Revivifier la Saint-Germain par les bandes

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© CRECQ

16 septembre 2019 - Amélie Cournoyer, Journaliste inspiratrice

Depuis des années, voire des décennies, la population de la MRC de Drummond voyait la qualité de l’eau de la rivière Saint-Germain se dégrader. En raison des changements climatiques, son débit est aussi devenu plus fluctuant. Mais que pouvait-on faire pour changer le cours des choses? Par où commencer pour s’adapter? En 2016, c’est devenu clair comme de l’eau de roche : le plan de sauvegarde devait passer par l’engagement des décideurs ET la mobilisation de la population, notamment celle des agriculteurs.

Julie Grenier, biologiste au Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF), est catégorique : la rivière Saint-Germain est LE cours d’eau le plus pollué du territoire. Avec ses taux de phosphore et d’azote particulièrement élevés, on l’a même surnommée la « rivière noire ». Ce n’est pas peu dire.

Longue d’une cinquantaine de kilomètres, mais pas très large – 15 mètres en moyenne, la RSG (donnons-lui nous aussi un petit nom!) serpente à travers la MRC de Drummond. Elle tire sa source de divers ruisseaux agricoles et forestiers de L’Avenir et de Durham-Sud, pour ensuite traverser les municipalités de Lefebvre, de Wickham, de Saint-Germain-de-Grantham ainsi que la ville de Drummondville, où elle se jette dans la rivière Saint-François.

rivière saint-germain carte
La Saint-Germain traverse des milieux urbains et agricoles.

Si la Saint-Germain est en si piètre état, c’est en grande partie parce qu’elle traverse des milieux urbains et agricoles. « L’intensification des pratiques agricoles et l’augmentation des surfaces imperméabilisées le long des rives, comme les routes, ont fortement dégradé la qualité de l’eau, en plus de réduire la biodiversité du territoire », signale la directrice générale du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ), Andréanne Blais. Quant aux changements climatiques, ils multiplient les périodes d’étiage (quand la rivière est au plus bas, les polluants y sont plus concentrés) et les fortes précipitations de pluie (la rivière qui sort de son lit érode les berges).

Les petits ruisseaux font les grandes rivières

C’est la Ville de Drummondville qui a tiré la sonnette d’alarme en 2014, explique son directeur du Service de développement durable et de l’environnement, Roger Leblanc. Deux ans plus tard, le sauvetage de la RSG devenait une démarche concertée avec plus de 10 partenaires, dont la MRC de Drummond, les municipalités traversées par la rivière, le COGESAF et le CRECQ. Drummondville s’est notamment engagée à appliquer la Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

Cette politique recommande la mise en place de bandes riveraines de 10 à 15 mètres de large à partir de la ligne des eaux hautes, soit le niveau maximal atteint par le cours d’eau durant l’année. L’équipe de Roger Leblanc s’est ainsi assurée que la Ville respectait bien cette consigne dans ses parcs et espaces verts, puis elle a lancé un programme de sensibilisation et d’accompagnement pour un meilleur usage des bandes riveraines. Ce programme vise autant les particuliers que les commerçants, les industriels et les agriculteurs en bordure de la rivière.

Pourquoi tant d’efforts sur les bandes riveraines? « Parce que c’est une zone tampon qui permet de retenir l’eau et les éléments nutritifs dans le sol, ce qui préserve la qualité des eaux de surface », répond Julie Grenier. Pour être pleinement efficaces, les bandes doivent être composées de divers végétaux, arbres et arbustes. Leurs racines retiennent la terre, ce qui prévient l’érosion des berges, l’affaissement des talus et le détachement de parcelles de terrain, tout en réduisant le risque d’inondation. En prime, la végétalisation des bandes riveraines favorise la biodiversité en offrant un habitat adéquat à la faune terrestre et aquatique.

rivière saint-germain avant
Les berges de la RSG avant... © Cogesaf
rivière saint-germain après
... et après! © Cogesaf

Tout le monde dans le champ!

En milieu agricole, l’enjeu tient à la largeur des bandes riveraines à protéger, réduite à trois mètres en raison de la présence de végétaux qui sont censés contribuer à protéger les berges de l’érosion. Des chercheurs de l’Université du Québec à Montréal ont cependant conclu que les bandes protectrices ne sont pas suffisamment larges pour atteindre cet objectif.

Comme si ce n’était pas assez, l’escouade pour le sauvetage de la RSG a constaté que certains des 240 agriculteurs à proximité de la rivière ne respectaient pas la réglementation. « Ils cherchent des rendements agricoles, alors ils ont tendance à cultiver le plus de pieds carrés possible, indique Roger Leblanc. De là est venue l’idée de piqueter les bandes riveraines. » Un programme de piquetage a ainsi été lancé en 2017. Depuis, 34 kilomètres de bandes riveraines ont été piquetées.

Les chiffres officiels ne sont pas encore sortis, mais la Ville estime qu’environ 50 % des agriculteurs respectent désormais les bandes piquetées. Histoire de les inciter à en faire plus, le COGESAF et le CRECQ ont réalisé des aménagements en collaboration avec les élèves de l’école secondaire Jean-Raimbault, à Drummondville, qui participent à l’Opération PAJE. Quelque 1500 arbustes et 50 arbres ont ainsi été plantés sur les terres de quatre fermiers, aux abords de la RSG. Ces sites sont devenus des vitrines pour les autres agriculteurs.

Du gagnant-gagnant

rivière saint-germain
Journée berges ouvertes avec les agriculteurs riverains de la RSG. © Cogesaf

Parce qu’elle assure à la fois la santé de la rivière et la pérennité des terres agricoles, la bande riveraine élargie et aménagée est une solution gagnant-gagnant, considère Julie Grenier. « C’est sûr que les agriculteurs doivent condamner une partie de leur terrain pour aménager la bande riveraine. Mais s’ils ne le font pas, ils vont continuer de perdre leur terre arable année après année », rappelle-t-elle.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les quatre fermiers, dont André Pétrin, qui cultive du maïs et du soya à Wickham, ont accepté de devenir des modèles pour leurs voisins. « J’avais remarqué sur ma terre que les berges de la rivière s’érodaient, à part aux endroits où les arbres avaient poussé naturellement. C’est pour ça que j’ai embarqué dans le projet des bandes élargies. Je sais que ça prendra encore quelques années avant de voir des résultats, le temps que les arbres grandissent et que les racines fassent leur travail. Mais pour moi, c’était important de faire quelque chose tout de suite pour protéger ma terre de l’érosion. De toute façon, je ne pouvais plus la cultiver sur les berges. »

La preuve, encore une fois, que la nature fait bien les choses si on lui laisse le temps!

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