Et si les livres de fiction pouvaient nous sensibiliser aux enjeux climatiques? À la suite de sa lecture d’Âmes animales, un roman de José Rodrigues dos Santos, notre jeune journaliste s’est questionné sur le pouvoir des livres. Voici sa réflexion.
Par Tristan Bazinet, 15 ans
Jeune journaliste en environnement Sors de ta bulle – Cohorte 2022
Les histoires, les contes et les légendes sont le fondement de notre civilisation. En fait, l’invention de l’écriture est considérée par nombre d’historiens et historiennes comme le commencement réel de notre civilisation telle qu’on la connaît. Cependant, de nos jours, à l’ère informatique, une minorité de personnes répondent à leurs questionnements par la littérature. Le premier réflexe est plutôt de se renseigner à l’aide de l’information qui se trouve sur Internet. C’est pourtant en plongeant dans un bouquin que j’ai découvert l’impact véritable de l’élevage et de l’agriculture sur l’environnement : le roman Âmes animales, de José Rodrigues dos Santos. Cette expérience m’a amené à me questionner sur le pouvoir des livres pour éveiller les gens aux enjeux climatiques.
En m’entretenant avec Geneviève Rajotte Sauriol, spécialiste en communication responsable j’ai pu comprendre pourquoi ma lecture du roman de José Rodrigues dos Santos m’a tant marqué. Selon elle, la communication par le biais de la fiction permet de traiter un sujet en profondeur et d’aider le lecteur ou la lectrice à prendre la pleine mesure d’un enjeu, contrairement aux articles ou aux publications faites sur une plateforme numérique, qui, somme toute, sont assez superficiels. De plus, la littérature a un côté profond qui permet de marquer sans nul doute l’esprit de son public en racontant une histoire à laquelle les gens peuvent s’identifier et dont ils peuvent vivre indirectement les réalités.
Mais par-dessus tout, la littérature permet de témoigner des enjeux d’une époque, si cruciaux un instant mais tellement éphémères. Comme le dit si bien l’écrivain Jocelyn Sioui, que j’ai pu rencontrer avant la représentation d’une de ses pièces de théâtre : « La mémoire, c’est quelque chose de fragile et d’important […]. On ne s’en rend souvent pas compte. » La littérature est la gardienne des mémoires pour les générations futures.
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Anticiper le futur
Si un genre est plus propice à la sensibilisation environnementale, c’est sans contredit la science-fiction d’après Geneviève Rajotte Sauriol. C’est probablement le meilleur moyen de transmettre le sentiment d’urgence climatique, car souvent les romans de cet acabit donnent une vision plus ou moins apocalyptique du futur.
Mais ce sentiment d’urgence peut aussi se transformer en anxiété. Les livres de science-fiction sont parfois campés dans un monde assez déprimant où un avenir incertain attend chaque être vivant, ce qui a en quelque sorte pour résultat d’être assez stressant. Après avoir lu Âmes animales, j’ai moi-même été envahi par un engourdissement et un abattement assez considérables.
Comment lutter contre ce phénomène, comment trouver l’équilibre entre s’informer et stresser? Selon moi, une manière efficace d’y arriver est non seulement de connaître son potentiel écoanxieux et de choisir ses lectures en conséquence, mais surtout de ne pas sombrer dans l’inaction et de transformer les émotions suscitées par nos lectures en moteur d’action.
Lecture conseillée : Âmes animales, de José Rodrigues dos Santos
Je recommande ce livre à toute personne désirant s’informer sur l’impact de l’élevage industriel sur l’environnement, mais cette lecture n’est certainement pas pour ceux et celles qui vivent une grande écoanxiété. Ce livre s’adresse aux adeptes de réflexion, de philosophie, des animaux et de faits scientifiques. Il est riche en allégories qui amènent à se questionner sur le pouvoir des multinationales, le pouvoir tout court, celui qu’on a et celui qu’on n’a pas ainsi que sur notre mode de vie.
L’expérience de rédaction de Tristan
La rédaction de cet article a été particulièrement enrichissante, surtout sur plan du terrain, car j’ai pu effectuer ma première entrevue à vie! J’ai également appris que plus on s’intéresse à un sujet et plus on s’informe sur ce dernier, plus il est facile et agréable d’en faire un article.