Dossier spécial : (In)justice climatique , partie 1

Pour une société plus équitable face aux changements climatiques

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© Sabaa Khan, coautrice de La Nature de l’injustice: racisme et inégalités environnementales.

29 avril 2024 - Leïla Jolin-Dahel, Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Alors que les inégalités environnementales restent une réalité dont on n’entend encore que très peu parler, l’ouvrage La nature de l’injustice: racisme et inégalités environnementales met en lumière les discriminations que subissent les communautés pauvres, marginalisées ou racisées en abordant le prisme climatique.

Réunissant une vingtaine d’experts et expertes de domaines diversifiés, l’ouvrage La nature de l’injustice : racisme et inégalités environnementales aborde de front les impacts climatiques subis par les communautés les plus fragiles, autant au Québec, au Canada qu’à l’étranger, et propose des pistes de solution pour tendre vers une plus grande équité.

« C’est un volume qui rassemble des expériences historiques et actuelles concernant les injustices environnementales. Et le racisme environnemental en est aussi une autre forme », résume Sabaa Khan, coautrice et codirectrice de l’ouvrage.

Celle qui occupe le poste de directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki a également travaillé comme avocate en droit international sur les questions de participation et de souveraineté des peuples et des Autochtones. « Quand je suis revenue au Québec durant la pandémie, j’ai commencé à réfléchir sur la décolonisation sur le plan écologique. Et je pensais que c’était nécessaire d’aborder cette question », dit-elle au sujet de ce qui l’a poussée à diriger son livre.

Si elle estime que la transition climatique est au programme de nombreux gouvernements et entreprises, elle souligne l’importance d’amorcer ce changement en s’assurant que les personnes les plus démunies ne sont pas laissées de côté. « Aux États-Unis, ça fait des décennies que la justice environnementale est enchâssée dans la législation fédérale. Mais ici au Québec, on en parle moins », observe-t-elle.

Avec Catherine Hallmich, elle a rédigé cet ouvrage, paru aux Éditions Écosociété, afin de sensibiliser le public québécois à l’enjeu de l’injustice climatique. « Souvent, quand on aborde les inégalités, c’est à propos de l’iniquité sur le plan des logements, de l’alimentation, des emplois. Mais moins sous l’angle environnemental », souligne-t-elle. Elle ajoute que les populations vulnérables risquent de ressentir davantage les effets des changements climatiques au fur et à mesure que la crise s’aggravera.

Des exemples d’hier à aujourd’hui

 
Le livre recense certains cas historiques d’injustice climatique, notamment de racisme environnemental en Martinique, en Guadeloupe et en Polynésie française, entre autres en raison des essais nucléaires et de l’utilisation de pesticides dans la culture de bananes. Plus près de chez nous, la sociologue afro-canadienne Ingrid Waldron parle de la réalité expérimentée par les communautés afro-canadiennes en Nouvelle-Écosse en lien avec l’implantation d’usines et de dépotoirs. En 2016, les gens qui résident à Shelburne ont réussi à faire fermer une décharge, mais ont continué à avoir des inquiétudes quant à la qualité de l’eau. La communauté afro-néo-écossaise, au sud de la ville, est alimentée par des puits depuis 300 ans, alors que celle au nord, majoritairement composée de Blancs et Blanches, est desservie par l’aqueduc municipal.

Couverture du livre La nature de l’injustice: racisme et inégalités environnementales

La présidente du Conseil circumpolaire inuit, Lisa Koperqualuk, consacre de son côté un chapitre entier à la réalité des Inuits et Inuites, alors que l’Arctique se réchauffe en moyenne trois fois plus rapidement que le reste de la planète, d’après le rapport Arctic Climate Change Update 2021 du Conseil de l’Arctique. Plusieurs autres sections du livre abordent des injustices environnementales vécues au Québec par les Autochtones, notamment en rapport avec l’activité minière ou la protection d’espèces.

Parmi les experts et expertes que le lectorat peut découvrir dans le recueil, on trouve également le militant écologiste David Suzuki, de même que le chercheur (et bassiste des Cowboys Fringants) Jérôme Dupras. « Notre survie durant des millénaires était basée sur la diversité. Ça se reflète aussi dans le choix de nos auteurs », résume Sabaa Khan au sujet des spécialistes à avoir participé à l’ouvrage.

Les systèmes occidentaux ont commencé à voir la nature comme étant subordonnée aux humains. En contraste, la philosophie autochtone traite de l’environnement comme étant en relation avec les humains et non pas quelque chose de séparé.
Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki

Décoloniser la gouvernance environnementale

Le but n’est pas de pointer du doigt des gens ou des gouvernements, précise-t-elle. « On voulait montrer qu’il y a plusieurs vecteurs de changement », souligne-t-elle. Afin de rendre l’adaptation aux changements climatiques plus juste et équitable, les autrices du livre estiment qu’il peut être judicieux de s’inspirer des modes de gouvernance autochtones. « Les systèmes occidentaux ont commencé à voir la nature comme étant subordonnée aux humains. En contraste, la philosophie autochtone traite de l’environnement comme étant en relation avec les humains et non pas quelque chose de séparé », illustre Sabaa Khan.

Elle cite le cas de la rivière Magpie, sur la Côte-Nord. Ce cours d’eau possède une personnalité juridique depuis 2021, une première au Canada. « C’est un excellent exemple de la façon dont une MRC québécoise peut travailler avec une nation autochtone pour créer, ensemble, un avenir pour les écosystèmes qui sont critiques pour toute la population », précise l’autrice.

Sabaa Khan souligne également le projet de loi fédéral C-226, en attente d’examen par le Sénat. « S’il est adopté, le gouvernement devra collecter des données pour permettre l’analyse des situations environnementales selon les origines ethniques, le revenu, le sexe, et les vulnérabilités. Ça aussi, ça fait partie des solutions. Quand on autorise des projets, on devrait être capables de voir comment les injustices, les bénéfices ou les dommages sont distribués dans la population et comment les plus vulnérables sont affectés par ces décisions. C’est un enjeu qui deviendra de plus en plus important, au Québec comme ailleurs ».

L’inclusion, aussi dans l’écriture

Sabaa Khan et Catherine Hallmich ont opté pour l’écriture inclusive dans leur ouvrage. « Ce serait drôle d’aborder l’injustice et de ne pas tenir compte de l’équité sur ce point. L’écriture inclusive était intimement liée au sujet dont on parle. Pour moi, c’est une réflexion qui est primordiale dans une société. Je pense qu’on tient pour acquis qu’on est tous égaux. Mais on a du travail à faire pour rendre notre système plus inclusif, et nous voulions contribuer à cet effort », plaide Sabaa Khan.

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