Coup de chaleur 101

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Lors des grandes chaleurs, il devient difficile pour le corps d’évacuer les degrés en trop. Chez l’humain, la transpiration est responsable de 75 % de l’évacuation de la chaleur. S’il y a déshydratation, le corps commence alors à surchauffer. « Le corps est fait pour fonctionner à 37 °C », explique le Dr Pierre Gosselin, médecin-conseil au programme Climat et santé de l’Institut national de santé publique du Québec. « Au-delà, rien ne fonctionne correctement au niveau de la biochimie. »

Si la transpiration est interrompue, le corps tente d’évacuer la chaleur autrement. Le sang est pompé près de la peau pour que l’air ambiant le refroidisse. Il s’ensuit un effort cardiaque important et un manque d’oxygène pour certains organes. Le cœur et le cerveau restent irrigués assez longtemps, mais d’autres organes écopent. Par exemple, les reins fonctionnent moins bien et les toxines commencent à s’accumuler dans le corps. Un cercle vicieux est alors déclenché jusqu’à ce que le cerveau en vienne finalement à manquer d’oxygène et que la personne commence à délirer. C’est alors la phase finale du coup de chaleur et le patient doit être traité au plus vite pour éviter le pire.

Le Dr Gosselin insiste sur la « grande urgence médicale » que représentent les coups de chaleur. La moitié d’entre eux sont fatals.

Schizophrènes en première ligne

Toutefois, la plupart des décès enregistrés lors des vagues de chaleur ne sont pas causés par des coups de chaleur, mais plutôt par des maladies chroniques dont l’effet est exacerbé par la température élevée. Ainsi, les problèmes cardiovasculaires et le diabète, entre autres, peuvent se manifester plus violemment lors d’une canicule. Les schizophrènes sont aussi nombreux parmi les victimes des vagues de chaleur, et il n’est pas clair si c’est la maladie ou la médication qui est en cause.

Souvent atteintes de maladies chroniques, les personnes âgées sont évidemment celles qui sont le plus à risque lors d’épisodes de grande chaleur. « En vieillissant, c’est tout à fait normal de moins transpirer et de moins ressentir la soif », explique le Dr Gosselin. Les personnes âgées qui vivent seules et qui n’ont pas accès à la climatisation sont particulièrement en danger.

En juillet 2010, la canicule qui frappe le Québec provoque « 106 décès probablement ou possiblement en lien avec la chaleur » dans la région métropolitaine, selon un rapport du directeur de la santé publique.

L’INSPQ a récemment mené un projet de recherche afin de sensibiliser plus efficacement les aînés aux dangers des grandes chaleurs. Un message téléphonique expliquant les mesures à prendre pour se protéger a été envoyé à un groupe de personnes âgées lors d’une canicule. L’objectif du projet était de communiquer directement avec les gens afin que le message soit mieux entendu.

Les résultats de l’étude sont encourageants : les consultations médicales du groupe ciblé ont diminué de 50 %. Les personnes ainsi jointes ont pu appliquer elles-mêmes des mesures de prévention efficaces plutôt que de voir leur état de santé se dégrader et de devoir aller chercher l’aide d’un médecin. Le Dr Gosselin et son équipe réfléchiront lors des prochains mois à une stratégie d’implantation à large échelle de cette initiative.

Plus de 30 degrés 30 jours par année en 2070 à Montréal

Selon un article récemment paru dans la revue Nature Climate Change, la population exposée plus de 20 jours par année à des températures potentiellement mortelles va doubler. Les températures considérées dangereuses dépendent de chaque région du monde, puisque la tolérance à la chaleur extrême d’une population varie selon le climat local.

Le Québec ne sera pas épargné. Selon l’Atlas agroclimatique du Québec, les journées au cours desquelles le mercure dépassera 30 °C vont se faire bien plus nombreuses. Québec et Sherbrooke connaissent en moyenne quatre journées par année qui affichent une telle température, mais ce nombre pourrait passer à 15 en 2070. À Montréal et à Gatineau, il passera de 10 à 30 journées.

De plus, avec le vieillissement de la population et la densification urbaine, les défis de santé publique posés par les chaleurs extrêmes deviendront plus critiques. 

Le Dr Gosselin croit que l’implantation de toits verts et blancs ainsi que le verdissement de l’espace public auraient le potentiel de réduire les températures de 1,5 à 2 °C en milieu urbain.

Une petite différence qui pourrait néanmoins contribuer à sauver de nombreuses vies en période de canicule.

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Flickr Dino Kužnik
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Quand elles déferlent sur les grandes zones urbaines, les vagues de chaleur ont un potentiel meurtrier inquiétant. Petit guide pour mieux comprendre et se prémunir.

Lors des grandes chaleurs, il devient difficile pour le corps d’évacuer les degrés en trop. Chez l’humain, la transpiration est responsable de 75 % de l’évacuation de la chaleur. S’il y a déshydratation, le corps commence alors à surchauffer. « Le corps est fait pour fonctionner à 37 °C », explique le Dr Pierre Gosselin, médecin-conseil au programme Climat et santé de l’Institut national de santé publique du Québec. « Au-delà, rien ne fonctionne correctement au niveau de la biochimie. »

Si la transpiration est interrompue, le corps tente d’évacuer la chaleur autrement. Le sang est pompé près de la peau pour que l’air ambiant le refroidisse. Il s’ensuit un effort cardiaque important et un manque d’oxygène pour certains organes. Le cœur et le cerveau restent irrigués assez longtemps, mais d’autres organes écopent. Par exemple, les reins fonctionnent moins bien et les toxines commencent à s’accumuler dans le corps. Un cercle vicieux est alors déclenché jusqu’à ce que le cerveau en vienne finalement à manquer d’oxygène et que la personne commence à délirer. C’est alors la phase finale du coup de chaleur et le patient doit être traité au plus vite pour éviter le pire.

Le Dr Gosselin insiste sur la « grande urgence médicale » que représentent les coups de chaleur. La moitié d’entre eux sont fatals.

Schizophrènes en première ligne

Toutefois, la plupart des décès enregistrés lors des vagues de chaleur ne sont pas causés par des coups de chaleur, mais plutôt par des maladies chroniques dont l’effet est exacerbé par la température élevée. Ainsi, les problèmes cardiovasculaires et le diabète, entre autres, peuvent se manifester plus violemment lors d’une canicule. Les schizophrènes sont aussi nombreux parmi les victimes des vagues de chaleur, et il n’est pas clair si c’est la maladie ou la médication qui est en cause.

Souvent atteintes de maladies chroniques, les personnes âgées sont évidemment celles qui sont le plus à risque lors d’épisodes de grande chaleur. « En vieillissant, c’est tout à fait normal de moins transpirer et de moins ressentir la soif », explique le Dr Gosselin. Les personnes âgées qui vivent seules et qui n’ont pas accès à la climatisation sont particulièrement en danger.

En juillet 2010, la canicule qui frappe le Québec provoque « 106 décès probablement ou possiblement en lien avec la chaleur » dans la région métropolitaine, selon un rapport du directeur de la santé publique.

L’INSPQ a récemment mené un projet de recherche afin de sensibiliser plus efficacement les aînés aux dangers des grandes chaleurs. Un message téléphonique expliquant les mesures à prendre pour se protéger a été envoyé à un groupe de personnes âgées lors d’une canicule. L’objectif du projet était de communiquer directement avec les gens afin que le message soit mieux entendu.

Les résultats de l’étude sont encourageants : les consultations médicales du groupe ciblé ont diminué de 50 %. Les personnes ainsi jointes ont pu appliquer elles-mêmes des mesures de prévention efficaces plutôt que de voir leur état de santé se dégrader et de devoir aller chercher l’aide d’un médecin. Le Dr Gosselin et son équipe réfléchiront lors des prochains mois à une stratégie d’implantation à large échelle de cette initiative.

Plus de 30 degrés 30 jours par année en 2070 à Montréal

Selon un article récemment paru dans la revue Nature Climate Change, la population exposée plus de 20 jours par année à des températures potentiellement mortelles va doubler. Les températures considérées dangereuses dépendent de chaque région du monde, puisque la tolérance à la chaleur extrême d’une population varie selon le climat local.

Le Québec ne sera pas épargné. Selon l’Atlas agroclimatique du Québec, les journées au cours desquelles le mercure dépassera 30 °C vont se faire bien plus nombreuses. Québec et Sherbrooke connaissent en moyenne quatre journées par année qui affichent une telle température, mais ce nombre pourrait passer à 15 en 2070. À Montréal et à Gatineau, il passera de 10 à 30 journées.

De plus, avec le vieillissement de la population et la densification urbaine, les défis de santé publique posés par les chaleurs extrêmes deviendront plus critiques. 

Le Dr Gosselin croit que l’implantation de toits verts et blancs ainsi que le verdissement de l’espace public auraient le potentiel de réduire les températures de 1,5 à 2 °C en milieu urbain.

Une petite différence qui pourrait néanmoins contribuer à sauver de nombreuses vies en période de canicule.