L’environnement n’a pas les budgets de publicité des fabricants automobiles ou des chaînes de restauration rapide. Dans une société de surcommunication, certains arrivent tout de même à tirer leur épingle du jeu et à attirer l’attention en communicant sur les enjeux climatiques. Voici cinq bons coups récents qui m’ont allumée.
Catégorie mouvement citoyen : Mères au front
Lundi 9 mars, je m’installe à mon bureau et, en l’espace d’une heure, je suis submergée par la déferlante (c’était heureusement avant la vague du coronavirus). Une lettre ouverte d’Anaïs Barbeau-Lavalette publiée dans La Presse et une autre de Laure Waridel dans Le Droit invitent à « s’ouvrir le cœur pour ne pas s’ouvrir les veines » en lançant le mouvement Mères au front. Vous me direz que c’est une histoire d’algorithme mais, ce matin-là, le mouvement grossit sous mes yeux à coups de partage par des mères écoanxieuses et déterminées.
Outre le fait qu’elle me touche la corde sensible, cette campagne est géniale par la clarté de son message, la crédibilité de ses porte-parole et la simplicité de ses outils de communication : logo évocateur, lettres ouvertes, page Web qui collecte les adresses courriel, décoration d’avatar et événement Facebook.
Catégorie OBNL : Flore fatale
J’aurais pu nommer cette catégorie « J’aurais aimé avoir l’idée ». La campagne Flore fatale, créée pro bono par l’agence Taxi Montréal pour WWF Canada (la section canadienne du Fonds mondial pour la nature), attire l’attention sur l’effet néfaste des plantes artificielles.
Sa pièce maîtresse : un bouquet de fleurs en plastique installé au Jardin botanique de Montréal à la fin de 2019. À la manière d’un herbier, le site Web et les visuels qui ont circulé sur les médias sociaux misent sur l’esthétisme et des messages punchés comme : « Elle peut survivre dans des environnements hostiles comme l’estomac d’un béluga. »
Catégorie entreprise : Oublie pas tes sacs
Avec le bannissement des sacs en plastique dans plusieurs municipalités du Québec, les campagnes de sensibilisation se multiplient et c’est difficile de se démarquer. IGA a définitivement relevé le défi en s’associant au groupe Bleu Jeans Bleu.
En résulte le parfait vers d’oreille : « Oublie pas tes sacs, oublie pas de pas oublier tes sacs. » En plus de rejoindre sa clientèle, la bannière profite de la visibilité du groupe pour atteindre un auditoire plus jeune. Et ça fonctionne : la vidéo, un simple karaoké, a récolté un demi-million de vues sur YouTube!
Catégorie médias : Prêts pour la décroissance?
Après un numéro sur les finances vertes, L’actualité se positionne une fois de plus avec son dossier sur la décroissance, accompagné d’un documentaire diffusé sur Télé-Québec en février.
Ils permettent de suivre la journaliste Catherine Dubé, qui mène à la fois une démarche personnelle et journalistique pour répondre à la question suivante : la décroissance est-elle la solution face à la crise climatique? À nous de nous faire une tête parmi les points de vue de militants, d’économistes, d’une sociologue, d’un membre du GIEC. Place à la démystification de ce concept qui s’oppose au développement durable!
Catégorie art engagé : La crise Wet’suwet’en en BD
L’illustratrice Chloloula ne devait pas s’attendre à ce que la publication d’un simple PDF libre de droit devienne aussi virale. Cette artiste engagée a mis son talent au service des Premières Nations en vulgarisant la crise entourant le peuple Wet’suwet’en et le projet Coastal GasLink. Les romans graphiques ont la cote présentement et, avouons-le, d’autres sujets d’actualité complexes mériteraient aussi leur bande dessinée!
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