On ne sauvera pas la planète en lançant des jurons évoquant l’Église, mais les barres Näak sont au cœur d’une révolution alimentaire susceptible de transformer complètement la consommation de protéines et le paysage agricole, ici comme ailleurs.
L’élevage de bétail est responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre sur la planète (FAO, 2013). Pour offrir une alternative à faible empreinte carbone, trois entrepreneurs de Montréal misent sur un insecte, le grillon, un produit de consommation beaucoup moins énergivore que le bœuf, le porc ou le poulet.
« Pour la même quantité de protéines, la farine de grillon produit 100 fois moins de gaz à effet de serre que les protéines de bœuf », lance d’emblée William, cofondateur de Näak. Et ce n’est pas tout. Les grillons consomment 2000 fois moins d’eau et 12 fois moins de nourriture, sans compter que la production se fait en élevage vertical, ce qui consomme très peu de terres, de ressources et d’énergie en comparaison avec n’importe quelle autre source de protéine, lance le jeune homme lors de l’Ultra Trail Harricana, un événement qui s’est déroulé en septembre dernier. Adeptes de triathlon, les entrepreneurs William Walcker, Minh Pham et Antoine Domergue ont décidé de miser sur la clientèle sportive pour mettre en marché leur produit. « C’est une clientèle qui est très sensible à nos arguments, car ce sont des gens qui sont proches de la nature. Pour eux, c’est important de consommer un produit en lien avec leurs valeurs », ajoute William.Un produit bourré d'énergie
Pour que les clients s’y retrouvent facilement, la liste d’ingrédients est simplifiée au maximum : poudre de grillons, dattes, chia, sirop d’érable, jus de pomme, cacao et beurre de tournesol. Les barres Näak sont disponibles en trois saveurs : Choco Orange (extrait naturel d’orange), Choco Banane (extrait naturel de banane), ou Coco Macadamia (noix de coco et noix de macadam).Un produit à faible consommation carbone, c’est bien, mais il doit aussi être efficace pour les sportifs. C’est pourquoi chaque barre contient 210 calories, 10 grammes de protéines, 30 grammes de glucides et 400 mg de sodium. « C’est une protéine de très haute qualité, très riche en minéraux et en vitamine B12 », souligne l’entrepreneur.
On retrouve 60 % de protéines complètes dans la poudre de grillon, soit 2 à 3 fois plus que dans le bœuf ou le poulet. Il y a aussi autant d’oméga 3 que dans le saumon, 1,6 fois plus de calcium que dans le lait et 2 fois plus de fer que dans les épinards, soulignent les entrepreneurs-athlètes.
Et en plus, c’est bon
En plus de mettre en lumière le volet performance de leur produit, les entrepreneurs se sont associés à Julien Schoenborn, nutritionniste et triathlonien, et à Louis-Philippe Breton, chef du restaurant le Pastaga, pour en assurer le plaisir gustatif.
C’est chez Entomo Farms, une ferme ontarienne qui accueille 100 millions de grillons sur une surface d’à peine 5 600 mètres carrés, que les jeunes entrepreneurs dans la vingtaine s’approvisionnent en grillons. Pour obtenir 100 grammes de protéines de grillons, il faut leur fournir 200 grammes d’aliments et un litre d’eau… contre 2,4 kg de fourrage et 2 200 litres d’eau pour les bovins! Un seul petit steak de bœuf de 100 grammes est ainsi à l’origine de près de 750 grammes de gaz à effet de serre… 100 fois plus que ce qui est nécessaire pour la production de la même quantité de grillons. Un autre point fort pour l’insecte : on peut consommer 80 % de son corps, alors que l’on ne consomme que 55 % du poulet et 40 % du bœuf.
Avec une image de marque forte et un nom qui fait sourire (Ta barre Näak), l’entreprise a réussi à se démarquer dans un marché de niche en pleine croissance au Québec et dans le reste du monde. D’ici 2050, la population mondiale aura bondi à 9 milliards d’habitants. La consommation d’insectes fait partie des solutions pour réduire notre empreinte carbone et Näak compte bien s’imposer sur ce marché en lançant de nouveaux produits faits à base de grillons au cours des prochains mois.