée de lui poser certaines questions… Mais pas seulement!
Emma Chen
Le jour où j’ai rencontré le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, j’ai vécu une expérience qui m’a prouvé que s’impliquer peut mener loin! Il s’agissait d’une rencontre avec le Conseil national des jeunes ministres de l’environnement de Sors de ta bulle (une campagne de la Fondation Monique Fitz-Back), au Domaine Cataraqui, à Québec.
Avant l’arrivée du ministre, une excitation fébrile se faisait sentir. Nous avons profité de ce moment d’échange pour partager avec Benoit Charette le Manifeste jeunesse sur l’urgence climatique, 10 solutions votées par 120 jeunes originaires de différentes régions du Québec qui ont participé au Sommet jeunesse sur les changements climatiques 2023, les 28 et 29 avril derniers.
D’ailleurs, j’ai eu l’occasion de poser une question à Benoit Charette, soit : « Avez-vous toujours été écologiste ou l’êtes-vous devenu pendant votre parcours? » Il nous a affirmé qu’il n’est aucunement militant, mais se tient au courant des avancées en matière de lutte contre les changements climatiques : « Je me suis toujours intéressé à ces enjeux, nous a-t-il expliqué, mais c’est certain que lorsqu’on occupe des responsabilités comme les miennes, avec toutes les informations que l’on reçoit, ça aide à développer encore davantage cette conscience environnementale. »
Il a également rappelé qu’il est en poste depuis quatre ans et demi, alors que la plupart de ses prédécesseurs et prédécesseures sont restés en fonction pendant un an ou deux seulement. Cela lui permet donc de suivre et de réaliser des projets qui, sinon, tombaient à l’eau si un ou une ministre devait quitter son poste rapidement. Selon moi, la réponse de Benoit Charette a été somme toute complète, quoique plus axée sur ses fonctions ministérielles que sur sa vie personnelle. Il aurait pu nous raconter, par exemple, son lien avec la nature quand il était jeune ou encore nous parler des convictions environnementales qui l’ont amené à devenir ministre.
Maéva Houle
Le jour où j’ai rencontré le ministre de l’Environnement, le fameux Benoit Charette, la jeune ministre de l’environnement Laurélie Grandmont lui a posé une question très pertinente qui m’a accrochée. Laurélie lui a demandé comment les municipalités du Québec pourront s’adapter efficacement aux changements climatiques si les fonds qu’elles reçoivent ne sont pas suffisants.
Elle a cité une étude commandée par l’Union des municipalités du Québec (UMQ) qui concluait que les coûts nécessaires à cette adaptation pourraient atteindre deux milliards de dollars (G$) par année, pendant cinq ans. Or, a précisé Laurélie, le gouvernement québécois ne prévoit actuellement que 1,5 G$ par année pour l’adaptation aux changements climatiques des municipalités.
La récente élue au Conseil des jeunes ministres de l’environnement a également ajouté qu’on remarque une augmentation des catastrophes naturelles liées aux changements climatiques, comme les feux de forêt et les inondations.
Benoit Charette a clairement répondu que c’était une excellente question. Il considère toutefois qu’il y a eu un peu de récupération politique par rapport à l’étude de l’UMQ. Il affirme que l’étude en question mentionne que l’adaptation coûterait 2 G$ par année seulement si aucune action n’était engagée.
Or, nous a-t-il précisé, son ministère et le gouvernement agissent déjà. En plus des actions mises en œuvre ces dernières années, le ministre a rappelé qu’une mise à jour budgétaire a été faite au printemps dernier : 1,5 G$ sur les 9 G$ annoncés sont donc consacrés aux municipalités, mais d’autres mesures leur sont également accessibles.
Bref, c’est un échange qui fait réfléchir.
J’ai trouvé cette rencontre très enrichissante malgré le fait que j’aurais aimé avoir plus d’informations sur les intentions et les plans du ministre de l’Environnement pour l’avenir et moins sur la situation actuelle du Québec. Je suis quand même reconnaissante envers Benoit Charette d’avoir pris plus de temps que prévu pour répondre à nos nombreuses questions et d’avoir gardé le sourire tout au long de cet événement.
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Alexia Lehouillier-Berthiaume
Le jour où j’ai rencontré le ministre de l’Environnement, j’étais fébrile à l’idée de pouvoir dire à Benoit Charette des mots qui auraient le potentiel de changer l’avenir du Québec. C’est donc stressée, mais déterminée que je suis montée à bord d’un taxi avec le petit groupe de jeunes journalistes et de jeunes ministres montréalais que nous formions ce matin-là, sur fond de grève du transport en commun à Québec. Quoique notre nuit à l’auberge de jeunesse ait été courte, nous étions intrigués par la journée hors de l’ordinaire qui nous attendait au luxueux Domaine Cataraqui.
Devant assister à la réunion du Conseil des ministres, comme chaque mercredi, Benoit Charette n’a pu rester parmi nous aussi longtemps que nous l’aurions voulu. Comme il a la parole facile et que le temps manquait, je n’ai malheureusement pas pu poser ma question, à savoir : pourquoi le Plan pour une économie verte, présenté en mai dernier, ne vise-t-il pas à permettre au Québec d’atteindre 100 % de sa cible de réduction des GES plutôt que seulement 60 %? J’aurais beaucoup aimé connaître sa réponse.
Toutefois, quelques autres jeunes ont pu poser leur question. « Les solutions pour lutter contre les changements climatiques nécessitant beaucoup d’argent, quels sont les enjeux économiques reliés à la crise climatique? » a demandé d’une voix douce Nam Son Nguyen, jeune ministre de l’environnement. La réponse du ministre a capté mon attention. Il a affirmé que dans les dernières années, des sommes sans précédent ont été déployées pour lutter contre les changements climatiques. Il a cependant spécifié que, dans bien des cas, introduire un changement de comportement ne requiert pas d’argent de la part du gouvernement du Québec. Pour appuyer son point, le ministre a pris comme exemple les réglementations qui sont en voie d’être renforcées au niveau de l’électrification des transports. « Ce sont des obligations que l’on fixe pour les producteurs de ces véhicules-là, mais pour le gouvernement du Québec, ça ne représente pas une dépense : c’est un règlement qui va nous aider à diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. »
Ce qui m’a le plus marquée de notre rencontre avec le ministre, c’était que son discours se voulait rassurant. À de nombreuses reprises, il a parlé des accomplissements ayant eu lieu ces dernières années en faveur de l’environnement et a comparé le Québec aux autres pays en plaidant que l’on est l’un des meilleurs en la matière. Pour ma part, j’aurais aimé qu’il nous dise qu’il nous comprend, qu’il partage avec nous ses craintes, mais aussi sa vision de l’avenir… qu’il nous présente le projet de société vert et ambitieux qu’il envisage pour le Québec! Ce sera peut-être pour une prochaine rencontre…