Plus d’écoles secondaires de quartier, moins d’autobus!

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: Kellyann Deblois et Mathis Lévesque fréquentent l’école secondaire du Bosquet à Drummondville depuis son ouverture en août 2024. © Amélie Cournoyer
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08 avril 2025 - Amélie Cournoyer, journaliste de l'Initiative de journalisme local

Si les centres de services scolaires du Québec s’inspiraient de Drummondville et de ses écoles secondaires de quartier, les bénéfices seraient aussi grands pour les jeunes que pour le climat. On vous explique pourquoi.

À Drummondville, le Centre de services scolaire des Chênes (CSSDC) a pris le taureau par les cornes en s’attaquant à deux problèmes auxquels font face la majorité des centres scolaires du Québec : le manque d’inclusion dans les programmes particuliers et la hausse des frais de transport scolaire.

Le tout grâce à une seule initiative. Mais toute une : revenir à un modèle d’écoles de quartier pour le secondaire. Finis, donc, le laborieux magasinage de programmes particuliers et les déceptions pour les 400 à 500 élèves qui essuient chaque année des refus en raison des places limitées. Finis, les jeunes des programmes d’études normaux qui, avec amertume, affirmaient « étudier en rien ». Finis, pour plusieurs, les longs trajets en autobus et les correspondances afin de traverser la ville pour rejoindre son établissement.

Ébranler les colonnes du temple

En 2019, le CSSDC a profité de l’annonce de la construction d’une cinquième école secondaire sur son territoire pour revoir sa structure. « Le moment était bon pour remettre notre offre de services sur la table à dessin », se rappelle Maude Trépanier, directrice générale adjointe au CSSDC. Elle ajoute : « Ce qui nous préoccupait particulièrement, c’était la réussite de nos élèves dans les groupes de régulier. »

Maude Trépanier est directrice générale adjointe au Centre de services scolaire des Chênes de Drummondville. © Amélie Cournoyer

 

En raison du processus de sélection, les programmes particuliers affichaient des taux de réussite jusqu’à 30 % supérieurs à ceux des programmes d’études normaux, qui accueillaient les élèves « restants », incluant ceux et celles en difficulté.

 

L’idée de ramener les élèves dans leur école de quartier en permettant à tout le monde d’intégrer un programme particulier s’est imposée. « La recherche démontre que les élèves plus faibles sont nivelés par le haut lorsqu’ils côtoient des élèves plus forts », indique la directrice générale adjointe.

 

Si le CSSDC est le premier centre de services scolaire de la province à aller de l’avant avec cette idée, c’est que le chemin pour la concrétiser est long et parsemé d’embûches. « On a ébranlé les colonnes du temple. C’est un changement de culture complet qui a nécessité la mobilisation de l’ensemble des acteurs et actrices pendant cinq ans », explique Maude Trépanier.

 

Il y avait beaucoup de monde à convaincre. Les directions d’écoles et le personnel enseignant ont dû mettre sur pied de tout nouveaux programmes particuliers, en plus de revisiter les anciens. Plusieurs élèves ont dû quitter leur école, leur programme ainsi que leurs amies et amis afin d’intégrer leur école de quartier. Puis il a fallu répondre aux inquiétudes des parents, qui voyaient la vie de leur enfant chamboulée.

Pour des écoles plus équitables et inclusives

À la rentrée 2024, les élèves ont pu choisir parmi l’une des cinq options (ou plus) offertes par leur établissement, dont Santé active, Arts visuels, Sciences ou autres, selon les écoles (p. ex. : Théâtre, Danse, Sports électroniques, Langues et culture internationale). « Nous avons aboli les critères de sélection pour rendre les programmes particuliers accessibles aux élèves en difficulté et avons réduit leurs coûts pour que les élèves des familles moins nanties puissent aussi y avoir accès », précise Maude Trépanier.

Stéphane Vigneault compte parmi les gens qui ont salué l’initiative du CSSDC sur la scène provinciale. « Ce ne sont plus les écoles qui choisissent les élèves, mais les élèves qui choisissent leur projet particulier. Pour le principe de l’équité, on trouve ça excellent », affirme le cofondateur et coordonnateur de l’association École ensemble, qui milite pour que le Québec se dote d’un système d’éducation équitable.

« Ce ne sont plus les écoles qui choisissent les élèves, mais les élèves qui choisissent leur projet particulier. Pour le principe de l’équité, on trouve ça excellent »Stéphane Vigneault cofondateur et coordonnateur de l’association École ensemble

Moins de bus, moins de GES

Si le CSSDC a décidé de revenir à une formule d’écoles de quartier, c’est aussi parce que son réseau de transport scolaire était saturé. Selon ses estimations, au moins la moitié de ses élèves ne fréquentaient pas leur école de quartier. Et plusieurs traversaient la ville d’un bout à l’autre pour se rendre à l’école.

Il faudra toutefois attendre un an ou deux avant d’évaluer les répercussions du grand remaniement sur le transport scolaire. Les élèves de quatrième et cinquième secondaire bénéficiant d’une clause de protection pour terminer leur programme sans devoir changer d’établissement, le nombre d’autobus scolaires sur le territoire n’a pas encore diminué. En attendant, la durée des déplacements et le nombre de correspondances ont été réduits au minimum, assure Maude Trépanier.

Moins d’autobus dans les rues permettra au CSSDC d’économiser sur sa facture de transport scolaire. Surtout, cela réduira les gaz à effet de serre (GES). N’oublions pas qu’au Québec, le secteur des transports est le principal émetteur de GES, avec près de 43 % du total des émissions de la province en 2021 (les trois quarts provenant du transport routier).

Qui dit écoles de quartier dit marche

Le nombre d’élèves qui marchent a doublé dans les rues de Drummondville, passant de 648 l’an dernier à 1 241 cette année. Ce nombre continuera d’augmenter d’ici les deux prochaines années, lorsque prendra fin la clause de protection des 4e et 5e secondaire.

Kellyann Deblois, 16 ans, et Mathis Lévesque, 15 ans, font partie des nouveaux élèves qui vont à l’école à pied. Kellyann a ainsi troqué une heure de transport matin et soir pour dix petites minutes de marche. Elle y voit plusieurs avantages : « Je peux me préparer le matin tranquille. J’ai même le temps de faire mes devoirs si je n’ai pas eu le temps de les faire la veille », dit-elle. Même chose pour Mathis, dont la mère habite le terrain voisin de l’école : « Je me lève plus tard le matin, je peux aller dîner chez moi et passer plus de temps avec mes amis. »

 

Sans le savoir, ces jeunes énumèrent ainsi quelques-uns des bénéfices du transport actif pour les déplacements scolaires recensés par les études, soit l’amélioration de la santé physique et mentale ainsi que le développement de l’autonomie, de l’indépendance et des compétences sociales. La réussite scolaire s’en trouve également favorisée.

 

« Nous, ça fait longtemps qu’on le dit : quand on arrête la sélection, on fait en sorte que les élèves vont dans leur école de quartier, ce qui permet une mobilité durable. Le cas du CSS des Chênes illustre bien ce cercle vertueux », indique Stéphane Vigneault.

Depuis qu’ils vont à leur école de quartier, Kellyann Deblois et Mathis Lévesque sont à une distance de marche de leur maison. © Amélie Cournoyer

Et les autres centres de services scolaires?

Le CSSDC ne peut pas encore mesurer toutes les répercussions à long terme de son initiative sur la réussite des jeunes ou le recours au transport scolaire. Mais la direction se montre optimiste. « On peut croire que ce sera le cas », soutient la directrice générale adjointe.

Il revient maintenant aux autres centres de services scolaires de la province de reproduire le cercle vertueux formé à Drummondville. « C’est certain que ça demande beaucoup de temps et d’énergie. Mais on a démontré que c’était possible de le faire », conclut Maude Trépanier.

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