Dégustée en cornet ou à la cuillère, la crème glacée est un plaisir indéniable de l’été. Cependant, toutes les glaces ne se valent pas, certaines pèsent plus sur le climat que d’autres.
Depuis que je travaille chez Unpointcinq, je réfléchis constamment aux conséquences de mes choix de consommation sur le climat. Dernièrement, en faisant la file à la crèmerie, j’ai été jusqu’à me demander quelle crème glacée je devrais commander pour être une alliée du climat. La réponse n’est pas simple.
La crème de la crème
La majorité des gaz à effet de serre (GES) attribuables à la crème glacée proviennent des produits laitiers. Si bien que chez Ben & Jerry’s, entreprise basée au Vermont, non loin de la frontière québécoise, 53 % des émissions de GES sont liées aux produits laitiers. On peut expliquer ce bilan climatique par le processus de fabrication: cinq litres de lait cru sont nécessaires pour produire un litre de crème glacée. Il faut donc une grande quantité de lait pour faire notre délice de l’été.
La provenance du lait utilisé joue également sur l’empreinte climatique de notre cornet. Par exemple, au Québec, la production d’un kilogramme de lait émet 0,93 kilogramme d’équivalent CO2, alors que la moyenne mondiale est de 2,50 kilogrammes d’équivalent CO2. La crème glacée au lait québécois représente donc un choix plus judicieux pour le climat. Pour la trouver, recherchez le logo « Aliments du Québec » qui indique qu’au moins 85 % des ingrédients viennent du Québec.
Outre les ingrédients en tant que tels, l’empreinte carbone d’un pot de crème glacée varie aussi selon la composition du produit. « Une crème glacée de bonne qualité, artisanale par exemple, est plus riche et plus dense que la version qu’on retrouve à l’épicerie. Ceci s’explique par une stratégie des producteurs de crème glacée bon marché qui ajoutent de l’air dans leur pot », révèle Catherine Houssard, analyste au Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG). Même si elle est moins savoureuse, une crème glacée aérée contient donc moins de GES pour le même volume.
Plus vous gardez votre crème glacée longtemps au congélateur, plus ses émissions GES augmentent.
Le temps passé au congélo
J’admets qu’en commençant à potasser sur le sujet, je croyais que la réfrigération serait un facteur d’émissions important, juste après les produits laitiers. Étonnamment, elle affecte peu le climat. D’après une étude catalane sur les produits laitiers, la réfrigération du yogourt glacé ne représente que 4 % du total de l’empreinte carbone. « Toutefois, plus vous gardez votre crème glacée longtemps au congélateur, plus ses émissions GES augmentent », prévient Catherine Houssard. Je ne sais pas pour vous, mais il me semble que c’est une bonne excuse pour manger sa crème glacée rapidement après l’avoir achetée au lieu de la laisser cristalliser dans le congélateur pendant des mois!
Essayer les options végés
Si la popularité de la crème glacée ne se dément pas, celle de la version végétalienne a carrément explosé ces dernières années. J’avoue m’être laissé tenter quelques fois par des glaces véganes et j’ai été agréablement surprise par leur saveur et leur texture. Ces nouveaux produits à base de soya, d’avoine, d’amandes, de lait de coco ou de cajous sont désormais offerts à l’épicerie ou en crèmerie et ne contiennent aucun produit laitier.
« Globalement, les options végés émettent moins de GES que leur équivalent avec de la crème. Mais sachez qu’elles ne sont pas toutes égales : certaines sont un meilleur choix pour le climat que d’autres », nuance Catherine Houssard. Ce qui les distingue les unes des autres, c’est la source de gras végétal utilisé pour recréer l’onctuosité de la crème glacée.
Pour obtenir une belle texture, on ajoute à certains desserts glacés, végétaliens ou pas, de l’huile de palme et de l’huile de noix de coco. Or, celles-ci sont associées, entre autres, à la déforestation de territoires pour faire place aux fermes d’exploitation. Ce type de déforestation est si important qu’il représente jusqu’à la moitié de l’empreinte carbone de ces huiles.
Cornet ou coupe?
Une autre question qui m’a turlupinée en attendant ma crème molle (une énième cet été!) est de savoir s’il vaut mieux la commander dans un cornet ou une coupe en plastique. Il n’existe encore aucune donnée climatique là-dessus, mais on peut supposer que le cornet est une meilleure option, puisqu’il finit dans nos estomacs et non à la poubelle comme la coupe et la cuillère en plastique.
On achète quoi?
Quand j’ai demandé à Catherine Houssard quelle crème glacée choisir pour le climat, elle m’a répondu sans hésiter : il vaut mieux acheter un sorbet. L’avantage de ce dessert glacé est d’être composé d’eau, de sucre et de fruits. Donc pas de GES liés aux produits laitiers ou aux matières grasses.
Si, comme moi, vous ne pouvez pas vous imaginer un monde sans crème glacée bien onctueuse, mais que vous avez le climat à cœur, choisissez plutôt les crèmes glacées végés et les crèmes glacées faites au Québec avec du lait québécois.
Pour ma part, je vais couper la poire en deux cet été en dégustant les twists crème glacée molle et sorbet de ma crèmerie!