Enfin ! Le soleil nous réchauffe un peu la couenne de ses rayons bienfaisants. Après des mois d’encabanement à maugréer contre les bancs de neige et la froidure, la nature en éveil nous paraît salutaire.
L’environnement et la météo nous influencent, on le sait bien. On le sent dans nos tripes. On n’a qu’à penser au phénomène de dépression saisonnière ou à la baboune que l’on fait quand il pleut pendant quelques jours. Mais la nature peut aussi nous faire du bien. Des scientifiques ont commencé à quantifier la relation santé-environnement et à voir la santé non seulement comme une absence de maladie, mais aussi et surtout comme un état de bien-être physique, mental et social complet. Cette définition est d’ailleurs celle adoptée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
En 1984, Roger Ulrich a été le premier à publier des données sur les bienfaits de la nature dans la prestigieuse revue Science. Il a constaté qu’après une opération à la vésicule biliaire, les patient(e)s qui pouvaient voir des arbres par la fenêtre ont séjourné moins longtemps en post-opératoire, ont été évalué(e)s moins négativement par les infirmières et ont nécessité moins de doses d’analgésiques que les patient(e)s ayant une vue sur un mur de briques.
Des scientifiques ont aussi comparé l’état de santé de personnes vivant dans une « zone verte » à celui de gens vivant dans un quartier moins vert. Les résultats ? La santé physique et mentale des personnes bénéficiant de plus d’espaces verts dans un rayon de 3 km était bien meilleure. De quoi ajouter « abondance d’arbres foisonnants à proximité » dans vos critères de sélection de votre prochaine demeure, juste après « voisins pas trop bruyants ».
Autre fait intéressant : des études épidémiologiques ont révélé que les effets positifs de la nature sur la santé sont plus prononcés chez les personnes qui passent beaucoup de temps à la maison comme les femmes au foyer, les personnes âgées ou celles à faible revenu. Ça, ça veut dire que certaines inégalités liées au statut socio-économique peuvent être réduites grâce à l’accès à des espaces verts. On aime ça ! Il est alors question de justice environnementale.
Vous voyez la photo ci-dessous ? À gauche du boulevard central, au centre de l’image, c’est la ville de Mont-Royal, sur l’île de Montréal, et à droite, l’arrondissement de Parc-Extension. Deux réalités socio-environnementales complètement distinctes ! Les villes devraient davantage s’inspirer des principes de justice environnementale dans la planification de leur aménagement…
Même les neurosciences se mêlent de l’environnement ! Des techniques sophistiquées d’imagerie cérébrale ont montré que visionner des scènes de nature avec une végétation luxuriante a pour effet d’activer les régions du cerveau associées à la stabilité émotionnelle, à l’empathie et à l’amour. Les mêmes circuits sont activés quand une personne regarde des photos d’un être cher. Fascinant ! À l’inverse, regarder des scènes représentant des bâtiments urbains augmente de manière considérable l’activité de l’amygdale, une région du cerveau associée à la peur et au stress. Loin de moi ce béton que je ne saurais voir !
En psychologie de l’environnement, il est aussi question d’effet régénérateur de la nature. Après avoir travaillé durement ou avoir vécu un stress, notre cerveau est épuisé et manque de ressources pour accomplir de nouvelles tâches. Voir des paysages naturels rétablit notre capacité d’attention, améliore notre mémoire, atténue notre fatigue mentale et diminue notre stress (tel qu’on le perçoit de façon subjective ou tel que mesuré de façon objective par des indicateurs physiologiques comme notre rythme cardiaque, notre pression sanguine ou notre taux de cortisol). Ces bienfaits sont comparables à la méditation.
Même pas besoin de s’immerger dans la forêt sauvage pour ressentir ces bienfaits! Des expériences de micro-restauration sont possibles lors de brefs contacts avec la nature. Regarder par la fenêtre, ouvrir un livre, visionner une vidéo, admirer une peinture ou encore entendre des sons naturels suffirait donc. Sachant qu’au Canada, les employeurs estiment à 20 milliards de dollars par année les pertes causées par les maladies reliées au stress (principal motif de congé de maladie), il y a de quoi décorer nos bureaux de fleurs en pot !
Alors, vous attendez quoi ? Sortez! On a bien besoin de personnes moins stressées.
P.-S. – Ce billet a été écrit à l’extérieur, accompagnée du son des bruants, cardinals et mésanges, et de l’odeur du gazon humide après une courte averse.