L’Auberge espagnole a toujours été pour moi un film mythique. La vie des personnages, mais aussi et surtout la beauté de la ville de Barcelone, toile de fond indissociable de la trame narrative du long-métrage, ont participé à ma fascination pour le film de Cédric Klapisch. Ce qui m’a surtout marqué, c’est que malgré le chaos qui régnait dans la vie de Xavier, son antihéros, la ville, elle, semblait bien organisée, bien pensée.
Quelques années plus tard, lors de mes études en géographie, j’apprenais au détour de mes lectures que celui qui pilota la renaissance de Barcelone à la fin du XIXe siècle n’était nul autre qu’Ildefons Cerdà, le père de l’urbanisme. L’impression générale d’organisation réfléchie de l’espace prenait ainsi tout son sens. Je faisais, en même temps, un lien direct entre mon attraction pour L’Auberge espagnole, un film qui marqua profondément ma vie de jeune adulte, et ma passion pour l’urbanisme.
Ce qu’il y a de fascinant avec cette discipline, c’est qu’on peut à peu près planifier tous les aspects du développement d’une ville : la localisation d’un nouveau lotissement résidentiel, sa densité et sa configuration, l’emplacement d’une école, d’un hôpital, d’une route, d’une piste cyclable et de voies réservées pour les autobus, etc. Un genre de SimCity grandeur nature, quoi.
Avec la crise climatique actuelle, on demande (les États, les scientifiques, les citoyens et la société civile) de plus en plus aux municipalités de prendre leurs responsabilités et de jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre les changements climatiques.
Les villes, par leurs compétences en urbanisme, ont le pouvoir de poser des actions qui participent, concrètement, à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et à l’adaptation de leur territoire aux conséquences des changements climatiques.
Elles peuvent développer des infrastructures de transport collectif et actif, créer des jardins d’eau dans les stationnements, encourager le verdissement des toitures, définir des marges de recul pour les résidences côtières, préserver et développer leur couvert forestier, etc. Les possibilités sont nombreuses et très diversifiées. Bref, les villes sont des actrices incontournables de la lutte contre les changements climatiques.
Certaines municipalités québécoises jouent déjà un rôle de premier ordre dans ce domaine. On peut citer la ville de Baie-Saint-Paul, qui a adopté son premier plan d’action pour le développement durable en 2005, la MRC de Portneuf, qui encourage ses municipalités à se chauffer à la biomasse forestière, et l’Arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, qui oblige l’installation d’un revêtement de toiture favorisant la réduction des îlots de chaleur.
Comme l’indiquent Isabelle Thomas et Antonio Da Cunha dans leur ouvrage La ville résiliente : Comment la construire, « l’avenir des villes dépendra de leur capacité à inventer des espaces urbains habitables, justes et résilients ». Le développement durable de nos municipalités passe donc par la lutte contre les changements climatiques. Plusieurs d’entre elles l’ont parfaitement compris et constituent des locomotives pour d’autres, encore hésitantes.
Ces municipalités sont inspirées et inspirantes, stimulées et stimulantes. Elles nous offrent une bonne bouffée d’optimisme, essentielle dans le contexte climatique actuel!