Dossier spécial : L'art et la manière , partie 2

La Fondation Grantham pour l’art et l’environnement : une histoire d’engagement

la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement
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Les fondateurs de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement ©Amélie Cournoyer
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Retombées positives générales

Qui a dit que retraite devait rimer avec farniente? Michel Paradis et Bernard Landriault ont profité de la fin de leurs activités professionnelles pour mettre sur pied une fondation ayant pour mission de conscientiser la population aux enjeux environnementaux par le biais de l’art. Et ils travaillent (bénévolement) plus que jamais!

C’est au creux d’une forêt mixte typique du Centre-du-Québec, entourée de champs agricoles, que l’on peut trouver la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement. Le bâtiment qui abrite ses activités – une création du renommé architecte québécois Pierre Thibault – est assis sur le flanc d’une colline se jetant dans la rivière David. Le site est enchanteur, calme et discret. Tout comme les deux hommes à l’origine de cette réalisation.

Le bâtiment de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement
Le bâtiment de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement ©Amélie Cournoyer

Poser un geste social

Le premier travaillait dans le milieu des finances; le second en administration universitaire. Pendant 40 ans, Michel Paradis et Bernard Landriault, qui sont deux passionnés d’art, voyagent pour parfaire leurs connaissances en histoire de l’art et se constituer une importante collection rassemblant quelque 200 œuvres d’artistes contemporains et contemporaines de la province. Puis est venu le temps de la retraite dans les années 2010. « À ce moment, on s’est demandé : est-ce qu’on pourrait faire autre chose que de collectionner? Est-ce qu’on pourrait poser un geste social? C’est de là qu’est née l’idée de créer une fondation », se rappelle Bernard Landriault.

En 2014, le projet du couple est de faire construire une résidence pour artistes à un jet de pierre de leur domicile, également conçu par Pierre Thibault au début des années 2000. Afin de s’inscrire dans le lieu dans lequel il habite, le couple pense à allier art et environnement. « Habiter ici pendant une vingtaine d’années, ça change une vie, parce que nous sommes en contact direct avec la nature. On voit la rivière David dépérir d’année en année. Ça nous a sensibilisés aux enjeux environnementaux », confie Bernard Landriault.

Le duo consulte des spécialistes en arts de divers horizons afin de vérifier la viabilité de leur projet. « Certaines personnes nous ont déconseillé de choisir ce créneau excessivement pointu qu’est l’environnement, parce qu’on nous disait que ça nous fermerait des portes, que ça nous limiterait », soutient Michel Paradis. Les deux hommes décident tout de même d’aller de l’avant, et la Fondation Grantham est lancée en 2019. « La relation entre l’art et l’environnement est bien développée dans les pays anglophones, explique Michel Paradis. On avait envie de faire connaître cette relation au Québec et dans la francophonie. »

Réunir des gens qui partagent des valeurs

Rapidement, les activités de la Fondation se sont étendues : des résidences accompagnées de bourses sont accordées à des chercheurs et chercheuses qui s’intéressent à la question précise de l’art et de l’environnement, de même qu’aux architectes dont les travaux se mesurent aux défis environnementaux de notre temps. Des expositions sont organisées. Des médiations culturelles sont offertes aux groupes scolaires et aux gens du troisième âge. « On veut que les gens fassent part de leur point de vue sur l’environnement, ce qui les touche, ce qui les préoccupe, comment ils entrevoient l’avenir », commente Bernard Landriault.

C’est ainsi que la petite localité de Saint-Edmond-de-Grantham (qui ne compte même pas de dépanneur!) reçoit des artistes, des chercheurs et chercheuses, des architectes ainsi que des visiteurs et visiteuses des quatre coins du Québec. « On réunit des gens qui partagent des valeurs », souligne le duo. Chaque année, ce sont 2 000 personnes qui pénètrent dans la forêt centricoise pour découvrir la Fondation Grantham.

Le chargé de projets et artiste visuel Claudel Lauzière-Vanasse explique que certaines d’entre elles viennent pour les arts, d’autres pour les questions environnementales soulevées par les expositions sans nécessairement être des habituées des galeries et d’autres encore visitent les lieux parce qu’elles sont associées au milieu de l’architecture. « Tous ces gens arrivent ici et sont touchés par les autres axes : les gens des arts visuels par l’environnement et le bâtiment; les gens de l’architecture par les arts visuels. Ça fait un beau mélange », dit-il.

On lit tous les jours des articles qui abordent les problèmes environnementaux avec des statistiques, des chiffres. Ils sont effrayants, soit, mais l’artiste va amener un autre regard sur la problématique et toucher les gens différemment. Ça prend autre chose que des chiffres pour faire changer les choses.Michel Paradis, cofondateur de La Fondation Grantham pour l’art et l’environnement

La plus belle des retraites

Lorsqu’il a commencé à parler du projet de la Fondation Grantham il y a bientôt 10 ans, le couple était loin de se douter que celui-ci prendrait une telle ampleur. « On n’avait pas réalisé que ça se développerait aussi vite et aussi bien. C’est devenu un projet de vie », lance le duo, qui travaille de façon bénévole sept jours sur sept.

Michel Paradis tient toutefois à préciser : « Pour nous, ce n’est pas un simple projet de retraite. On veut que la Fondation subsiste bien au-delà de notre retraite. » Pour les aider dans leurs différentes activités, les deux hommes comptent actuellement sur un conseil d’administration et un comité scientifique, en plus d’une équipe de huit bénévoles ou membres du personnel à temps partiel.

Or, les idéateurs de la Fondation Grantham sont convaincus qu’un organisme de bienfaisance ne peut pas perdurer s’il n’est pas ancré dans son milieu. « L’ancrage régional est important et, pour avoir cet ancrage, il faut que la région participe, voit la valeur de notre projet. Au-delà de la MRC Drummond, qui a été la première à nous soutenir financièrement, il y a des entreprises, puis des citoyens et des citoyennes. Il reste du travail à faire pour les joindre », admet Michel Paradis.

La bibliothèque de La Fondation Grantham pour l’art et l’environnement
La bibliothèque ©Amélie Cournoyer

L’art qui change le monde

À la question sur le rôle de l’art dans la lutte contre les changements climatiques, le trio porte une vision commune. « On est toujours surpris de voir comment les artistes traduisent les préoccupations environnementales », résume Bernard Landriault.

Claudel Lauzière-Vanasse abonde dans le même sens : « L’art visuel est un langage particulier qui passe par le sensible. » Le chargé de projets prend l’exemple d’une exposition passée portant sur la financiarisation des terres agricoles. « C’est un sujet qui n’a rien de sexy a priori, mais les artistes en ont parlé avec un langage complètement différent, celui des arts visuels », rapporte-t-il. Cette exposition a été vue par des élèves du primaire et du secondaire dans le cadre du programme de médiation culturelle. « On a réussi à les intéresser et à en discuter. La magie est là : sans cette œuvre de Richard Ibghy et Marilou Lemmens, je ne pense pas que le sujet aurait touché autant les jeunes », poursuit-il.

Michel Paradis de conclure : « On lit tous les jours des articles qui abordent les problèmes environnementaux avec des statistiques, des chiffres. Ils sont effrayants, soit, mais l’artiste va amener un autre regard sur la problématique et toucher les gens différemment. Ça prend autre chose que des chiffres pour faire changer les choses. »

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